Scandale ! Le 29 mai 1913 a lieu la première du Sacre du Printemps, du compositeur russe Igor Stravinsky.
C’est l’émeute, au théâtre des Champs-Élysées… In-cro-yable !
Le (mas)sacre du Printemps
Sous-titré Tableaux de la Russie païenne en deux parties, ce ballet chorégraphié par le grand Vaslav Nijinski a été créé par les Ballets russes de Diaghilev.
L’histoire en deux mots ? Celle d’un rite païen : les vieux sages qui observent la danse à mort d’une jeune fille, qu’ils vont sacrifier pour obtenir les faveurs du dieu du printemps…
Le rythme ! Le rythme est l’élément central de cette œuvre.
Mais ledit rythme donne un chahut insupportable, pour beaucoup de spectateurs, qui dès les premières notes, quittent la salle, ulcérés.
Des insultes pleuvent, des huées montent et grossissent.
Ses détracteurs surnomment vite le ballet... « massacre du Printemps » !
La veille, pourtant, la générale s'était déroulée sans encombres, devant la presse parisienne...
Ulcéré, le compositeur russe quitte la salle.
Nijinski, debout sur une chaise, hurle ses indications aux danseurs qui ne l’entendent plus. Les électriciens reçoivent pour ordre d’allumer et d’éteindre les lumières pour tenter de calmer le public, hystérique !
Trépignements et hochements
La presse française est assassine !
Je vous laisse lire un extrait du quotidien Excelsior du 30 mai 1913, pour que vous jugiez par vous-même :
« La chorégraphie veut évoquer sans doute la barbarie des âges primitifs et les gestes rituels d'une sauvagerie superstitieuse : ce sont de petits trépignements, des hochements de tête, des frémissements mécaniques. […] Pour suggérer l'inharmonie d'un monde à demi-humain seulement, plongé encore dans la barbarie et presque dans l'animalité, M. Stravinsky a écrit une partition qui, presque d'un bout à l'autre, est délibérément discordante et ostensiblement cacophonique. Ce ne sont que frottements rugueux, rendus plus âpres par les sonorités dénaturées auxquelles M. Stravinsky demande ses effets de rudesse préhistorique. »
Conclusion
Quelques semaines plus tard, après le scandale des Champs-Élysées, Igor Stravinsky tombe gravement malade.
Il va passer 2 mois dans une maison de santé, près de Paris.
À Londres, le Sacre est joué en juillet 1913. Pas de scandale, pas un bruit dans la salle. Bon, pas de gloire non plus.
Il faut attendre avril 1914, pour voir le vrai triomphe du Sacre du Printemps et l’ovation délirante au compositeur !