Rosa Bonheur repose au Père-Lachaise
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Quand : 25 mai 1899
Qui es-tu, Rosa ?
Mais qui est Rosa Bonheur, qui rend son dernier souffle le 25 mai 1899, à 77 ans, dans sa maison-atelier de Thomery (77) ?
Peintre et sculptrice, spécialisée en animaux, elle est la première femme artiste à recevoir la Légion d’honneur, en 1865.
Célibataire toute sa vie, elle mène une existence libre à l’époque très guindée du Second Empire, où une femme ne doit rien faire de ses dix doigts.
Qui pour aller croquer chevaux et bovins dans les foires boueuses, doit obtenir un permis de travestissement pour enfiler des pantalons !
Elle a 20 ans, quand ses toiles commencent à s’arracher aux Etats-Unis.
Vous connaissez son tableau le plus célèbre, à Orsay, Le Labourage nivernais, mais aussi Le Marché aux chevaux, au Metropolitan Museum of Art de New-York.
Sans oublier le portrait de Buffalo Bill, qu’elle invite en personne à Thomery !

Le Marché aux chevaux (1852-55) | ©The Metropolitan Museum of Art / CC0
Une tombe pour trois
Rosa Bonheur repose au Père-Lachaise aux côtés de ses amies fidèles Nathalie Micas et Anna Klumpe, deux Américaines artistes-peintres, dans la concession de la famille Micas.
Les cendres d’Anna ont été ramenées des États-Unis en 1948, 6 ans après son décès.
Rosa désigne Anna comme sa légataire universelle : elle conservera intact l’atelier de l’artiste à Thomery et fondera le prix Rosa Bonheur en 1900, destiné à récompenser la peinture animalière.

La tombe | ©Pierre-Yves Beaudouin / Wikimedia Commons / CC BY-SA
Les funérailles de Rosa
Voyons ce que la presse de l'époque raconte sur l'enterrement de la grande peintre au Père-Lachaise...
La Liberté du 30/05/1899 :
« Les obsèques de Rosa Bonheur ont été célébrées hier dans la commune de Thomery. Toute la commune y assistait.
« Il était venu en outre de Paris quelques amis et admirateurs de l'illustre peintre.
« Le service a été célébré dans la petite église de Thomery. A midi, le corps a été transporté à la gare. De nombreuses couronnes de fleurs naturelles étaient déposées sur un char spécial. Il n'y a pas eu de discours.
« A Paris, les obsèques ont été célébrées avec la plus grande simplicité.
« A quatre heures, le corbillard de 3e classe, portant le corps de la grande artiste, a quitté la gare de Lyon et s'est dirigé vers le cimetière du Père-Lachaise, suivi des membres de la famille et de quelques notabilités artistiques et littéraires, parmi lesquelles MM. Jules Claretie, Bouguereau, Jean-Paul Laurens, etc.
« En avant du cortège, un char portait des couronnes offertes par la Société des artistes français, la ville de Bordeaux, Thoniery, les Arts décoratifs, l'Union des femmes peintres et sculpteurs, etc. »
Le Temps du 31/05/1899 :
« Le corbillard, drapé de blanc, disparaissait tout entier sous les fleurs offertes par les amis de la famille et les braves gens de Thomery, qui avaient voué à l'artiste, dont la charité fut inépuisable envers eux, une reconnaissante et tendre affection.
« Devant le char funèbre, un second char portait les couronnes envoyées par les sociétés dont l'artiste fit partie.
« L'affluence était déjà considérable à ce moment. Elle l'est devenue plus encore à partir de l'entrée dans le cimetière.
« Avertis par les journaux du matin de l'heure des funérailles, quantité de curieux s'étaient massés sous le portail et dans les allées adjacentes pour avoir leur part d'un spectacle qu'ils s'imaginaient devoir être grandiose. Leur attente a été trompée sur ce point.
« Dans ses dernières volontés, Rosa Bonheur avait exprimé le vœu formel qu'on ne lui rendit pas les honneurs militaires et qu'aucun discours ne fût prononcé sur sa tombe.
« Les curieux ne s'en sont pas moins mêlés au cortège. […] Cet enterrement sans pompe, sous un ciel en fête et radieux, devant une foule dont les sympathies allaient d'un commun élan vers la morte et remplaçaient avantageusement toutes les fleurs qu'eussent répandues des discours officiels, avait je ne sais quoi de touchant et de réconfortant tout ensemble.
« Et le vers de La Fontaine, d'instinct, montait aux lèvres : Rien ne trouble sa fin, c'est le soir d'un beau jour. »
Source
- Marie Borin. Rosa Bonheur, une artiste à l’aube du féminisme. Éditions Pygmalion, 2011.