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Petite histoire et trésors de l'abbaye Saint-Étienne d'Aubazines

Quand : 1135 - 1965

Tombeau d'Etienne | MOSSOT / CC-BY-SA
Abbaye Cistercien Abbaye Saint-Étienne d'Aubazines

La fondation

Étienne dans sa cahute

1120. Un prêtre originaire de la région d'Argentat, Étienne de Vielzot, débarque au beau milieu de la Corrèze.

L'endroit, désert, ne le rebute pas plus que cela. Il se construit une petite cabane et vit de prières, dans la solitude la plus totale.

Sauf que bientôt, de nouveaux amis arrivent, avec dans l'idée de construire une abbaye !

Là va naître Aubazine, ou Obazine comme elle s'écrit d'abord... Étienne choisit de placer son monastère sous la règle de Cîteaux.

Et la communauté corrézienne grandit... sans compter qu’Étienne fait des miracles ! Il multiplie les pains par temps de famines, guérit les infirmes...

Des os nickels !

Étienne meurt le 8 mars 1159 à l'abbaye de Bonnaigue, non loin d'Aubazine. On le ramène en vitesse, suivi par une foule gigantesque, venue pour un dernier miracle...

On ouvre sa tombe en 1880, pour découvrir ses restes, intacts. Un miracle de plus ?

On les a mis dans une belle châsse et son superbe tombeau est encore là, après tout ce temps... C'est peut-être cela, le vrai prodige !

Mince, des femmes !

Mais savez-vous la meilleure ?

Parmi les compagnons venus prêter main forte à Étienne pour la construction du monastère, on compte des femmes.

Il faut leur construire leur abbaye : il s'agit de celle du Coiroux, toute proche d'Aubazine.

Jusqu'à la Révolution, les femmes allaient vivre sous la domination des hommes d'Aubazine : voilà l'origine du dicton « Qui a fille à Coiroux a gendre à Aubazine » !

On visite quoi ?

Du canal à Coco Chanel

L'abbaye, donc, a été fondée en 1135 par saint Étienne.

Aujourd'hui encore, on peut voir son église de style roman (la plus grande du Limousin à l'époque de sa construction), avec à l'intérieur le tombeau d’Étienne ; visiter les bâtiments conventuels avec la salle capitulaire, le cloître et son lavabo, la salle de lecture, la cuisine...

Le clou de la visite se passe à l'extérieur : voilà le « canal des moines. »

Vieux de 800 ans, ce sont les Cisterciens qui l'ont aménagé.

Ils ont capté le Coiroux pour le faire arriver près des cuisines, afin d'irriguer les jardins et d'alimenter les bassins destinés à la pisciculture. Ingénieux !

Vendue à l’État à la Révolution, l’abbaye devient un orphelinat de jeunes filles jusqu'en 1965 : saviez-vous que Coco Chanel en a été pensionnaire ?

Aujourd'hui, l’abbaye appartient à l'église grecque Melkite catholique.

Le tombeau de saint Étienne

Un vrai chef-d’œuvre ! Réalisé en calcaire, il date du milieu du 13e siècle.

On ne voit pas le gisant tout en bas, à première vue, caché sous le sarcophage, tant celui-ci est magnifique !

Il semble en forme de maison, un peu comme les châsses limousines en émail de la même époque !

On a une file de personnages menée par saint Étienne, qui avance à travers les arcades des deux côtés du sarcophage, vers la Vierge à l'Enfant, assise au bout.

On voit l'abbé à genoux, puis des moines à capuchons, d'autres en robes, des domestiques ensuite au bout de la file, avec des animaux.

Regardez un peu : le visage du gisant a bien été abîmé ! Savez-vous pourquoi ?

Parce que les pèlerins grattaient un peu de pierre pour s'en faire une décoction miracle, censée guérir tous les maux !

D'autres merveilles

Dans l'église, ne pas manquer non plus les stalles et leurs miséricordes du 18e siècle, ainsi que l'armoire liturgique en bois, considérée comme la plus ancienne de France !

Elle date du 12e siècle, 1175 plus précisément, ce qui en fait non seulement la plus vieille armoire, mais aussi le plus vieux meuble de France !

Elle a été faite en bois de chêne. Viollet-le-Duc et d'autres auteurs l'ont décrite. Elle mesure 2 m de haut, elle a deux vantaux.

Elle « était probablement peinte, car on remarque encore quelques parcelles de tons rouges entre les dents de scie de la corniche », écrit Viollet dans son Dictionnaire raisonné du mobilier, à l'article « armoire. »

Sources

  • Histoire de Brive-la-Gaillarde et de ses environs recueillie successivement par quatre citoyens de cette ville. 1879.
  • Articles de l'encyclopédie en ligne Wikipédia Abbaye d'Aubazine et Étienne d'Obazine.
  • Didier Chirat. Les petites histoires de l'Histoire de France. Larousse, 2018.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !