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Un fantôme à Vaucelles ! La fondation légendaire de l'abbaye

Quand : 1131

L'abbaye | Ottaviani serge / Public domain
Abbaye Cistercien Abbaye de Vaucelles

Une sombre légende se mêle à l’Histoire de Vaucelles !

Une histoire qui commence en 1131, quand Hugues d'Oisy, châtelain de Cambrai, fait don de sa terre de Vaucelles aux moines de Cîteaux, pour y poser la première pierre de l'abbaye...

Le seigneur de Vaucelles

Hugues d’Oisy, seigneur de Crèvecoeur, régnait comme un petit roi sur le château de Vaucelles.

Ne le cherchez pas sur une carte, les moines ont construit l'abbaye dessus !

Alors, Hugues ? Imaginez deux secondes : un rude gaillard, pas toujours propre, la trogne rouge picrate, ridée comme une pomme blette, le cuir couvert par la poussière des chemins.

Justement, un jour qu’il trottait sur son énorme étalon boulonnais, flanqué de son écuyer (un gars crasseux et pervers), il tomba sur une jeune fille, au bord de la route.

Une rencontre, un chemin... le destin

La petiote s’en allait se faire bonne sœur au couvent.

Poussé par un démon invisible, Hugues lui barra la route de toute la masse de son bourrin et la scruta.

La jeune fille lui expliqua qu’elle se rendait à Cambrai, entrer au couvent.

Hé ! L’écuyer lui lança qu'elle avait encore bien du chemin à parcourir, pour atteindre Cambrai... qu’elle ferait bien mieux de passer la nuit chez son maître.

Elle ne risquait rien, bien sûr... La malheureuse accepta.

Malheureuse, oui ! Vous vous demandez pourquoi ?! Je vais vous le dire !

Nuit de cauchemar

Le château de Vaucelles n'a été que hurlements et plaintes atroces, cette nuit-là.

Une nuit noire comme l’encre.

Inutile de vous faire un dessin : les deux prédateurs avaient trouvé leur proie...

Et le lendemain, la jeune fille sortit du château. Mais entre quatre planches. Morte.

Frisson d'horreur !

Un an s'était écoulé. Sans remords, car de remords, Hugues d'Oisy n'en avait jamais !

Le temps était à la noce, au château de Vaucelles ! Hugues le soudard se mariait avec la délicate et pieuse Hildiarde de Fiennes.

Autant vous dire que le soir de la nuit de noces, Hugues se précipita dans la pénombre tiède du lit, où s’était assoupie sa femme.

Il trouva... des bras... étrangement glacés. Une bouche... gelée.

Un frisson d'horreur lui glaça le sang. Car à la lueur glauque d’une bougie, il se rendit compte qu'il ne venait pas d'effleurer la peau de sa femme... mais celle d'une morte !

Une morte qui avait, d’une main décharnée, relégué Hildiarde, terrifiée, au fond du lit !

Elle est revenue

La revenante souffla :

« – Hugues, c’est moi ta femme. J’ai perdu le salut de mon âme à cause de toi, me voilà ton épouse, à présent. »

Ouch. Le souvenir de cette nuit maudite frappa Hugues en pleine tête. La jeune fille sur la route de Cambrai... oui... C'était elle !

Et il fallait qu'il paie, maintenant.

Le fantôme ne disparut qu’avec la lueur grise de l’aube. Mais elle revint le lendemain, et tous les jours suivants, avec ses terribles mots et ses étreintes de mort.

Hugues avait beau déménager, elle le suivait. Pire, elle venait à chaque fois se glisser dans le lit conjugal.

Solution radicale

L'âme damnée de la pauvrette erra un moment, dans les draps d'Hugues d'Oisy.

Jusqu’à ce que l'histoire arrive aux oreilles de saint Bernard, l’abbé de Clairvaux.

Sévère, l'œil sombre, il ordonna une chose : qu'Hugues se consacre à la religion. Qu’il fasse vœu de silence et de chasteté.

Après ça, enfin, la hantise prendrait fin.

Et voilà comment Vaucelles fut fondée !

Hugues d'Oisy donna son château de Vaucelles pour y construire l’abbaye, et saint Bernard appela 12 moines pour s’en occuper.

La dame aux froids baisers ne revint jamais dans le lit d’Hugues, qui finit ses jours dans l’abbaye et s'y fit enterrer.

Attendez, siii ! La dame revenait, parfois ! Quand ?

Lorsque les moines de Vaucelles « manquaient au vœu de chasteté qu’ils avaient juré », les terrifiant avec ses baisers glacés...

Source

  • La légende s’appelle La Dame aux froids baisers. Henry Berthoud nous la raconte dans ses Chroniques et traditions surnaturelles de la Flandre (1834).

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !