1 - Le légendaire saint Goustan
Une histoire de pirates, de naufrage, de poissons !
C’est celle de saint Goustan, qui a donné son nom au petit port breton !
Ça tombe bien, puisqu’il est le patron des marins et des pêcheurs.
2 - 1632 : le départ pour l’Acadie
Une plaque sur une maison du port de Saint-Goustan dit :
« 1er juillet 1632. Sur ordre du cardinal de Richelieu, le commandeur Isaac de Razilly, gouverneur de l’Acadie accompagné de Samuel de Champlain, Charles de Menou d’Aulnay et Nicolas Denys, quittèrent Auray à bord de l’Espérance de Dieu pour reconquérir Port-Royal en Acadie. »
L’Acadie… L’une des premières colonies françaises d’Amérique du Nord, à partir du moment où le sieur du Gua y posa le pied en 1605, en fondant Port-Royal.
Ravagée par les Anglais en 1613, la France la récupère en 1632.
C’est là que nos hommes, au nombre de 200 à 300, partent du port de Saint-Goustan, le 1er juillet 1632.
L’Acadie sera reprise par les Anglais, devenant Nouvelle-Écosse.
En 1755, les Anglais expulsent les 10 000 et quelques Français y vivant vers la Nouvelle-Angleterre : c'est le Grand Dérangement.
Et puis, le Canada deviendra anglais en 1763... définitivement !
3 - 1686 : l’ambassade de Siam
En 1686, les ambassadeurs du roi de Siam font escale à Saint-Goustan !
Le but de leur voyage ? Le château de Versailles, Louis XIV…
- Le roi de France veut se mettre le Siam dans la poche, pour lutter contre la puissante Hollande ;
- Le roi Phra Naraï (1657-1688), lui, cherche un allié en Europe.
Il y a déjà eu une première ambassade en 1684 ; puis, Louis XIV en envoie une en retour au Siam, en 1685. Elle revient en France en juin 1686.
L’ambassade débarque à Brest le 18 juin sur deux bateaux, L’Oiseau et La Maligne, avec à sa tête le ministre Kosa Pan.
Ils arrivent les bras (ou plutôt les cales) chargés de cadeaux, notamment :
« Comme petit souvenir, comme délicate et dernière attention, Phra Naraï voulut que l’ambassadeur emmenât deux jeunes éléphants, qualifiés par lui d’éléphants de poche, quoique le poids de chacun fut bien d’une demi-douzaine de bœufs. »
Le récit Voyage des ambassadeurs de Siam en France (Jean Donneau de Visé, 1686) rapporte le trajet : Brest, puis Landerneau, Chateaulin, Quimper.
Le 12, ils sont à Hennebont, où on leur offre un bal en leur honneur, puis Auray, où ils couchent.
Ensuite, Vannes, Muzillac, la Roche-Bernard, Nantes, Ancenis, où ils se baignent dans la rivière : les témoins racontent que le bain leur fait énormément plaisir, c'est une chose qu’ils font effectivement souvent chez eux. Lors de leur séjour en France, ils se lavent tous les jours après le repas !
Viennent Angers, Saumur, la Touraine, avant de remonter vers l’Île-de-France puis Versailles, le 1er septembre 1686.
Sur leur chemin, les gens sont très curieux, enthousiastes.
Tout ça pour qu’en 1688, Phra Naraï se fasse renverser et remplacer par un tyran, qui lui... s’allie avec la Hollande !
4 - 1776 : Benjamin Franklin à Auray !
Le célèbre Américain débarque à Saint-Goustan le 4 décembre 1776.
Son bateau, Le Reprisal, aurait dû le mener à Nantes : il doit faire escale à Auray à cause du vent !
Il passe la nuit au numéro 8 du quai qui porte depuis son nom.
Mais que faisait Benjamin Franklin en France ?
Il devait se rendre à Versailles, auprès de Louis XVI, demander de l’aide pour soutenir la révolution d’indépendance qui secouait son pays...
5 - 1815 : la bataille d’Auray et le port
Voyez-vous ce pont, qui traverse le Loc’h ? Dans sa forme actuelle, il date de 1752, restauré en 1982.
Nombre de cavaliers, de piétons ont foulé ces pavés… il a même été témoin de la bataille d’Auray, le 21 juin 1815 !
On est en pleine chouannerie de 1815, entre mai et juin : elle oppose les bonapartistes et les royalistes, en pleine période des Cent-Jours.
Les régions de l’Ouest de la France s’étaient très bien accommodées de la restauration de la monarchie, en 1814, après l’abdication de Napoléon Ier. Mais le retour de celui-ci de l’île d’Elbe chamboule tout !
Louis XVIII fait se soulever les départements de l’Ouest, Bretagne et Vendée en tête.
En attendant, nous voici au quartier de Saint-Goustan, tout près du pont...
« Les royalistes étaient donc presque cernés. Ils se préparèrent à une vigoureuse défense. Le pont de Saint-Goustan sur la route de Vannes était la principale clé de leur position ; ils y placèrent l’élite de leurs forces. »
On est le 20 juin. Le 21, au matin, l’attaque commence.
« Forcés d’abandonner la ville, les royalistes se retirèrent par le pont de Saint-Goustan, qui heureusement, était libre. Les écoliers, qui devaient la veille défendre ce pont pour empêcher les ennemis d’entrer dans Auray, y furent postés cette fois pour l’empêcher d’en sortir. Ils s’embusquèrent dans les maisons du faubourg qui commandent le pont et s’y défendirent jusqu’à cinq heures du soir. Mais une colonne bonapartiste arrivait de Vannes ; les royalistes qu’elle allait prendre entre deux feux firent leur retraite sur Sainte-Anne et Plumergat. »
Histoire des guerres de l'Ouest (Muret, 1848)
Résultat de la bataille : victoire des bonapartistes qui assiègent Auray et repoussent les chouans.
Sources
- Albert Septans. Les commencements de l’Indochine française. 1887.
- Théodore Muret. Histoire des guerres de l'Ouest. 1848.
- Auguste Alphonse Étienne-Gallois. L'ambassade de Siam au 17e siècle. 1862.
- Abbé de Choisy. Journal du Voyage de Siam.