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Petite histoire du pont de Sully de Paris en 4 anecdotes

Quand : 1836 - 1876

Le pont | Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Pont Pont de Sully de Paris

1 - Deux passerelles pour le prix d’une !

Avant le pont actuel, on pouvait franchir la Seine, à cet endroit, à l’aide de deux passerelles aujourd’hui détruites :

  • celle de Constantine, côté rive gauche ;
  • celle de Damiette, côté rive droite.

La passerelle de Constantine, qui reliait le quai Saint-Bernard et l’île Saint-Louis, a été construite en 1836 par l’ingénieur Surville.

Elle se compose d’une travée de 102 mètres et de deux demi-travées de 23 mètres.

Son nom ? Il évoque le siège de Constantine (actuelle Algérie), par Louis-Philippe Ier, le 13 octobre 1837 !

La deuxième passerelle, celle de Damiette (du nom d’une bataille du roi Louis IX), est construite à la même époque par le même ingénieur.

Pont de Damiette (F.-E. Villeret, 1840)

Pont de Damiette (F.-E. Villeret, 1840) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

2 - Un accident à cause... des câbles !

La passerelle de Constantine s’est effondrée le 8 octobre 1872, vers 16h30, après la rupture brutale des câbles.

Elle était alors en réparation.

Le journal L’Illustration du samedi 19 octobre 1872 rapporte que c’est le tablier du pont qui s’effondre, et s’écrase lourdement dans la Seine.

Deux ouvriers tombent en même temps dans le fleuve, tous deux repêchés, l’un grièvement blessé. Un bateau, amarré non loin, a sa proue complètement arrachée !

Il faut interrompre totalement la navigation sur la Seine, car il faut désobstruer le lit du fleuve et enlever chaque débris. Tout revient dans l’ordre au bout de deux jours.

Les premiers éléments de l’enquête mettent en cause la rouille, qui a rongé les câbles...

Passerelle de Constantine (L. Leymonnerye, 1865)

Passerelle de Constantine (L. Leymonnerye, 1865) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

3 - Les émeutes de 1848

La passerelle de Damiette est quant à elle détruite par les émeutes de la Révolution de 1848 !

Le 24 février 1848, plus précisément. La foule d’émeutiers se concentre sur les ponts à péages.

À 8 heures, le bureau de péage du pont d’Austerlitz est brûlé. Vers 11 heures, la foule envahit le pont de Damiette.

Son bureau part en fumée, aux cris de « À bas le péage ! »

Soudain, un vacarme du tonnerre retentit : les chaînes qui passent dans le bureau, brûlées par l’incendie, viennent de se rompre !

La moitié du tablier du pont se fracasse dans la Seine. Heureusement, aucune victime n’est à déplorer...

Pont de Sully : détail

Pont de Sully : détail | ©Anecdotrip.com / CC0

4 - Le nouveau pont

Les câbles de fil de fer posent problème !

La chute de la passerelle de Constantine, en 1872, remet sur le tapis une question épineuse…

Le « remplacement de tous les ponts suspendus » de plus de 30 ans ! Oh, oui, les ponts suspendus…

Une mode venue d’Outre-Manche, adoptée par l’ingénieur et entrepreneur Marc Seguin : l’inventeur du premier pont suspendu d’Europe continentale, qui traverse la Cance en Ardèche en 1822, puis à Tournon-sur-Rhône en 1825.

Ses ponts à lui sont en câbles en fil de fer, et non en chaînes de fer forgé, comme il était d’usage.

Mais, problème. Ces câbles de fil de fer s’abîment vite, malgré leur entretien : ils sont en effet constitués « d’une série de fils de petit diamètre, réunis. »

Il suffit qu’un de ces fils sorte, et avec l’eau, les écarts de température, le reste se dégradait inexorablement...

Le pont en fer forgé

Alors, oui, on a identifié le problème ! Mais on remplace ces passerelles par quoi ?! Des ponts de pierre ?

Parfait, mais bien trop cher ! La solution trouvée sera celle des ponts fixes en fer forgé…

Le pont actuel date de 1876, aménagé dans le cadre des grands travaux du baron Haussmann.

Il prend le nom... pas d’une bataille, cette fois, mais du ministre d’Henri IV, Maximilien de Béthune, duc de Sully.

Sources

  • Henri Gourdon de Genouillac. Paris à travers les siècles. 1884.
  • Louis-Antoine Garnier-Pagès. Histoire de la révolution de 1848. 1866.
  • Nouvelles annales de la construction (nov 1872, 18e année, n° 215).

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !