
Derrière les tapisseries, une légende
Derrière le nom de Chasse à la Licorne se cache une série de 7 tapisseries ayant pour thème une légende, celle de la licorne de Verteuil.
Une licorne agressive hantait les bois voisins du château charentais.
Personne n’osait s’y perdre, car on ne ressortait pas vivant de ces profondeurs angoissantes.
Pourtant, un jour (on est au 15e siècle), une jeune fille décide d’aller combattre la bestiole.
Elle fait partie de la famille de La Rochefoucauld, les seigneurs de Verteuil.

Avec son épée, la courageuse se cache derrière un arbre, espérant débusquer la licorne. Elle y reste des mois !
Jusqu’à ce qu’enfin, la licorne montre un bout de sabot... et aperçoive en même temps la fille.
Furieuse, la créature fonce dans le tronc de l’arbre, plusieurs fois, jusqu’à ce qu’à la 4e fois, sa corne reste profondément enfoncée dans le bois.
La jeune fille la transperce de son épée et la ramène blessée chez Jean II de La Rochefoucauld.
Quelques soins plus tard, la licorne ombrageuse se retrouve dans un enclos.

De Verteuil... à New-York
Ces 7 exceptionnelles tapisseries flamandes dite « de la chasse à la licorne », en laine, sont réalisées entre 1495 et 1505.
Les La Rochefoucauld les ont toujours possédées dans leur château de Verteuil.
A la Révolution, elles sont saisies, utilisées par les paysans du coin pour protéger leur récolte de patates du gel, puis récupérées par la famille en 1890 et pendues à nouveau dans le château.

En 1922, John Rockefeller Jr, magnat du pétrole, les achète en France pour 10 millions de dollars et en fait don au Metropolitan Museum of Art de New York, en 1937.
Aujourd’hui encore, on les voit au Musée des cloîtres (Cloisters) du Met, qui regroupe les collections médiévales.
Les tapisseries n’ont pas été commandées par les La Rochefoucauld, même si la famille les possède depuis longtemps.
D’après le Metropolitan Museum, ce serait une commande d’Anne de Bretagne pour son premier mariage avec le futur roi de France Louis XII.
Avec une licorne symbole de pureté, bien sûr…

Sources
- Éloïse Mozzani. Légendes et mystères des régions de France. Robert Laffont, 2015.
- Article en ligne The Unicorn Rests in a Garden (from the Unicorn Tapestries) sur le site officiel du Metropolitan Museum of Art.