Foulques Nerra, le faucon noir bâtisseur, a essaimé donjons carrés et châteaux un peu partout sur ses terres d’Anjou, de Touraine et de Poitou.
Entre légendes, mythes et mystères, voilà sa petite biographie écrite avec sang, feu et larmes, l'histoire d’un comte sanguinaire et territorial !
SOMMAIRE
1 - Foulques Nerra : maudit faucon !
2 - Les constructions de Foulques
Foulques Nerra : maudit faucon !
Dans la petite expo permanente de la Chancellerie, à Loches, une citation d'Edmond Gauthier dans son Histoire du donjon de Loches attire le regard. Pour cause !
Elle dit de Foulques Nerra :
« Tour à tour soldat intrépide, meurtrier de ses proches, hypocrite et dévot, violateur de monastères, constructeur d'églises pèlerin austère et repenti, il personnifie toutes les grandeurs et tous les vices de son temps. »
Ca donne le ton...
Foulques, âme et peau noires
Foulques, « comte d'Anjou par la grâce de Dieu », né vers 972, porte bien son surnom de Nerra, le noir : il a le teint sombre, les cheveux et les yeux noirs.
Son père s'appelle Geoffroy Grisegonelle (« manteau gris »), son grand-père le Bon. Foulques, c'est le Noir, et plus que pour son physique, le surnom colle à la perfection avec son âme...
Il succède à son père à l'âge de 15 ans. Et le paternel a été généreux : il lui lègue son beau comté d’Anjou : Beau domaine, mouais... pas assez grand à son goût !
Du coup, vas-y que je pille, que je tue, que j’assiège... Pour étendre son territoire, tous les moyens sont bons !
Mais il a deux ennemis : Eudes, le comte de Blois et de Tours et Conan, comte de Rennes. He, les deux aussi veulent un peu du gâteau. Foulques va les réduire à néant.
Et pour ça, il a tout son temps ! Un peu plus de 50 années de règne... Foulques va construire un rempart infranchissable de murailles et de tours : des donjons si hauts et si robustes qu'on n'avait jamais vu ça avant !
Ils ont pour noms Angers, Langeais, Montbazon, Montrichard, Château-Gontier, Durtal, Montrésor... et bien sûr Loches, le colossal monstre de pierre encore debout aujourd'hui !
Homme de guerre, fin stratège, c'est un démon assoiffé de sang, Foulques, mais aussi un chrétien qui a une frousse bleue de Dieu et de ses châtiments. Il va 4 fois à Jérusalem en pèlerinage. Pour sauver son âme aussi noire que ses cheveux...
On le comprend, vu ses actes !
Les femmes de Foulques
Brûlée vive : et d'une !
Il aura 2 femmes : la 1re s'appelle Elizabeth, la fille du comte Bouchard de Vendôme, morte par ses soins en 999.Ils ont eu une fille ensemble, mais Foulques croit dur comme fer qu'elle n'est pas de lui.
Alors il fait juger sa moitié (par des juges soigneusement choisis par ses soins) et la condamne à se faire brûler vive à Angers. Quelques jours après, un terrible incendie dévaste la ville...
La colère de Dieu ? Boudiou ! Du coup, Foulques fonce à Jérusalem. On sait que là-bas, les gens du coin lui demandent une somme exorbitante pour avoir le droit d'approcher le tombeau du Christ...
Il paye on imagine : le salut de son âme, ça n'a pas de prix ! Foulques rentre tout calmé en France et va même fonder l'abbaye de Beaulieu-lès-Loches.
Défenestrée : et de deux
Vient le tour de sa 2e femme : Hildegarde. La pauvre ne va pas connaître un sort plus enviable que la première... Ce fourbe de Foulques l'accuse d'adultère.
La dame, beaucoup plus âgée que son mari, s'offusque. Mais rien à faire. Hors de lui, Foulques se débarrasse du problème... et jetant sa femme par la fenêtre.
Le pipi impie
Il repart une autre fois pour Jérusalem pour le meurtre d'Hugues de Beauvais. Un baron, favori du roi Robert le Pieux, roi qui avait épousé la propre nièce de Foulques, Constance.
Le roi délaisse sa femme et semble préférer son baron. Alors Constance se tourne vers son oncle et lui demande de faire quelque chose. Foulques envoie alors des hommes assassiner Hugues sous les yeux du roi !
Celui-ci demande à l'évêque de faire excommunier Foulques, qui repart fissa à Jérusalem : on dit que là-bas, il pleure tellement que la roche du tombeau du Christ devint toute molle et qu'il put en détacher un morceau avec ses dents !
On dit aussi que les Turcs lui ordonnent de souiller le tombeau : oui, faire pipi dessus... Ca, Foulques ne peut pas. Là, ce serait l'Enfer direct ! Mais on l'oblige, sous peine de mort.
Alors, Foulques va confectionner une poche remplie de vin blanc, qu'il cache sous son manteau et dont il arrose la pierre...
Quelle vie !
Il fera même des misères à son propre fiston, l'obligeant à s'humilier une selle sur le dos. Du coup, retour à Jérusalem. La scène est épique !
Pour son dernier pèlerinage, il se fait attacher et emmener dans la ville sainte se faire fouetter par les habitants, en hurlant « Ayez pitié du traître et parjure Foulques Nerra... » Puis il retourne en France, direction Angers.
Dans sa litière, Foulques réfléchit. Fait le bilan de sa vie : toute la Touraine lui appartient... il l'a eue, à quel prix, mais il l'a eue ! En versant du sang, en provoquant les plus grandes boucheries du Moyen-Age...
Foulques ne reverra jamais Angers, la ville où il a fait le plus de fondations pieuses... Il meurt en juin 1040 à Metz, en chemin... On rapporte son corps à Loches puis dans son abbaye de Beaulieu... où son tombeau sera détruit à la Révolution.
Les constructions de Foulques
On lui doit un grand nombre de châteaux et de fondations religieuses, aujourd’hui encore debout ou disparus.
Foulques en région Centre
- Les châteaux/donjons de Langeais, Loches, Montbazon, Montrésor, Semblançay, l’abbaye de Beaulieu-lès-Loches (37)
- Montrichard (41)
- Villentrois (36)
Foulques en Poitou-Charentes
Loudun, Moncontour (86)