La plus belle pièce de l'église Saint-Didier reste son retable du Portement de Croix.
Une pièce unique commandée par le bon roi René au sculpteur italien Francesco Laurana, en 1481.
Première œuvre française de la Renaissance, elle se trouvait initialement sur le maître-autel de l'église des Célestins d'Avignon.
Ce retable est un petit bijou d'émotion : la Vierge qui s'évanouit vaut au retable le nom de... Notre-Dame-du-Spasme !
La scène centrale figure Jésus et ses bourreaux d'un côté, la Vierge de l'autre avec ceux qui la soutiennent.
Au milieu, saint Jean.
À droite, Madeleine. On a cru reconnaître sainte Marthe, dans les traits de la jeune femme qui soutient Marie.
Sur les côtés se tiennent saint Pierre Célestin et saint Benoît.
En dessous, on lit l’inscription latine suivante (postérieure au retable ?) :
Siciludum régis hec sunt monimenta Renati. Jusserat hec quondam fieri que Karolus heres Rex pius absolvi voluit que marmora cernis. Tristia cum gemitu Christi spectacula cunclis Ad mortem liceat vobis spectare fidèles. Cogitur ecce piis humeris cesusque cruentus Fer[re cru]cem lassus qua criraina nostra ferantur Sacrilegasque nianus Judec gentis inique. Discite dura pati cunctosque subire labores. Discite Christi cole, memoresque estote dolorum Quos Deus ecce tulit. Sic vos licet esse beatos. Anno IIIV XPR MCCCCLXXXI
Ce qui veut dire en français :
Ici le monument du roi René, roi de Sicile. Il avait ordonné sa réalisation. Charles, son héritier, roi pieux, a fait terminer le marbre que vous voyez. Regardez, fidèles, le triste spectacle de Jésus allant vers sa mort au milieu des pleurs. Ensanglanté, fatigué, il porte sur ses épaules la croix pour que nos crimes soient effacés et subit les railleries de l'inique gent juive. Souffrez comme lui a souffert, apprenez de lui à supporter vos peines et souvenez-vous de ses douleurs à lui. Ainsi, vous pourrez entrer dans la béatitude. L'an de J.-C. 1481.
À la droite de l’inscription, l'écusson du roi René également réalisé de main de maître par Laurana...