Charles Perrault aux Tuileries ? L’auteur des célèbres Contes de ma mère l’oie (1667) ?
C’est grâce à lui que l'on peut se balader dans le jardin, aujourd’hui...
Cela n'a pas toujours été le cas pour tout le monde : ça a même parfois dégénéré !
L'affaire : Colbert V.S. Perrault
L'affaire commence juste après l'achèvement du jardin par Le Nôtre.
À l'époque, le parc est ouvert au public. Mais minute.
Vous voyez, ces deux silhouettes qui marchent d'un pas tranquille, vers l'entrée des Tuileries ?
Il s'agit de Colbert, le contrôleur des Finances de Louis XIV, et de Charles Perrault.
Le conteur, oui, qui travaille avec lui en tant que « contrôleur général des Bâtiments du roi. »
Colbert, un brin inquiet, lance à Charles :
« Allons aux Tuileries en condamner les portes. Il faut conserver ce jardin au roi, et ne le pas laisser ruiner par le peuple, qui en moins de rien l'aura gâté entièrement. »
Hem. Plus de péquenauds aux Tuileries ?
Charles tire une drôle de tête. « La résolution me parut bien fâcheuse pour tout Paris », écrit-il.
Il explique à ce rustre de Colbert que le « peuple » n'a jamais abîmé aucun jardin dans Paris, que l'on vient « parler affaires, de mariages et de toutes choses qui se traitent plus convenablement dans un jardin que dans une église. »
Cela se vérifie, quand Colbert demande aux jardiniers en charge des Tuileries, si la populace a l'habitude de tout saccager, en général.
Hé non ! « Ils se contentent de s'y promener et de regarder », répondent les employés municipaux. Colbert est sacrément mouché...
Restrictions... et main aux fesses !
Après réflexion, Colbert « ne parlât point de fermer l'entrée des Tuileries à qui que ce fut. »
Enfin… pas tout à fait : les laquais, les gens en haillons et les soldats sont interdits d’entrée, sous peine de prison !
Seuls les gens bien nippés pouvaient y entrer. Généreux oui, mais il y a des limites, non mais.
Du coup, les laquais ne sont pas contents, rentrent quand même aux Tuileries, insultent les hommes et agressent les femmes.
L’un d’eux, contre une bouteille, fait le pari qu’il peut soulever la robe de la première dame qui passerait par là... le gros sagouin en aura à peine le temps : on l’arrête et on l’envoie aux galères !
Voilà pourquoi depuis 1908, la statue du Tarnais Gabriel Pech décore les Quinconces des marronniers, près du Jeu de Paume : un groupe composé du buste de Perrault, d'un Chat Botté et de petits enfants !