Saint-Etienne de Paulnay : sirènes, anges musiciens et calendrier médiéval
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Chrétiens de la Brenne
Des fouilles sur le parvis de l'église ont révélé une grande nécropole, dont les tombes sont comprises entre le pré-christianisme et la période médiévale.
Très tôt, ici, au fin fond de la Brenne, le christianisme avait réussi à percer !
Preuve en est aussi du nom de l'église, saint Étienne, martyr et premier évêque de Bourges !
Sirènes, viles tentatrices !
Ce qu'on remarque tout de suite, c'est bien le très beau portail roman : de style poitevin, on remarque les entrelacs et surtout les sirènes.
Des sirènes ? Oui, au Moyen-Age, elles symbolisent la luxure, le pêché.
Oouuh, les vilaines ! C'est pour ça qu'on les place sur le portail, comme message d'avertissement à celui qui va entrer dans l'église...
Sur les chapiteaux, des griffons, à moins que ce ne soient des aigles.
On rapproche ce portail de celui de l’abbatiale de Fontgombault. Peut-être le même artisan, qui sait ? La partie supérieure a été refaite vers la fin du XIXe s.

Le portail roman | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Les fresques
Avec ses fresques dont les plus anciennes remontent au XIIIe s, on a là un bel exemple d'art pictural roman brennou, avec les fresques de Plaincourault (36) !
Infernal !
Dès l'entrée, on remarque la fresque très abîmée du XVe s représentant l'Enfer.
Des démons poussent les malheureux pécheurs dans un grand feu.

Le calendrier | ©Daniel Jolivet / CC-BY
Travailler, qu'y disait
Ensuite vient le calendrier des mois (XIIIe s). On en a vu un semblable dans l'église de Brinay (18) ! On devine les travaux agricoles de l'année :
- février et son paysan qui se chauffe au coin du feu
- mars et la taille des vignes
- avril et l'apiculteur et ses abeilles qui volent autour de lui
- juin et le fauchage des foins
- septembre et les vendanges...
On voit les travaux du paysan, mais aussi les occupations de son seigneur !
En janvier, on le voit attablé pour faire un bon repas, en mai aussi où il chevauche, un faucon au poing...
Les couleurs utilisées sont très importantes : elles distinguent le seigneur du simple paysan...

Fresques du cul-de-four | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Lapidation et anges musiciens
Puis dans le cul-de-four, surprise : une fresque colorée (XIIIe s), très bien conservée ! Elle se compose de deux parties.
La première met en scène un Christ en majesté flanqué des symboles des 4 évangélistes : lion, aigle, ange et bœuf...
Aussi, le martyr de saint Étienne représenté en 4 scènes : le prêche du saint, sa dénonciation, sa condamnation pour blasphème et sa lapidation.
Ne pas oublier les deux grands anges musiciens. Ils sont beaux, vous ne trouvez pas ?
L'un joue du rebec (sorte de violon médiéval), l'autre de la cornemuse...
Ils sont annonciateurs du Jugement dernier... petit rappel de la fresque de l'Enfer, histoire d'en remettre une couche ?
Le panneau explicatif de l'église mentionne le fait qu'une église de Mayenne présente les mêmes peintures murales : on pense donc à un atelier itinérant qui serait venu ici, en Brenne...
Et vous, qu'en pensez-vous ? Connaissez-vous cette église de Mayenne ?
Sources
- Panneaux informatifs dans l'église.
- Jean Favière. Berry roman. 1976.