Pourquoi dit-on avoir un violon d’Ingres ?
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Montauban, la ville natale du peintre Ingres, est parfaite pour évoquer ensemble la célèbre expression française « avoir un violon d’Ingres » !
Le hobby d'Ingres
Si nous nous trouvons là à Montauban, c’est pour évoquer un enfant de la ville, Ingres.
Jean-Auguste-Dominique Ingres, peintre néoclassique élève de David. Oh mais si, vous le connaissez : La Grande Odalisque, Le Bain turc, Portrait de Monsieur Bertin… c’est lui !
Hé bien voilà : tout peintre qu’il est, Ingres a un hobby. Une passion, un passe-temps, appelez cela comme vous voulez : le violon.
D'où l'expression « avoir un violon d’Ingres », qui aujourd’hui désigne, dit le dictionnaire Larousse, un « talent qu'une personne cultive en marge de son activité principale ».
Le violon de père en fils !
Ingres apprend le violon tout jeune, sous la houlette de son père, lui-même violoniste amateur. Il se produit dans des concerts privés tout jeunot.
Il est, à 20 ans, deuxième violon à l’orchestre de Toulouse ! Il le dit lui-même :
« Sans être musicien, mon père adorait la musique et chantait très bien avec sa voix de ténor. Il m’inculqua le goût de la musique et me fit apprendre à jouer du violon. J’y réussis assez bien pour être admis comme violon au Grand Théâtre de Toulouse où j’exécutai à l’orchestre un concerto de Viotti avec succès. »
Ingres, sa vie et ses ouvrages (Charles Blanc, 1870)
Péjoratif !
L’expression, inventée par le journaliste et gendre de Théophile Gautier Émile Bergerat, est au début péjorative :
« Dans les dernières années de la vie du maître, la petite presse, celle qui aime à rire et à conter sur les hommes illustres des confidences de valet de chambre, s’est beaucoup amusée de son violon et de ses ardeurs de virtuose.
« Le violon d’Ingres était passé en proverbe pour exprimer la manie qui pousse chaque homme à afficher surtout les prétentions les moins en rapport avec ses aptitudes.
« Mais le goût et même le talent du musicien comptaient parmi les héritages que lui avait légués cet artiste factotum qui fut son père.
« Le futur peintre de l'Apothéose d’Homère, à cette première époque de sa vie où il passait de la chapelle épiscopale de Montauban à l’orchestre du théâtre de Toulouse, put hésiter sur sa vocation certain soir, surtout qu'il avait excité les vifs applaudissements du parterre en exécutant un concerto de Viotti.
« Après Raphaël auquel il courait à l’âge de douze ans dès qu'il en voyait une copie, ses dieux étaient Gluck et Mozart, puis à un degré un peu inférieur Beethoven et Haydn. Il n’en parlait jamais sans une sorte de transport et il a même laissé une trace bien curieuse de la façon dont il associait dans un même culte des genres et des arts si divers. »
(Les artistes français contemporains, Victor Fournel, 1884)
Saviez-vous que le violon d’Ingres existe bel et bien ?
Il se trouve au Musée Ingres de Montauban ! Un violon de petite taille : cela dit, Ingres n’était pas bien grand du tout (1,53m).
Le peintre l’a légué avec d’autres effets personnels à sa ville natale.
C’est un instrument du XVIIIe siècle, « composite », c’est-à-dire constitué de parties issues de différents violons.
Source
- Claude Duneton, Sylvie Claval. Le Bouquet des expressions imagées. Robert Laffont, 2016.