Petite histoire du pont de Pont-Saint-Esprit
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Quand : 1265 - 1310
Construisez, qu'y disaient !
Pont-Saint-Esprit s'appelle au Moyen-Age Saint-Saturnin-du-Port.
C'est ici qu'à partir de septembre 1265 Alphonse de Poitiers (le frère du roi saint Louis) lance la construction d'un pont sur le Rhône.
Don Jean de Tensanges, prieur de Saint-Saturnin-du-Port et seigneur de la ville, pose la première pierre du pont sur la rive gauche du fleuve.
Ce sont les frères pontifes qui s'occupent de la réalisation. Les pontifes ? Késaco ?
Des hommes de foi qui se réunissent en corporations, faisant le vœu de maintenir en état les routes et les moyens de passage comme les ponts, pour faciliter la vie des voyageurs...
On les appela vite « faiseurs de ponts » ou « pontifes » !
Viollet-le-Duc dit dans son Dictionnaire raisonné d'architecture à l'article « pont » :
« Le pont Saint-Esprit fut la dernière œuvre des frères hospitaliers pontifes. Dès lors le relâchement de cet ordre contribua à sa complète décadence.
« Il faut dire qu’à dater du XIIIe s, dans les constructions civiles et religieuses, les écoles des maîtres des œuvres laïques avaient remplacé partout les corporations religieuses, les villes comme les seigneurs n’avaient plus besoin de recourir aux frères constructeurs de ponts et autres. »
Un pont sur le Rhône
Le pont ne sera achevé qu'en 1309...
Les habitants de Saint-Saturnin construisirent ce pont et lui donnèrent le nom de Saint-Esprit.
Pourquoi ? Car leur inspiration leur était venue directement du ciel...
Hé ! Mais à quoi ressemble-t-il, le pont ? Viollet-le-Duc continue son article par sa description :
« La largeur de son tablier est de 5 m, et sa longueur de 1 000 m. environ ; le nombre de ses arches est de 22. Celles-ci sont en plein cintre. Elles sont construites au moyen de rangs de claveaux juxtaposés.
« Dans les tympans, des arcades permettent aux crues du fleuve de trouver passage. [...] Le pont Saint-Esprit forme un coude à l’opposite du courant sur le grand bras du Rhône, comme le pont d’Avignon.
« Il était encore fermé à ses deux extrémités par des portes au XVIIe s, et aboutissait du côté du bourg à une défense assez importante du XIVe s, qui, plus tard, fit corps avec la citadelle qui commandait le cours du fleuve en amont. »
Un petit blanc pour le pont !
Philippe le Bel ordonne en 1310 que les aumônes des fidèles doivent servir pour l'entretien du pont.
Et pour faire lui aussi quelque chose, il crée le droit du « petit blanc », qui levait « 5 deniers tournois pour chaque minot de sel que remonte le Rhône ; ce qui produisait en 1737, 8 à 10 000 livres tous les ans. ».
Sources
- Claude Devic. Histoire générale de Languedoc (tome 3). 1737.
- Eugène Viollet-le-Duc. Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle (tome 7). 1864.
- A. Joanne. Guide Joanne : de Lyon à la Méditerranée. 1862.