This website requires JavaScript.

Une histoire de coeurs et de mumie au Val-de-Grâce

Quand : 1662 - 1793

Eglise du Val-de-Grâce | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Église paroissiale Lieu de sépulture Église du Val-de-Grâce de Paris

45 organes royaux !

Dès 1662, l’église du Val-de-Grâce abrite de belles reliques, dans la chapelle Sainte-Anne : 45 cœurs de princes et princesses de France.

Dont celui d’Anne d’Autriche, bien sûr, la fondatrice du lieu, mais aussi ceux de :

  • Henriette d’Angleterre (« Madame se meurt, madame est morte », vous savez ?) ;
  • la reine de France Marie-Thérèse d’Autriche, épouse de Louis XIV ;
  • l’épouse du Grand-Dauphin, Marie-Anne-Victoire de Bavière ;
  • Anne-Marie-Louise d’Orléans, fille de Gaston d’Orléans et nièce de Louis XIV (la Grande Mademoiselle) ;
  • Philippe Ier d’Orléans, frère de Louis XIV ;
  • Marie-Adélaïde de Savoie, épouse du petit-fils de Louis XIV, le duc de Bourgogne ;
  • le dernier a été celui du fils aîné de Louis XVI, mort en 1789.

Un glacis... macabre

Des cœurs embaumés, enfermés dans une boîte de plomb, elle-même incluse dans un écrin en émail.

Bien sûr, en 1793, les cœurs se font profaner. L’émail se fait envoyer à la Monnaie de Paris, pour y être fondu.

Et les cœurs ? Un certain Petit-Radel, un architecte chargé de la surveillance des destructions des monuments funéraires du Val-de-Grâce, avait donné rendez-vous ici à deux amis peintres : Saint-Martin et Martin Drolling.

Ce dernier avait tout particulièrement besoin de mumie ou momie.

Une mixture noire et nauséabonde, séchant très lentement, provenant de la matière s’écoulant... de corps embaumés avec de la myrrhe, de l’encens et moult autres aromates.

La mumie donnait le plus beau des glacis ! Une mixture rare et donc très chère...

Les cœurs éparpillés

Alors, quand les peintres voient tous ces cœurs devant eux, ils les achètent.

Drolling en prend 11, sur quoi il « les emporta à son atelier et les mit en tubes » avant de les utiliser pour ses toiles.

Saint-Martin en prend seulement deux, ceux de Louis XIII et de Louis XIV, qui ensuite, ont été déposés dans l’église Saint-Paul du Marais.

Entre-temps, un certain Philippe-Henri Schunck avait acheté la plaque en cuivre qui se trouvait gravée sur l'urne ayant contenu le cœur de Louis XIV.

Il enquête à la recherche de l’organe royal et tombe sur Saint-Martin, qui accepte de rendre le cœur de Louis XIV mutilé, en demandant qu’on le rembourse.

Surprise !

Donc, surprise ! On peut voir les restes de ces cœurs, dans les tableaux de Drolling : ils se trouvent notamment utilisés dans une peinture exposée au Louvre : Intérieur d'une cuisine (1815) !

Sources

  • François Caradec. Guide de Paris mystérieux. Éditions Tchou, 1975.
  • Louise Delapalme. Consultez-moi : histoire divertissante du Paris d'autrefois. 1960.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !