Bouillon
Sedan, c’est le fief de la vieille famille de La Marck, également comtes de Clèves et ducs de Bouillon.
On va rencontrer pas mal de personnages sympathiques, dans cette famille, vous allez voir...
Bouillon, à la base, c’est une petite ville de Belgique : la cité natale de Godefroy de Bouillon, l'un des chefs de la première croisade !
Il avait, avant de partir, vendu ce duché à l'évêque de Liège, qui lui-même le donna à la famille de La Marck.
Celle-ci le donne aux La Tour quand Charlotte de La Marck épouse Henri de la Tour-d'Auvergne, vicomte de Turenne...
Sanglier qui s'en dédie !
« Le sanglier des Ardennes » a servi de surnom à plusieurs membres La Marck.
On retrouve d'ailleurs le gros bestiau sur le blason de la ville de Sedan...
Brantôme explique l’origine de ce surnom dans sa Vie des grands capitaines français, au 16e siècle :
« C'était (Robert II, ndlr) un gentil et vaillant capitaine. On l'appelait au commencement le grand sanglier des Ardennes, pour l'amour de ses terres qui aboutissaient aux Ardennes. Et qu'il ravageait toutes les terres de l'empereur, et autres ses voisins, et y faisait de grands maux, ni plus ni moins qui sanglier qui ravage les blés et les vignes des pauvres et bonnes gens. »
La fille d’Agnès Sorel
Evrard de la Marck s’installe à Sedan en 1424 et commence l'édification d'une forteresse entre 1424 et 1470, travaux poursuivis par son fils Jean, nous livrant le château tel qu'on le voit aujourd'hui !
En 1549, une fois Sedan reconnue comme principauté indépendante par le roi Henri II, Robert IV de la Marck fait ajouter 4 bastions à son château.
Ce Robert IV épouse Françoise de Brézé, la fille de Diane de Poitiers et de Louis de Brézé !
Sacré pedigree : le papa de Françoise n'est autre que le petit-fils (en ligne illégitime) du roi Charles VII et de sa maîtresse, Agnès Sorel !
On se rappelle que son père à lui, Jacques, avait assassiné sa femme, après l'avoir surprise avec son amant, au château de Brissac...
En tous cas, c'est grâce à Diane qu’Henri gagne son bâton de maréchal en 1547, en intervenant auprès du roi Henri II.
Le mignon et ses soles
Voilà Charles-Robert de La Marck, mignon du roi Henri III.
Il aime les froufrous et les bijoux, Robert, mais c'est aussi un brave guerrier.
On lit dans La chronique de Champagne (vol. 3) d’Henri Fleury, que le roi Henri III se trouve à Vincennes en retraite avec ses mignons, où il fait un jeûne qu'il impose à tout le monde.
Oui, le roi fait pénitence. On s’habille en bure qui gratte, comme les moines, on se cloître dans des cellules.
Et ça, ça embête bien Robert, de ne pas se bâfrer.
Alors, le voilà qui file à Paris acheter deux grosses soles et de quoi faire une sauce.
Une fois rentré, il fait du feu, commence sa popote, tout content...
Mais le roi passe par là, manque de pot !
Celui-ci jette un coup d’œil par la serrure de la cellule et lance : « Oh, Robert, vilain, tu vas arrêter ta tambouille, oui ? »
Robert quitte ses fourneaux et dit au roi qu'il en a assez du jeûne et de la pénitence, qu'il va les dévorer, ses soles, se régaler même, et qu'après ça, il pourra être mis à la porte, si cela lui fait plaisir...
Cadeau de noces
Nuit de noces de folie !
Voilà les La Marck arrivés au cours du 16e siècle.
En 1591, un beau mariage se profile : celui de Charlotte de La Marck et d’Henri de La Tour-d'Auvergne.
La nuit même de son mariage, Henri décide de prendre la ville de Stenay dans le plus grand secret, avec 400 de ses hommes...
Une ville occupée par les Ligueurs, dont il compte bien rapporter les clés à son roi Henri IV !
Après tout, c'est bien lui qui lui avait fait rencontrer sa femme...
C’est bien, mais partir à la guerre la nuit de ses noces, bof bof !
Palma Cayet dit d’ailleurs qu'Henri « avait préféré ainsi l'honneur et la gloire à ses plaisirs particuliers »...
En tous cas, on imagine la frayeur de Charlotte, à l'attendre toute une nuit sans avoir aucune nouvelle...
Au petit matin, le roi tout étonné reçoit les clés des mains de La Tour-d’Auvergne, et lui dit :
« Que volontiers ferais-je de pareils mariages pour avoir de pareils cadeaux de noces ! »
Un an après, en 1592, il le faisait maréchal de France...
Le protestantisme à Sedan
C’est à l’époque d’Henri et de Charlotte, aussi, cédant au vent de la Réforme, que les La Marck se convertissent au protestantisme.
Henri, qui avait fait achever l'enceinte fortifiée de la ville et fait construire le « château du bas » sur les plans de l'architecte Salomon de Brosse, fonde aussi une Académie protestante, qui attire une foule nombreuse... jusqu'à sa fermeture en 1681.
Turenne, le génie militaire
Comme Charlotte meurt à 20 ans, Henri se remarie.
Elle s'appelle Élisabeth de Nassau et ils auront un fils en 1611 : Henri de La Tour-d'Auvergne, comme son père... le futur Turenne.
Le meilleur général de Louis XIII et XIV, un vrai génie militaire admiré par Napoléon en personne !