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Pourquoi dit-on avoir un violon d’Ingres ?

Ingres | ©Rijksmuseum / CC0
Musée Expression française Musée Ingres Bourdelle

Montauban, la ville natale du peintre Ingres, est parfaite pour évoquer ensemble la célèbre expression française « avoir un violon d’Ingres » !

Le hobby d'Ingres

Si nous nous trouvons là à Montauban, c’est pour évoquer un enfant de la ville, Ingres.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, peintre néoclassique élève de David. Oh mais si, vous le connaissez : La Grande Odalisque, Le Bain turc, Portrait de Monsieur Bertin… c’est lui !

Hé bien voilà : tout peintre qu’il est, Ingres a un hobby. Une passion, un passe-temps, appelez cela comme vous voulez : le violon.

D'où l'expression « avoir un violon d’Ingres », qui aujourd’hui désigne, dit le dictionnaire Larousse, un « talent qu'une personne cultive en marge de son activité principale. »

Le violon de père en fils !

Ingres apprend le violon tout jeune, sous la houlette de son père, lui-même violoniste amateur. Il se produit dans des concerts privés tout jeunot.

Il est, à 20 ans, deuxième violon à l’orchestre de Toulouse ! Il le dit lui-même :

« Sans être musicien, mon père adorait la musique et chantait très bien avec sa voix de ténor. Il m’inculqua le goût de la musique et me fit apprendre à jouer du violon. J’y réussis assez bien pour être admis comme violon au Grand Théâtre de Toulouse où j’exécutai à l’orchestre un concerto de Viotti avec succès. »

Péjoratif !

L’expression, inventée par le journaliste et gendre de Théophile Gautier, Émile Bergerat, est au début péjorative.

Voilà ce que dit Victor Fournel dans Les artistes français contemporains (1884) :

« Dans les dernières années de la vie du maître, la petite presse, celle qui aime à rire et à conter sur les hommes illustres des confidences de valet de chambre, s’est beaucoup amusée de son violon et de ses ardeurs de virtuose. Le violon d’Ingres était passé en proverbe pour exprimer la manie qui pousse chaque homme à afficher surtout les prétentions les moins en rapport avec ses aptitudes. Mais le goût et même le talent du musicien comptaient parmi les héritages que lui avait légués cet artiste factotum qui fut son père. Le futur peintre de l'Apothéose d’Homère, à cette première époque de sa vie où il passait de la chapelle épiscopale de Montauban à l’orchestre du théâtre de Toulouse, put hésiter sur sa vocation certain soir, surtout qu'il avait excité les vifs applaudissements du parterre en exécutant un concerto de Viotti. Après Raphaël auquel il courait à l’âge de douze ans dès qu'il en voyait une copie, ses dieux étaient Gluck et Mozart, puis à un degré un peu inférieur Beethoven et Haydn. Il n’en parlait jamais sans une sorte de transport et il a même laissé une trace bien curieuse de la façon dont il associait dans un même culte des genres et des arts si divers. »

Saviez-vous que le violon d’Ingres existe bel et bien ?

Il se trouve au Musée Ingres de Montauban ! Un violon de petite taille : cela dit, Ingres n’était pas bien grand du tout (1,53m).

Le peintre l’a légué avec d’autres effets personnels à sa ville natale.

C’est un instrument du 18e siècle, « composite », c’est-à-dire constitué de parties issues de différents violons.

Sources

  • Claude Duneton, Sylvie Claval. Le Bouquet des expressions imagées. Robert Laffont, 2016.
  • Charles Blanc. Ingres, sa vie et ses ouvrages. 1870.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !