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Strass-bourg : le père du faux diamant est alsacien !

Quand : 1700 - 1773

Strass, image d'illustration | ©Bru-nO / Pixabay
Inventeur et créateur Maison Maison de la famille Strass

Le nom de famille de ce joaillier strasbourgeois est devenu un nom commun... le strass !

Il a habité un temps la jolie maison du 23 quai des Bateliers.

On dirait des diamants !

Georg Friedrich Strass naît en 1700, non loin de Strasbourg.

Il est d’abord chimiste, puis il est fait « maître orfèvre-joaillier privilégié du roi », le 15 mai 1734 !

A-t-il inventé le strass (ou pierre du Rhin chez nos amis anglophones), qui porte son nom ? Ou a-t-il perfectionné une recette un poil plus ancienne ?

On n’en sait rien.

Dictionnaire critique de biographie et d’histoire mentionne le sieur d’Arce, qui, au milieu du 17e siècle, « a trouvé l’invention de contrefaire les diamants, émeraudes, topazes et rubis »...

En tous cas, création ou perfectionnement, Strass laisse son nom à ce verre riche en oxyde de plomb, coloré avec des oxydes métalliques, imitant à la perfection la pierre précieuse et tout particulièrement le diamant.

La pierre de Strass fait immédiatement un tabac monstrueux. Nobles, courtisans, bourgeois, on se l’arrache !

La revue du Mercure de France évoque bien cette mode, comme dans ce texte de juillet 1741 :

« Aussi, Milord, vous ressemblez un peu Aux diamants de Strass, ce fin manœuvre Qui pour du fin nous met du faux en œuvre ; Et qui pourrait duper les ignorants Qui ne font cas que d’éclats apparents. »
La maison de Strass quai des Bateliers

La maison de Strass quai des Bateliers | ©Valentin F.R. / Flickr / CC0

La concurrence arrive

La pierre de Strass a pourtant un seul défaut : elle est peu solide.

Un orfèvre parisien, Chéron, trouve le moyen de solutionner le problème, en perfectionnant les techniques employées par Strass.

Il parvient à réaliser une pierre plus résistante et lui donne son nom.

Pendant tout le règne de Mme de Pompadour, rapporte le tome 11 de la Gazette des Beaux-Arts (1861), on ne jurait plus que par le chéron, comme on l’appelait... comme on appelait la pierre de notre Strasbourgeois strass.

Le Traité des pierres précieuses de Pouget rapporte :

« Le strass surtout eut une vogue si prodigieuse, que pendant quelque temps les femmes, qui le trouvaient à meilleur marché, ne portaient plus que ces pierres. Mais comme elles étaient si tendres, qu’au bout de quelques mois elles ne brillaient plus, lorsqu’elles s’en plaignaient, il répondait : Je travaille tous les jours à la dureté. Il y a si bien travaillé, qu’il ne vend plus que du diamant et est aujourd’hui un des plus riches joailliers de Paris. »

Mais on sait bien que seul le strass est passé à la postérité…

Détail de la maison

Détail de la maison | ©Ji-Elle / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Une enseigne parisienne

Strass, au sommet de sa gloire, finit par s’installer à Paris, quai des Orfèvres.

Son enseigne, gravée par Cochin, s’illustrait « d’une Vénus sur le bord de la mer, tenant du corail et des bijoux, accompagnée de tritons. »

Elle disait :

« STRASS, marchand joaillier du Roi, demeurant à Paris Quai des Orfèvres, avertit Messieurs les metteurs en œuvre de tout pays, provinces et nation, qu'il possède dans la dernière perfection le secret de bien faire les feuilles blanches comme aussi celles de toutes autres couleurs. Peint toutes sortes de pierres très avantageusement égales à celles d’Orient. Vend de la poudre d’or parfaite, et enverra à condition à quiconque souhaitera diamants et autres pierreries précieuses en oeuvre et hors d’œuvre, en gros et en détail, le tout à très juste prix. »

Strass se retire des affaires en 1752 et laisse sa charge de joaillier du roi à son gendre, Georges-Michel Bapst.

Il meurt en 1773 à Paris.

Deux mots sur la maison

On peut toujours voir la maison de la famille Strass, au numéro 23 du quai des Bateliers, à Strasbourg.

Plus précisément celle du frère de Georg Friedrich, Philip Jacob Strass : le joaillier y a vécu un temps.

Sources

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !