Un hospice pour les Marseillais
L'hôpital a été fondé pour accueillir les pauvres gens et les mendiants de Marseille, très nombreux alors à errer dans les rues.
En 1639, le chanoine de la Major, Emmanuel Pachier, propose de faire construire un grand hôpital pour tous les pauvres Marseillais.
En même temps, des mesures sont prises, pour interdire la mendicité.
Peine perdue, les mendiants sont toujours aussi nombreux ! Cela ne peut pas durer... va pour l’hôpital !
Pachier reçoit donc l'autorisation de faire une quête, et récolte suffisamment de fonds, pour fonder son hôpital.
Il le fait construire sur la place de l'Observance, il sera dédié à Notre-Dame Mère de la Charité.
Louis XIV l'érige en hôpital général en 1687, et le prend sous sa protection 2 ans plus tard.
Une règle stricte
Les choses vont vite : en 1655, on accueille 300 personnes.
En 1687, le double ! Et en 1760... on compte plus d'un millier de gens.
Et attention, hôpital, d'accord, mais avec une règle stricte : on ne reçoit que les hommes, les femmes et les enfants de plus de 7 ans, originaires de Marseille ou y ayant vécu une dizaine d'années.
Les étrangers, on les chasse sans remords... sous peine, dit un édit de l'époque, de 8 jours de prison et du carcan !
S'ils sont repris, c'est le fouet pour les femmes et les enfants, la galère pour les hommes, pendant 3 ans !
Pour faire régner l'ordre, pas de souci, la machine est bien rodée : des « chasse-gueux », reconnaissables à leurs habits rouges aux armes du roi, arpentent les rues pour ramasser tous les pauvres hères qui y traînent ! Implacable...
On a d'ailleurs souvent reproché à la Charité de littéralement enfermer, parquer les pauvres gens de Marseille.
On recrute de futurs mousses
Mais une fois dans l’hôpital alors, que font-ils ?
Hé bien, une fois admis, tout ce petit monde travaille généralement à fabriquer de la soie, de la corde.
Les plus jeunes d'entre eux peuvent bénéficier de cours gratuits : l'école, quoi !
À la fin du 17e siècle, les capitaines de bateaux recrutent leurs mousses directement parmi les orphelins de l’hôpital, comme le veulent les nouveaux édits de la Marine.
Vous voyez, il y a du monde à passer, à la Charité !
La chapelle de Puget
Ce qui fait que l'on a dû souvent procéder à des agrandissements, en 1672, 1687, 1729.
L'architecte marseillais Pierre Puget, aidé de son frère Jean, s'est chargé de la construction de la chapelle et de sa coupole en 1679. Son fils François prend ensuite le relais.
Aah, la chapelle baroque, le chef-d'œuvre de l’hôpital, vous ne trouvez pas ?
Au milieu de la grande cour pavée (« caladée » comme on dit en Provence) et ses 3 étages d'arcades en pierre rose de la Couronne, elle trône là, majestueuse !
Construite entre 1678 et 1707, elle devait être beaucoup plus grande, mais finalement, seul le chœur a été aménagé. La façade date seulement de 1863.
À l'intérieur, on a deux chœurs : un réservé pour les femmes, l'autre pour les personnes âgées et les enfants...
Malheureusement, dès l'époque de la Révolution, les bâtiments tombent en ruine.
Ce n'est pas le mauvais état des finances de la Charité qui arrange les choses, même si depuis le début, elle n'a jamais été bien riche...
Les bâtiments sont vendus comme bien national et les pauvres gens chassés.
En 1905, on transforme l’hôpital en caserne, puis en 1922, on y loge des sans-abris.
Ils sont évacués en 1962, à cause du trop grand état de ruine du bâtiment.
Sources
- Article L'histoire de la Charité à Marseille. Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Marseille. Années 1874-1876.
- Collectif. Marseille à la fin de l'Ancien Régime. 1896.
- Augustin Fabre. Les rues de Marseille. 1867.
- Augustin Fabre. Histoire des hôpitaux et des institutions de bienfaisance de Marseille (tome 2). 1855.