Voltaire croqué par Houdon

Assis, nu, habillé...

Vous la voyez, la statue de Voltaire assis, dans le foyer du public de la Comédie-Française ?

C’est un cadeau pour les acteurs, de la part de Mme Denis, la nièce du philosophe.

Elle avait fait sculpter une première statue par Jean-Baptiste Pigalle, en 1770 : un Voltaire nu, décharné, dans la vérité de ses 70 printemps.

Avec une tête modelée sur celle du célèbre philosophe des Lumières, mais le corps d’un modèle.

Scandale ! Personne n'en voudra, la statue est bien trop réaliste !

Mme Denis commande une deuxième statue à Houdon, cette fois, en 1781 : c’est la statue que l’on voit aujourd’hui à la Comédie.

Un Voltaire assis, toujours vieillissant, mais... habillé.

Le nu, lui, se trouve aujourd’hui au musée du Louvre !

Voltaire par Houdon | ©LACMA / Public domain

L'Académie, la Comédie

Aaah, oui, mais cela n’a pas toujours été ainsi !

On lit dans les Œuvres de Jean-François de La Harpe (1820) que Mme Denis destine d'abord la statue de Houdon à l’Académie Française.

Un cadeau, en mémoire de son oncle disparu...

Mais entre temps, Mme Denis a fait un mariage avec un individu peu recommandable : les grosses têtes de l’Académie, qu’elle accueillait chez elle en mémoire de Voltaire, se mettent à la snober.

Pour se venger, elle récupère la statue et l’offre à la Comédie-Française.

Qui décide de la mettre dans le foyer...

Mais un acteur, Préville (le grand interprète de Molière qui déteste Voltaire), râle en disant que Voltaire n’a rien à faire là, et que le pauvre buste de Molière mériterait, lui, une meilleure place.

Il expose alors le buste de Molière en bonne place dans le foyer... et flanque Voltaire au garde-meuble !

Après bien des réclamations, la statue de Voltaire par Houdon réintégrera finalement sa place actuelle...

Source

• Grand dictionnaire universel du 19e siècle. Larousse, 1876.