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Quand on « allait aux eaux » à Vichy : un traitement de cheval !

Quand : 1676

Source de la Grande-Grille | Perline / CC-BY-SA
Spécialité Mme de Sévigné

Humeurs froides et bouillon sans sel

On parle des pastilles, mais parlons aussi des eaux thermales de Vichy, connues depuis l'époque des Romains !

C'est au 17e siècle qu'on les remet au goût du jour. On va « aux eaux », comme on va à la mer !

Il y a Vichy oui, mais aussi Pougues-les-Eaux (58), Bourbon-l'Archambault (03), Forges-les-Eaux (76).

Mme de Sévigné vient à Vichy en 1676, pour tenter de soigner ses rhumatismes aux mains, accompagnée de deux chambrières, d'un laquais et de malles à gogo.

Oui, aller aux eaux, cela demande un sacré déménagement !

Son traitement ? Boire de l'eau (50 verres par jour pour les plus courageux) et prendre des bains.

Pourtant, on n'est pas vraiment d'accord sur le bénéfice des eaux de Vichy : un médecin les juge dangereuses, avec un goût « aigret. »

D'autres médecins les disent au contraire excellentes pour la santé !

En 1679, le médecin Claude Fouet publie un livre appelé Le secret des bains et eaux minérales de Vichy en Bourbonnais.

Pour lui, elles guérissent tout :

« Les tumeurs causées par les humeurs froides, les rhumatismes, les sciatiques, les gouttes froides. Elles fortifient le cerveau, préservent de l'apoplexie en faisant transpirer les humeurs froides. Elles guérissent des paralysies... les tremblements des membres et mouvements convulsifs... Elles sont les meilleures qui soient en France. »

Il recommande de régler l'heure du manger sur celle de la boisson :

« Si l'on prend les eaux à 6 h et qu'on a fini à 7, il faut prendre un bouillon sans sel 2 heures après le bain... Pour le dîner, on peut prendre moitié eau, moitié vin, bannir les ragoûts et les pâtisseries. »

À l'eau, la marquise !

Comme tous les curistes, Mme de Sévigné arrive en carrosse.

Elle se loge dans les nombreuses auberges que compte la ville.

Se trouvent alors 6 sources à Vichy : la source du Parc, la Grande Grille, la source Lucas, le Gros Boulet (source de l'hôpital), la Fontaine des Célestins proche du monastère du même nom, et la source Chomel.

Ce sont des eaux froides ou chaudes (entre 22°C et 43°C).

Mais revenons à Mme de Sévigné : elle décrit les douches comme une « assez bonne répétition du purgatoire. »

Elle les tient pendant une grosse demi-heure, stoïque !

Elle s'y rend (lettre du jeudi 28 mai 1676)

« toute nue, dans un petit lieu sous terre où l'on trouve un tuyau de cette eau chaude qu'une femme vous fait aller où vous voulez. Un jet d'eau contre quelqu’une de vos pauvres parties, toute la plus bouillante que vous puissiez imaginer. On met d'abord l’alarme partout, pour mettre en mouvement tous les esprits ; et puis on s'attache aux jointures qui ont été affligées. Mais quand on vient à la nuque, c'est une sorte de feu et de surprise qui ne se peut comprendre. Cependant, c'est là le nœud de l'affaire. Il faut tout souffrir et l'on souffre tout, et l'on n'est point brûlée, et l'on se met ensuite dans un lit chaud où l'on sue abondamment, et voilà qui guérit. »

Son médecin, pendant qu'elle transpire, lui lit des romans pour la divertir, caché derrière un rideau (lettre du 1er juin 1676) :

« Mes sueurs sont si extrêmes que je perce mes matelas. Je suis une heure sans ouvrir la bouche pendant laquelle la sueur commence. »

Après 8 jours de ce traitement, elle se dit guérie à vie !

« Plus de 20 pintes d'eau » sont sorties de son corps en une semaine.

Rentrée à Paris, elle recommande à tout le monde les « eaux salutaires de Vichy », qui l'ont bien « savonnée », à tel point qu'elle sent « n'avoir plus rien dans le corps. »

Comme ses mains ne sont pas encore guéries, elle retourne à Vichy un an après.

Avant elle, Catherine de Médicis, Henri III, Louis XIII (qui fait don à la ville de deux salles de douche) y ont leurs habitudes, tout comme Antoine d'Aquin, médecin du roi Louis XIV ou la duchesse de Luynes.

Au 18e siècle, au tour des filles de Louis XV, Adélaïde et Victoire. Napoléon III qui y vient souvent, transforme Vichy en ce que nous connaissons aujourd’hui.

Source

  • Antonin Jérôme Mallat. Vichy à travers les siècles. 1890.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !