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Petite histoire du château du Lude en 9 anecdotes

Quand : 950 - 1957

Le château | Manfred Heyde / CC-BY-SA
Château de la Loire Château Château du Lude

1 - Le Diable au Lude !

Le plus ancien document qui fasse mention du château est La Chronique rimée de Saint Julien de Tours.

On y apprend qu'un exorcisme a été pratiqué par l’évêque de Vannes saint Bleviliguet, au milieu du 10e siècle, sur la personne d’un serviteur apparemment sous l’emprise du diable... il s’apprêtait à noyer le seigneur du Lude !

2 - Un siège mémorable pendant la guerre de Cent Ans

Au 13e siècle, une forteresse se construit à l’emplacement du château actuel : quadrangulaire, 6 grosses tours, fossés profonds… au cours de la guerre de Cent Ans, elle passe pour une place-forte importante.

Justement, le château subit un siège important pendant cette période, par les Anglais, qui font alors la conquête du Maine. Menés par le comte de Warwick, ils s’emparent du Mans, de Malicorne, puis du Lude dans la foulée...

On est en 1425, à l’automne, et la fière forteresse va céder devant l’ennemi ! La garnison anglaise de 1200 hommes occupe les lieux, avec à sa tête, comme gouverneur, William Blackborne.

Deux ans plus tard, Gilles de Rais et le Breton Beaumanoir rassemblent leurs troupes, pour le siège libérateur.

Une fois les remparts de la ville franchis, ils braquent de « lourdes bombardes », sur l’entrée du château.

Une brèche est ouverte... Blackborne la colmate aussitôt !

Mais les Français mettent des échelles contre les murs, protégés par leurs pièces d’artillerie, et s’emparent du château.

Le château

Le château | ©Manfred Heyde / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

3 - Quand le seigneur du Lude devait se cacher...

Après la guerre de Cent Ans, le seigneur du Lude s’appelle Jean de Daillon.

Chambellan du dauphin Louis en 1427, Daillon prend le parti du père de ce dernier, Charles VII, dans les brouilles qui opposent le paternel et son rejeton.

Devenu roi, Louis XI se venge de son ancien chambellan, et le poursuit ! Jean est obligé de se cacher, trouvant refuge dans une grotte à quelques kilomètres du Lude.

Il y reste 7 ans, entre 1461 et 1468 : une fidèle servante lui apporte en secret sa pitance quotidienne.

Rentré en grâce en 1468, Daillon devient le confident du roi, qui lui confie des affaires de négociations : Louis XI le surnommera le « maître des habiletés »…

Le château : statue de Jean de Daillon

Le château : statue de Jean de Daillon | ©Duch.seb / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

4 - La face Renaissance du château !

La partie Renaissance du château, on la doit à Jacques de Daillon, le fils de Jean.

Combattant pendant les guerres d’Italie à Fornoue et Ravenne, avant de mourir à Pavie en 1523, il réside au Lude entre 1480 et 1523.

On lui doit la commande de la façade méridionale avec son décor italianisant : l’architecte Jean Gendrot, maître d’œuvre du roi René d’Anjou, réalise les travaux entre 1520 et 1530.

On remarquera le décor, qui mêle ornementation végétale (feuilles de vignes, noix, grenades), guerrière (heaumes, boucliers), mais surtout ces médaillons entre les fenêtres, avec ces bustes de personnages !

Façade Renaissance : détail

Façade Renaissance : détail | ©HubertduMaine / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

5 - Une grande famille

De 1487 à 1685, 7 membres de la famille de Jean de Daillon se succèdent. Ils sont chambellans, conseillers du roi, sénéchaux d’Anjou, gouverneurs...

Le dernier des Daillon, Henri, grand maître de l’artillerie, lieutenant général des armées , gouverneur de Versailles, voit sa terre du Lude se faire ériger en duché en 1675.

Suprême honneur, pour cette grande famille ! « L’une des plus considérables du royaume », dit l’ordonnance de Louis XIV.

La grande amie d'Henri, Mme de Sévigné, écrira dans ses lettres, après la mort du duc :

« Sur la longue terrasse (du Lude, ndlr), cent orangers morts ou mourants pleuraient l’absence du grand maître. »
Le château

Le château | ©Selbymay / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

6 - Jardins et ruisseau dévié !

La grande terrasse sur le Loir… Une légende veut que la boucle faite par le Loir au niveau du Lude soit le résultat d’un travail colossal, titanesque, entrepris par les seigneurs du château.

A l’origine, au 10e siècle, le cours d’eau du Vieux-Loir voisin (aujourd’hui à l’état de ru), aurait été dévié sur plus de 6 km, pour alimenter en eau les fossés du château.

Toutefois, c’est une légende : aucun document officiel ne vient l’accréditer !

En tous cas, les jardins actuels sont dus à la marquise de Talhouet-Roy : elle les commande au paysagiste Édouard André (qui participe entre autres au chantier du parc Monceau, à Paris) : grottes de rocailles, fabriques, potager et orangerie apparaissent entre 1881 et 1883.

Les jardins

Les jardins | ©Manfred Heyde / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

7 - Les heures noires de la Révolution

C’est Françoise Butler, marquise de La Vieuville, qui transforme la façade classique, lorsqu’elle arrive au Lude, en 1785.

Son oncle, Julien du Velaër (ancien de la Compagnie des Indes), avait acheté le château, longtemps abandonné, en 1751.

Elle fait appel en 1787 à l’architecte Vincent Barré, pour la façade Louis XVI : à la même époque, il construit le château angevin de Montgeoffroy et celui du Marais, près de Paris !

La marquise parvient à conserver le château aux heures noires de la Révolution, mis sous séquestre, allant être vendu comme bien national.

Elle adresse un courrier aux administrateurs de la Sarthe, « s’empressant de faire sa soumission au bureau du domaine, à Paris, et de se conformer à tout ce que la loi exigeait d’elle. »

Elle devait « partager avec la nation », abandonner son mobilier, l’argent et les biens de feu son mari, moyennant quoi elle pourrait garder son château...

Façade classique du château

Façade classique du château | ©Calips / Wikimedia Commons / CC BY-SA

8 - Connaissez-vous l’Ange du Lude ?

Il s’agit d’une statue en bronze du 15e siècle, du sculpteur Jean Barbet. Elle porte gravée la date de sa fabrication : 24 mars 1475.

A l’origine, elle servait de flèche à la Sainte Chapelle de Paris, puis orne le pied du grand escalier du château du Lude.

Mais son propriétaire, le marquis de Talhouët, doit se séparer de la statue, pour financer les travaux de restauration d’une partie du château.

En 1905, l’ange est acquis par J. Pierpont Morgan, puis installé à la Morgan Library de New York, jusqu’en 1944.

Année où la célèbre Frick Collection de New York l’acquiert, et où il est encore aujourd’hui exposé.

Le marquis du Lude un brin nostalgique, fera faire du bel ange une copie, qui trône encore en bas de l’escalier du château sarthois !

L'Ange du Lude, Frick Collection

L'Ange du Lude, Frick Collection | ©David McSpadden / Flickr / CC-BY

9 - Un des premiers son et lumière de France !

1957. Le château de Lude appartient alors aux Nicolaÿ, les descendants de la marquise Butler.

La comtesse donne un bal costumé sur le thème du second Empire, pour la kermesse de l’école privée du bourg, fondée au 19e siècle par la marquise de Talhouët.

Les jardins sont joliment éclairés, il y a des musiciens… c’est un énorme succès !

Le spectacle son et lumière mettant en scène l’histoire du château est reconduit l’année suivante, puis pendant près de 30 ans, avec la complicité de 350 figurants, habitants de la petite ville !

C’était l'un des premiers spectacles de ce genre, en France.

Sources

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
  • Jean-Robert Masson. Guide du Val de Loire mystérieux. Éditions Tchou, 1968.
  • Le château du Lude : Sarthe. Jean-Marie Couilleaux éditeur, Le Mans.
  • Dr Candé. Notice Pour le millième anniversaire du château du Lude : notice historique. Annales fléchoises et la vallée du Loir (tome 5). 1905.
  • Marie-Dominique Deniau. Le château du Lude. Revue France-Amérique, 2017.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !