Orage et bains de sang
Nous voilà devant Saint-Trémeur, ancienne collégiale construite en 1371 à l'emplacement d'une chapelle ou d'un prieuré du 12e siècle.
L'ensemble de l'église actuelle a été reconstruit entre 1880 et 1887, on a seulement laissé de l'édifice gothique le clocher-porche du milieu du 16e siècle...
Sa flèche de pierre primitive a disparu pendant un orage en 1575, même chose pour celle rétablie en 1725.
On ne la reconstruit jamais, c'est pourquoi on peut voir seulement 4 petits clochetons d'angle...
Le terrible brigand La Fontenelle assiège l'église en 1592 et s'y installe pour y cacher tout son butin.
Pour ça, il la fortifie carrément !
C'est aussi un excellent quartier général pour ses raids meurtriers à venir dans la région...
La légende de Trémeur
Le Barbe-Bleue breton
Si vous regardez au-dessus de l'entrée, vous verrez la statue d'un homme décapité... saint Trémeur !
Que lui est-il arrivé, à celui-là ?
Écoutez plutôt : dans le Dictionnaire hagiographique ou vie des saints et des bienheureux de l'abbé Pétin, on lit que Trémeur est le fils du comte Conomor et de sainte Tryphine.
Il est mort au milieu du 6e siècle. Parce qu'autrefois vivait à Carhaix le seigneur Conomor, un rustre cruel et violent, lieutenant du roi Childebert en Armorique.
Une vieille folle lui avait prédit qu'il serait assassiné par son fils, un jour.
Alors, pour ne prendre aucun risque, Conomor fait supprimer sa moitié !
Il prendra 5 femmes, qui subissent à chaque fois le même sort.
D'où le surnom donné au roi de « Barbe-Bleue breton » !
Le saint sans tête
Jusqu'à la 6e. Elle s’appelle Tryphine. La pauvre comprend vite ce qui l'attend et essaie de s'enfuir pour sauver sa peau.
Mais Conomor la rattrape et lui coupe la tête...
C'est une Tryphine sans tête qui se relève et va ramasser son chef.
Elle court se cacher un moment dans une grotte, le temps de mettre son fils au monde. Il s'appelle Trémeur...
Du breton trec'h, « victoire » et meur, « grand » !
Malheureusement pour eux, Conomor n'a rien lâché : il ne tarde pas à les retrouver.
Trémeur... son fils... il aura la tête coupée ! Le futur saint récupère lui aussi sa tête et va la déposer sur la tombe de sa mère.
Cette légende, le poète Leconte de Lisle en parle dans ses Poèmes barbares, dans un texte intitulé Le jugement de Komor.