Chrétiens de la Brenne
Des fouilles sur le parvis de l'église ont révélé une grande nécropole, dont les tombes sont comprises entre le pré-christianisme et la période médiévale.
Très tôt, ici, au fin fond de la Brenne, le christianisme avait réussi à percer !
Preuve en est aussi du nom de l'église, saint Étienne : martyr et premier évêque de Bourges.
Sirènes, viles tentatrices !
Ce que l'on remarque tout de suite, c'est bien le très beau portail roman : de style poitevin, on remarque les entrelacs et surtout les sirènes.
Des sirènes ? Oui, au Moyen Âge, elles symbolisent la luxure, le pêché.
Oouuh, les vilaines ! C'est pour cela qu'on les place sur le portail, comme message d'avertissement à celui qui va entrer dans l'église...
Sur les chapiteaux, des griffons, à moins que ce ne soient des aigles.
On rapproche ce portail de celui de l’abbatiale de Fontgombault. Peut-être le même artisan, qui sait ? La partie supérieure a été refaite vers la fin du 19e siècle.
Les fresques
Avec ses fresques dont les plus anciennes remontent au 13e siècle, on a là un bel exemple d'art pictural roman brennou, avec les fresques de Plaincourault (36) !
Infernal !
Dès l'entrée, on remarque la fresque très abîmée du 15e siècle, représentant l'Enfer.
Des démons poussent les malheureux pécheurs dans un grand feu.
Travailler, qu'y disait
Ensuite vient le calendrier des mois (13e siècle). On en a vu un semblable dans l'église de Brinay (18) ! On devine les travaux agricoles de l'année :
- février et son paysan qui se chauffe au coin du feu ;
- mars et la taille des vignes ;
- avril et l'apiculteur et ses abeilles qui volent autour de lui ;
- juin et le fauchage des foins ;
- septembre et les vendanges...
On voit les travaux du paysan, mais aussi les occupations de son seigneur !
En janvier, on le voit attablé pour faire un bon repas, en mai aussi où il chevauche, un faucon au poing...
Les couleurs utilisées sont très importantes : elles distinguent le seigneur du simple paysan...
Lapidation et anges musiciens
Puis dans le cul-de-four, surprise : une fresque colorée (13e siècle), très bien conservée ! Elle se compose de deux parties.
La première met en scène un Christ en majesté flanqué des symboles des 4 évangélistes : lion, aigle, ange et bœuf...
Aussi, le martyr de saint Étienne représenté en 4 scènes : le prêche du saint, sa dénonciation, sa condamnation pour blasphème et sa lapidation.
Ne pas oublier les deux grands anges musiciens. Ils sont beaux, vous ne trouvez pas ?
L'un joue du rebec (sorte de violon médiéval), l'autre de la cornemuse...
Ils sont annonciateurs du Jugement dernier... petit rappel de la fresque de l'Enfer, histoire d'en remettre une couche ?
Le panneau explicatif de l'église mentionne le fait qu'une église de Mayenne présente les mêmes peintures murales : on pense donc à un atelier itinérant qui serait venu ici, en Brenne...
Et vous, qu'en pensez-vous ? Connaissez-vous cette église de Mayenne ?
Sources
- Panneaux informatifs dans l'église.
- Jean Favière. Berry roman. 1976.