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15 anecdotes sur la mort de Louis XIV

Quand : 1 septembre 1715 - 1793

Le cénotaphe de Louis XIV, Saint-Denis | ©Guilhem Vellut / CC-BY
Château Louis XIV Château de Versailles

Même les dieux finissent par mourir !

Le 1er septembre 1715, au cœur du château de Versailles, le grand Louis vient de rendre l'âme.

Il avait 77 ans, plus tout à fait toutes ses dents, 72 ans de règne au compteur.

(Re)découvrez 15 anecdotes autour de sa mort !

1 - Louis XIV est mort à un âge record

Mourir à 77 ans, c’est un exploit pour l’époque. Surtout quand on a eu la santé de Louis XIV !

Outre sa célèbre fistule anale en 1686, dont la guérison a provoqué la liesse dans toute l’Europe, il a souffert de petite vérole à l'âge de 9 ans, puis de blennorragie, crises de gouttes, migraines, gravelle, coliques néphrétiques...

2 - Louis XIV est-il le roi de France ayant vécu le plus longtemps ?

Non ! Et cela s’est joué à un cheveu…

Disparu à 77 ans, le roi Soleil obtient la deuxième place, derrière Charles X, mort à 79 ans, en 1836.

En revanche, Louis gagne la palme du plus long règne, avec 72 ans et 110 jours !

3 - Les derniers jours de la vie du roi

Une douleur sciatique de retour de Marly

Nous voilà à l’été 1715, à Versailles.

Dans la moiteur orageuse de ce 9 août, de retour d'une chasse trépidante à Marly, c'est un Louis un brin patraque qui se plaint de « douleur sciatique du côté gauche. »

Bah, souffle Fagon, son médecin. Trois fois rien ! Il lui donne une purgation « qu’on prend par la bouche. »

Les oreillers de plumes

Oui, mais... le 13 août, le roi ne peut plus marcher.

Notez bien la date, c'est la dernière fois qu'il parait devant la Cour : il reçoit alors l’ambassadeur de Perse.

Le 14, sa jambe gauche a doublé de volume. Une douleur aiguë lui vrille toute la cuisse !

Fagon fait emmailloter le roi dans des « oreillers de plumes » : drôle d'idée, Louis sue toute la nuit !

Et personne ne semble remarquer cette petite tache noire, sur son pied...

Pendant plusieurs jours, on note une alternance de fièvres, de douleurs et de mieux-être.

Un bain de vin chaud

À partir du 24 août, la douleur ne fait que s’intensifier.

Les médecins se tâtent. Alors, sciatique ou pas ? Que nenni !

Il s'agit en fait d'une vilaine gangrène, contre laquelle ces messieurs ne peuvent rien.

Ils n'ont pas remarqué la tache noire sur le pied du roi... le début de gangrène !

Quid du traitement ? Il consiste à plonger la jambe infectée dans une bassine d’argent... remplie de vin aromatique brûlant.

La gangrène gagne du terrain

Le 26 août, la jambe du roi est si enflée que l'on doit pratiquer une incision.

Une horrible boucherie-charcuterie sur la guibolle sanguinolente d'un pauvre roi exsangue, qui serre des dents.

Tout ça pour constater... la gangrène. Elle ne fera que gagner du terrain, jusqu’à la fin. Grimper jusqu'en haut de la cuisse comme une immonde araignée.

On voit les os à travers la chair charcutée. Et, comble de l'horreur, le gros orteil s'est même détaché... Sans vous parler de l'odeur, ignoble, qui emplit la chambre.

La chandelle qui s'éteint

Louis finit par pousser son dernier souffle dans la chambre du Roi, à 8h30 du matin.

« Il a rendu l’âme sans effort, comme une chandelle qui s’éteint », rapportent les Mémoires du marquis de Dangeau.

Saint-Simon ajoute dans ses Mémoires :

« Le samedi 31 août, la nuit et la journée furent détestables. Il n’y eut que de rares et courts instants de connaissance. La gangrène avait gagné le genou et toute la cuisse. Vers onze heures du soir, on le trouva si mal qu’on lui dit les prières des agonisants. Il répéta plusieurs fois : « O mon Dieu, venez à mon aide, hâtez-vous de me secourir. » Ce furent ses dernières paroles. Toute la nuit fut sans connaissance, et une longue agonie, qui finit le dimanche 1er septembre 1715 à huit heures un quart du matin. »
Louis XIV bénissant son petit fils

Louis XIV bénissant son petit fils | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

4 - C’est le diabète qui a tué Louis XIV

Les symptômes

Alors ? Le diabète a-t-il vraiment eu la peau de Louis XIV ?

Tout montre qu'il a les symptômes classiques de la maladie :

  • amaigrissement extrême malgré une faim intense (« Il semblait, à voir son corps nu, qu’on lui avait fait fondre les chairs ») ;
  • gingivite (le roi a perdu ses dents à cause de cela) ;
  • atteinte des membres inférieurs, qui provoque la gangrène. Oui ! Avec le diabète, les artères se bouchent, du sucre recouvre les nerfs du pied en les rendant insensibles à la douleur. Une bête plaie au pied se transforme fatalement en plaie nécrosée, allant jusqu'à la gangrène.
  • la soif intense, typique. Le Journal de la santé du roi Louis XIV montre qu’il boit souvent, d’une façon déraisonnée, « beaucoup d’eau glacée additionnée d’un peu d’eau de fleur d’oranger. »

Conclusion ?

Alors, docteur ? Diagnostic ? Tout porte à croire à une gangrène d’origine diabétique ! L’autopsie signale :

« À l’extérieur tout le côté gauche nous parut gangrené depuis l’extrémité du pied jusqu’au sommet de la tête. La cuisse gauche dans l'intérieur s'est trouvée gangrenée aussi bien que les muscles du bas ventre et cette gangrène montait jusqu’à la gorge. »

5 - Des charlatans à la rescousse

Devant l'impuissance des médecins, les proches du roi finissent par admettre au chevet du roi le sieur Brun, de Marseille, qui prétend pouvoir guérir le roi avec son élixir « fait avec le corps d’un animal. »

Un remède qui pue atrocement, mais que l’on file tout de même au pauvre Louis, dilué dans du vin.

10 gouttes plus tard, on observe un mieux-être général.

Brun devient « l’ange envoyé du ciel pour guérir le Roi » ! Ces dames demandent même à ce que l’on vire tous les médecins de la ville !

Sauf que, quatre heures plus tard, la rechute repointe le bout de son museau.

Les médecins s'engueulent. On débat. On tergiverse. Avant de décider de continuer le traitement de Brun, à coup de gouttes toutes les 8 heures.

Mais quand on finit par changer le bandage qui entoure la jambe du roi, on remarque que la gangrène a gagné toute la cuisse. Brun est prié de quitter la cour…

Un autre charlatan venu de Calabre débarquera avec son remède à base de racines, mais sans plus de succès...

6 - Louis XIV et sa peur panique de la mort... à Saint-Germain-en-Laye !

Saint-Germain-en-Laye ? Le château où Louis naît en 1638 et où il passe une grande partie de sa vie !

Mais saviez-vous que la vue continuelle du clocher de la basilique Saint-Denis, qu’on aperçoit depuis le château, fichait une trouille monstrueuse au roi ?

Cette basilique qui serait un jour son tombeau...

On raconte même que c’est pour cette raison, qu’il finit par abandonner son Saint-Germain natal pour Versailles !

7 - Son neveu fait casser son testament

Vu que le futur roi (Louis XV) a seulement 5 ans, Louis XIV prévoit, dans son testament, de donner les rênes du royaume au duc du Maine.

Il s'agit du fils qu'il a eu avec sa maîtresse, la marquise de Montespan : il le nomme régent et précepteur du dauphin.

Mais le neveu de Louis XIV, Philippe d’Orléans, casse le testament dès le lendemain de la mort du roi, en grognant que les bâtards ne comptent pas.

Il se fait proclamer régent à la place du duc !

Chambre mortuaire de Louis XIV

Chambre mortuaire de Louis XIV | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

8 - Louis XIV se fait enterrer à trois endroits différents !

L'autopsie du corps du roi a lieu dès le lendemain de sa mort, dans l’antichambre de l’Oeil-de-Bœuf.

Sur quoi le corps embaumé se fait exposer dans le salon de Mercure, jusqu’au 9 août, pour le traditionnel défilé des hommages.

Vient ensuite la tripartition de la dépouille : une coutume médiévale qui sépare corps, cœur et entrailles, pour permettre l'embaumement et la répartition des organes dans différentes églises.

Ici, le cœur ira dans l’actuelle église Saint-Paul-Saint-Louis à Paris, les entrailles à Notre-Dame et le corps à Saint-Denis.

Si les deux premiers tombeaux ont disparu, celui de Saint-Denis existe encore : il s’agit en fait d’un cénotaphe de 1843, composé d’éléments disparates provenant d’églises détruites à la Révolution.

9 - Un cortège et des funérailles hors normes

Le 9 septembre, le convoi funèbre quitte Versailles pour la basilique Saint-Denis : le cercueil du roi y sera exposé 40 jours durant.

Plus de 1000 personnes accompagnent le cercueil, tiré par 8 chevaux caparaçonnés de noir.

Il y a 30 km entre Versailles et Saint-Denis : il faut 10 h pour les parcourir, car les chevaux marchent au pas !

Le cortège serait passé de nuit dans la plaine de Saint-Denis, pour ne pas exciter le peuple, bien trop content de la mort du tyran, raconte Augustin Cabanès dans ses Morts mystérieuses de l’Histoire :

« On y vendit des mets et des rafraîchissements. On y voyait le peuple danser, chanter, se livrer à une joie scandaleuse. »

Et les chansons satiriques de courir :

« Le grand Louis est trépassé / Et les médecins ont trouvé / De sang qu'il n'avait qu'une livre. / Hélas, que j'en suis étonné, / Car il nous avait bien sucés. »

Le 23 octobre 1715, enfin ! L’inhumation peut avoir lieu. Des funérailles hors du commun, qui durent près de 5 heures !

10 - Le jour où on a exhumé le corps de Louis XIV

Lundi 14 octobre 1793, 15 h pétantes.

Des révolutionnaires en furie viennent de violer la tombe de Louis XIV, à Saint-Denis.

Ils découvrent un corps momifié et plutôt bien conservé, mais avec la peau « noire comme de l’encre. »

Son corps, comme beaucoup d'autres, sera jeté comme un vulgaire sac de son, dans une fosse commune remplie de chaux vive.

Ce n'est pas fini !

Ils arrachent aussi du cercueil la plaque en cuivre sur laquelle le nom du défunt était gravé : une plaque retrouvée chez un chaudronnier de Saint-Denis... qui l’avait transformée en fond de casserole !

11 - Le cœur de Louis XIV fait un très bon pigment pour les peintres !

Le nom de ce pigment ? La mummie, composée des aromates extraits des corps embaumés, et mélangée à de l’huile.

On trouve cette anecdote mentionnée dans le Guide de Paris mystérieux des éditions Tchou...

En 1793, le Comité du Salut-Public charge l’architecte Petit-Radel d’aller détruire (Révolution oblige) les 45 cœurs des princes de la maison de France reposant au Val-de-Grâce.

Plus celui de Louis XIV, inhumé dans l’actuelle église parisienne Saint-Paul-Saint-Louis...

Deux peintres accompagnent l'architecte : Saint-Martin et Drolling. Qui n'ont d'yeux que pour cette mummie, si rare et si chère, qui donne aux peintures un glacis brunâtre du tonnerre.

Saint-Martin se procure le cœur de Louis XIV, mais n’utilise qu’une partie de ce dernier et rend ce qu’il en reste...

Vous voulez admirer l'effet de ce glacis macabre ? Direction le musée des Beaux-Arts de Strasbourg, avec la toile Intérieur d’une cuisine, de Drolling !

12 - Des derniers mots restés célèbres

Peu avant de rendre l'âme, Louis XIV murmure au dauphin, son arrière-petit-fils âgé de 5 ans (le futur Louis XV) : « Pourquoi pleurez-vous ? Est-ce que vous m'avez cru immortel ? »

Avant de prononcer son célébrissime discours : « Vous allez être le plus grand roi du monde. N'oubliez jamais les obligations que vous avez à Dieu... »

À Mme de Maintenon, sa dernière épouse, il confie : « Je m'imaginais qu'il était plus difficile de mourir que cela. »

13 - Et Mme de Maintenon, son épouse ?

Oui, tiens ! Et Mme de Maintenon, la fidèle épouse qui accompagne les vieux jours du roi ? L'épouse légitime, la presque reine ?

Elle est présente à tous les instants.

Le 28 août, Louis déclare à Mme de Maintenon, avec tendresse, que « ce qui le console de la quitter était l’espérance, à l’âge où elle était, qu’ils se rejoindraient bientôt. »

La dame quant à elle « partit de Versailles avant la mort du roi, parce qu’elle appréhendait extrêmement de ne pas être maîtresse d’elle dans ce triste évènement. » (Mémoires de Mlle d’Aumale)

Elle finit par s’enfermer dans le pensionnat de jeunes filles qu'elle avait fondé à Saint-Cyr, dans le deuil et le silence. La solitude, surtout.

Elle n’en ressortira plus jamais, pendant les 4 ans qu’il lui reste à vivre, se vouant à ses jeunes protégées et sa nièce, Mme de Caylus.

La chambre du trépas de Louis XIV

La chambre du trépas de Louis XIV | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

14 - « Messieurs, le roi est mort »

Toute l’Europe porte le deuil du roi Soleil. On donne même des messes à sa mémoire à Jérusalem et Mexico !

Tenez, prenez Frédéric-Guillaume Ier de Prusse : lui se contente de dire à sa cour, sans préciser de nom : « Messieurs, le roi est mort. »

Hé bien, tous ont compris qu’il ne pouvait s’agir que du roi de France, le premier roi d’Europe, LE roi par excellence !

15 - Le violet, la couleur du deuil

Le futur Louis XV porte le deuil de son aïeul pendant un an, en violet : couleur sacrée qui lui est réservée.

Un deuil divisé en deux temps : le grand deuil et le petit deuil.

Si le futur roi porte le violet, les courtisans doivent eux s'habiller de noir.

Sources

  • Augustin Cabanès. Les morts mystérieuses de l'Histoire. 1923.
  • Auguste Corlieu. La mort des rois de France depuis François 1er jusqu'à la Révolution française : études médicales et historiques. 1873.
  • J. A. Le Roi. Journal de la santé du roi Louis XIV de l'année 1647 à 1711. 1862.
  • Jacques Delbauwe. De quoi sont-ils vraiment morts ? Éditions Pygmalion, 2013.
  • Lucien Bely. Dictionnaire Louis XIV. Robert Laffont, 2015.
  • Georges d'Heilly. Extraction des cercueils royaux à Saint-Denis en 1793. 1868.
  • Grand dictionnaire universel du 19e siècle (tome 7). Larousse, 1870.
  • Centre des monuments nationaux. Article en ligne Le dernier voyage de Louis XIV sur le site officiel de l’exposition Le roi est mort. Château de Versailles (oct. 2015-fév. 2016).
  • Ernest Moret. Quinze ans du règne de Louis XIV. 1859.
  • Marquis de Dangeau. Mémoire sur la mort de Louis XIV. 1858.
  • Daniel Appriou. Ces mots de tous les jours qui nous viennent de l'Histoire. Éditions Acropole, 2009.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !