Lunéville avant Stanislas
La ville de la lune !
Lunéville, ancienne Lunae villa, « ville de la lune »...
Dans l'Antiquité, le culte de Diane, associé à celui de la lune, est très vivace ici.
Le château a-t-il été construit sur un temple païen ? Peut-être...
Ce qui reste certain, c'est que le château date de bien longtemps avant la venue du roi Stanislas en Lorraine.
On le connaît depuis le 9e siècle, le fief fait alors partie d'un comté qui se fait rattacher au duché de Lorraine au 13e siècle.
Les guerres, qu'ils disaient
Les troupes bourguignonnes de Charles le Téméraire occupent le château au 15e siècle.
Les troupes lorraines réussissent à les faire déguerpir, mais le mal est fait !
La ruine guette le château, on doit reconstruire au plus vite...
Le duc René II tente le premier de fortifier Lunéville.
Fortifications reprises au tout début du 17e siècle par le duc Henri II, puis par Charles IV en 1638. Autant d'effort qui ressemble à un coup d'épée dans l'eau !
Louis XIII ordonne finalement le démantèlement des vieilles fortifications ; Louis XIV les fait entièrement raser en 1678...
Le palais de Léopold
Mais voilà Léopold Ier... nouveau duc de Lorraine !
Il vient se réfugier à Lunéville pendant les troubles de la Succession d'Espagne, en 1702.
Le château ressemble alors à une vieille forteresse décrépie, à moitié en ruine, entourée de fossés puants.
Léopold fait alors la demande à l'architecte Boffrand de lui reconstruire un château magnifique
Un corps de logis principal flanqué de deux ailes et à l'arrière des jardins à la française.
Les intérieurs vont être superbes, chargés de tapisseries des Gobelins, de belles toiles de maîtres lorrains et de meubles précieux.
Quant aux jardins (appelés les Bosquets), les travaux sont colossaux.
Il faut niveler le sol, assainir les marais, raser les maisons qui occupent le terrain...
C'est un élève de Le Nôtre, Yves des Hours, qui s'occupe de la tâche, entre 1711 et 1718.
En 1724, le futur créateur du parc de Schönbrunn, Louis Gervais, reprend le travail.
Il prolonge le parc toujours plus loin, creuse de grandes fontaines aux jeux d'eaux compliqués...
Mais pour les faire fonctionner, ces jeux d'eau, il faut... de l'eau !
Là aussi, travaux titanesques : on amène les eaux des étangs de la Fourasse, tandis que l'ingénieur Vayringe conçoit une machine hydraulique qui peut faire monter les jets d'eau à 60 pieds de hauteur (18 m) !
Mais Léopold ne profite pas beaucoup de son séjour lorrain... Il meurt à 47 ans, en tombant dans un fossé rempli d'eau.
Vidéo bloquée, acceptez les cookies Youtube pour afficher les vidéos.
Le petit Versailles lorrain
Bienvenue chez moi !
Nous voilà en 1729.
Stanislas Leszczynski va devenir duc de Lorraine et faire de Lunéville sa résidence favorite, la plus belle de toute.
Mais la duchesse de Lorraine, la veuve de Léopold, y habite toujours !
Pas vraiment prête à quitter sa maison, elle doit se résoudre à accepter en échange le château de Commercy. Stanislas peut s'installer en 1737...
Les Lorrains viennent de voir partir avec chagrin la duchesse, ils accueillent le plus froidement du monde Stanislas...
Mais cela ne va pas durer, vous savez : on l'appellera d'ailleurs bien vite le « bon roi Stanislas » !
À peine arrivé, l'ex-roi polonais se met à construire.
Une vraie frénésie ! Outre la fastueuse décoration des intérieurs, on lui doit surtout l'embellissement du parc.
Vidéo bloquée, acceptez les cookies Youtube pour afficher les vidéos.
Les petites-filles et la pagode
Il place des statues un peu partout, multiplie les canaux, les bassins, les fontaines.
Il fait aménager une immense allée bordée d’orangers qui mène à son château de Chanteheux.
Il y a le Kiosque, où Stanislas vient au plus chaud de l'été. C'est un pavillon carré avec un toit très pointu.
Une sorte de pagode chinoise flanquée d'une galerie avec au milieu une petite grotte.
Dans le pavillon, on a un salon avec de multiples fenêtres non pas vitrées, mais recouvertes d'un fin tissu, pour faire passer l'air.
C'est là que dînent Mesdames Adélaïde et Victoire avec leur grand-père, un paisible soir d'août 1761...
En 1739, Stanislas fait aménager un théâtre de verdure avec ses jeux d'eau.
En 1742 viennent le Rocher et ses automates. Long de près de 300 m, ce rocher imite une montagne vosgienne !
Bref, Lunéville, on le voit, rime avec luxe, faste et douceur de vivre !
D'ailleurs, Voltaire (invité à Lunéville) dit en 1738 dans Le siècle de Louis XIV :
« On ne croirait presque pas avoir changé de lieu, quand on passait de Versailles à Lunéville. »
Oui, le Lunéville de Stanislas calque son modèle sur la cour de Versailles, mais la comparaison s'arrête là !
En Lorraine, on est heureux, libre de toute étiquette...
Malédiction ?
La mort de Stanislas laisse Lunéville orphelin.
On le laisse de côté, on l'abandonne comme un joujou dont on ne veut plus.
Tous ses meubles sont vendus mais au moins, contrairement aux autres châteaux de Stanislas, on ne rase pas celui de Lunéville.
À la place, on le transforme en caserne puis en magasin à fourrages. L'armée installe ses quartiers au 19e siècle...
Vous parlez d'une triste destinée !
Mais... Y a-t-il une malédiction, à Lunéville ? Un problème avec le feu, les incendies ?...
Déjà, le pauvre Stanislas était mort brûlé dans son château.
Et le feu a dévoré Lunéville plus d'une fois, au cours de sa longue histoire.
L'incendie du 2 janvier 2003 a été le plus terrible : 2/3 du beau palais partent en fumée !
Dès 2005 s'ouvre une immense campagne de restauration.