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Qui est le duc de Lesdiguières, qui a laissé son nom à un hôtel particulier de Grenoble ?

Quand : 1543 - 1626

Duc de Lesdiguières | ©Rijksmuseum / CC0
Hôtel particulier Guerres de Religion François de Bonne de Lesdiguières Ancien Hôtel de Lesdiguières

Il connaît, au cours de sa longue vie, 7 rois successifs, de François Ier à Louis XIII !

De simple soldat, Lesdiguières franchit tous les échelons politique et militaire, appuyé par un Henri de Navarre qui l’estime beaucoup : il devient le tout dernier connétable de France, en 1622 !

À Grenoble, il fait construire un hôtel particulier et son jardin, commencé en 1602 et achevé par ses héritiers en 1650 !

Rien ne le prédestinait à une carrière militaire !

François de Bonne naît le 1er avril 1543 à Saint-Bonnet-en-Champsaur (Hautes-Alpes) : le fils d'un seigneur pauvre de toute petite noblesse, Jean de Bonne seigneur de Lesdiguières, et de Françoise de Castellane.

Il fait des études de magistrature à Avignon, épaulé par son oncle prieur : là-bas, il y devient protestant.

Mais à la mort de l'oncle, ses parents sont trop pauvres pour qu'il poursuive ses études de droit. Il ne sera pas avocat !

Lesdiguières entre dans l’armée royale, commençant tout en bas de l'échelle, comme simple archer.

Duc de Lesdiguières

Duc de Lesdiguières | ©Rijksmuseum / CC0

Un invaincu plein de ruses

En 1562, les protestants prennent les armes, en Dauphiné. Lesdiguières, la vingtaine, entre dans l'armée d'Antoine Rambaud, son cousin, en tant qu'enseigne de sa compagnie.

Il combat contre les catholiques jusqu'en 1590, pendant les guerres de Religion, avant de devenir chef des protestants du Champsaur.

Les combats l'emmènent dans les régions montagneuses de l'Isère et des Hautes-Alpes, dont il franchit les cols de nuit ou en plein hiver, avec une facilité déconcertante.

Il brille par son courage et sa rapidité au combat, s’illustrant par son adaptabilité et sa ruse : d’où son surnom de Renard du Dauphiné, par Charles-Emmanuel de Savoie !

Il s'est fait une spécialité des attaques surprises, de nuit !

Hôtel de Lesdiguières

Hôtel de Lesdiguières | ©Stephen Colebourne / Flickr / CC-BY

Si on ne doit retenir qu’une bataille...

« Toujours vainqueur, jamais vaincu », dit-on de lui !

Et sa plus célèbre bataille, sa plus belle victoire, c’est celle de la prise de la ville de Pontcharra, en 1591 : « un exploit digne de lui et de l'amitié que lui portait le roi », écrit Henri IV.

À Pontcharra en Isère, face à une armée ennemie bien supérieure en nombre, il se défend seul contre 6 cavaliers italiens, et les force à détaler, après avoir tué leur chef d’un coup d’épée bien placé dans la visière !

Le modernisateur de Grenoble

Henri IV le fait « commandant général pour le roi du Dauphiné. »

Il le charge de récupérer Grenoble, alors aux mains de la Ligue. Lesdiguières assiège la ville et la récupère au bout d'un mois de bombardements, le 23 décembre 1590.

À Grenoble, outre la construction de son hôtel particulier, on lui doit celle des remparts, entre 1591 et 1619 (notamment la Porte de France), l’aménagement des quais de l'Isère, l’embellissement de l'hôtel-de-ville, l’installation de fontaines... mais aussi la conception du pont de Claix (1607) sur le Drac, non loin de Grenoble.

L'une des Sept Merveilles du Dauphiné !

Grenoble : quais de l'Isère

Grenoble : quais de l'Isère | ©Stephen Colebourne / Flickr / CC-BY

Une carrière éclair

Finies les batailles ! Lesdiguières devient gouverneur de Grenoble, en 1591.

Le voilà qui s'occupe d’administrer les affaires de la cité iséroise et d'épauler le roi, dans ses décisions politiques.

Fonctions et titres prestigieux tombent pour lui par la suite :

  • conseiller d’État (1595) ;
  • maréchal de France (1609) ;
  • duc de Lesdiguières et pair de France (1611) ;
  • gouverneur du Dauphiné (1612) ;
  • connétable de France (1622).
Hôtel de Lesdiguières

Hôtel de Lesdiguières | ©Moto Itinerari / Flickr / CC-BY-SA

Le tout dernier connétable de France

Lesdiguières devient donc connétable de France en 1622. Il a alors 79 ans. Pour cela, il a dû se convertir au catholicisme.

Il est, en tous cas, le tout dernier de l'Histoire à occuper cette haute charge militaire, l'équivalent du chef suprême des armées de France.

Le tout premier a été Albéric de Montmorency, en 1060.

Citons parmi les plus célèbres connétables Bertrand du Guesclin, Olivier de Clisson ou encore Anne de Montmorency !

Lesdiguières (1609-1622)

Lesdiguières (1609-1622) | ©Ville de Grenoble - Musée de Grenoble / Domain public

Une fortune colossale

Considérablement riche, enrichi par les pillages des guerres, Lesdiguières a laissé de nombreux somptueux châteaux en Isère, notamment celui de Vizille.

La légende noire en fait un chef de guerre autoritaire jusque sur les chantiers de constructions de ses demeures : « Viendrez ou brûlerez », aurait-il lancé aux gens venus travailler pour lui…

« Je n'ai pas oublié les pauvres », confie-t-il toutefois, n’oubliant jamais ses origines modestes : il fonde les hôpitaux de Vizille et de Saint-Bonnet-en-Champsaur, sa ville natale.

Un mariage qui fait scandale !

Son 2e mariage, à l’âge de 73 ans, avec une femme de la petite bourgeoisie beaucoup plus jeune que lui, Marie Vignon, fait jaser !

Elle a perdu son premier mari dans des conditions douteuses, a déjà plusieurs enfants, il est son amant depuis plus de 15 ans… imaginez le scandale !

Lesdiguières (1626)

Lesdiguières (1626) | ©Musée dauphinois / Domain public

Un soldat increvable jusqu’au bout

2 ans avant sa mort, en 1624, Lesdiguières, 81 printemps, galope encore sur les champs de bataille !

Louis XIII et la reine en discutent d'ailleurs, amusés :

« ‒ Monsieur le connétable fait grande honte à la jeunesse d'aujourd'hui, de passer les monts couverts de neige, en la rigueur de l'hiver, et en l'âge où il est. »

« ‒ Ne vous étonnez pas, car il doit vivre 100 ans ! »

« ‒ Plut à Dieu qu'il en vécut 200, encore ne serait-ce pas assez pour le bien de ma couronne. »

Hôtel de Lesdiguières : détail

Hôtel de Lesdiguières : détail | ©Rémih / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

La mort d'un grand

Lesdiguières meurt le 28 septembre 1626 à Valence, dans la Drôme. Il a 83 ans.

Ses derniers mots ? Aux moines qu'il a fait venir à son chevet, et à qui il avait déjà donné 4000 écus. Ceux-ci lui promettent le paradis, s'il en donne 4000 de plus.

Lesdiguières soupire : « Voyez-vous, si je ne suis pas sauvé par 4000 écus, je ne le serai pas par 8000 ! »

Le mot de la fin !

La renommée de Lesdiguières dépassait largement les frontières françaises !

La reine Elizabeth Iere d'Angleterre dit un jour de lui : « S'il y avait deux Lesdiguières, j'en demanderai un au roi ! »

Sources

  • Anne-Marie Balenbois. Lesdiguières : dernier connétable de France. Article en ligne sur le site regardsprotestants.com. 29/04/2022.
  • Charles Dufayard. Le connétable de Lesdiguières. 1892.
  • Collectif. Nouvelle biographie générale (tome 30). Firmin-Didot, 1859.
  • Dossier de presse Lesdiguières : le prince oublié, dans le cadre de l'exposition présentée au Musée dauphinois du 21/10/2017 au 16/07/2018.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !