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Une page de l'histoire du château de la Chabotterie : l'arrestation du général vendéen Charette

Quand : 23 mars 1796

F. Charette de La Contrie (19e s) | ©Musée de Bretagne / Public domain
Château Logis de la Chabotterie

L'histoire en deux mots

C'est dans le bois, non loin du château de La Chabotterie, que l'ancien lieutenant de vaisseau, leader charismatique de l'insurrection royaliste en Vendée François Athanase Charette de La Contrie (1763-1796) se fait blesser et finalement arrêter.

C'est dans la cuisine du château de La Chabotterie qu'il est ramené et soigné, avant son transfert pour les prisons de Nantes et son exécution.

La Chabotterie

La Chabotterie | ©Selbymay / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Quelle est la situation à l'époque ?

Le 10 mars 1793, la Convention ordonne la levée en masse de 300 000 hommes, qui ont besoin de bras dans les armées révolutionnaires, pour partir en guerre contre les monarchies coalisées, qui attaquent la France.

Des hommes de l'Ouest de la France, principalement de Vendée, refusent cet enrôlement de force.

C'est le début des guerres dites de Vendée : la République (les Bleus) contre les Blancs, fervents catholiques et royalistes.

F. Charette de La Contrie (19e s)

F. Charette de La Contrie (19e s) | ©Musée de Bretagne / Public domain

Charette le royaliste entre en action

Charette se fait entraîner dès mars 1793 dans la révolte royaliste des pays de l'Ouest.

Les insurgés le mettent à leur tête, lui qui ne s'entendra avec aucun autre chef vendéen !

Il leur avait dit :

« Je serai votre chef. Souvenez-vous que c'est vous qui l'avez voulu. Vous me suivrez partout où il me plaira, vous m’obéirez, quoique je vous commande. le premier qui élèvera sa voix contre la mienne sera fusillé à l'instant. »

Mais qui est-il, au juste, ce Charette de La Contrie ?

François Charette en bref : tout ce que vous devez savoir !

  • Né dans l'actuel département de la Loire-Atlantique, il est issu d’une branche cadette d'une vieille et noble famille bretonne, sans le sou ;
  • lieutenant de vaisseau de métier, il sillonne le globe, participe notamment à la guerre d'indépendance américaine, avant de démissionner en 1790 ;
  • il revient en France, s'installe dans son pays natal pour épouser la veuve de son cousin, beaucoup plus âgée que lui (mais très riche).

Vie et mort de la résistance vendéenne

Les combats de la guerre de Vendée font rage dès mars 1793. Charette et ses hommes résistent plusieurs années face aux armées de la République.

Jusqu'à 1795 et la signature de la paix entre les chefs vendéens et la Convention. Trêve brisée quelques mois plus tard : Charette reprend le combat !

Pourchassé, alors que les Vendéens s’essoufflent petit à petit, Charette est arrêté le 23 mars 1796, dans ce bois voisin du logis de La Chabotterie, au cours de la bataille dite de La Chabotterie.

La Chabotterie

La Chabotterie | ©Calips / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Charette arrêté en plein bois !

Le 23 mars 1796, à l'aube, Charette et ses hommes sont surpris par des grenadiers à moins de 10 km au sud-ouest de La Chabotterie. Ils s'enfuient à travers bois.

C'est parti pour une course poursuite de plusieurs heures, au cours de laquelle plusieurs hommes tombent un par un !

Les Vendéens finissent par arriver au bois de La Chabotterie.

Charette racontera à ses juges son arrestation : caché dans un taillis, il est découvert par deux chasseurs qui le touchent de deux tirs de carabine : un à la tête, l’autre au bras gauche, près de l'épaule.

Il parvient néanmoins à fuir et se cacher dans une « haie d'épines. » Aveuglé par le sang qui lui coule sur le visage, épuisé par plusieurs heures de course, il tombe inanimé sur le sol.

C'est comme cela qu'il se fait capturer par les Républicains.

Arrestation de Charette (19e s)

Arrestation de Charette (19e s) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Charette blessé transféré à La Chabotterie

On transporte Charette blessé au château voisin de La Chabotterie. Les témoignages diffèrent sur la manière utilisée !

Certains disent que « ne pouvant plus marcher, deux grenadiers républicains l'ont emporté sur leurs épaules. »

D'autres évoquent un brancard de fortune fait de quelques branchages tressés à la va-vite. Voire au pire... une civière composée de deux simples fusils entrecroisés !

Charette arrive au château peu avant 13 heures.

Charette après son arrestation

Charette après son arrestation | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Charette à La Chabotterie

Le temps du repos

Charette va passer à La Chabotterie les 4 premières heures de sa captivité.

On le place près de l'âtre, afin qu'il puisse sécher ses vêtements couverts de la boue des chemins. On lui donne de quoi manger un morceau, un verre d'eau-de-vie.

Tout ceci pour qu'après 4 heures de repos, il soit à peu près capable de supporter le trajet qui va l'emmener à Angers, puis Nantes.

Le temps de panser les blessures

Les blessures de Charette sont soignées dans la cuisine du château.

Des blessures sans gravité, mais impressionnantes, car elles lui ont fait perdre beaucoup de sang.

  • Un tir de pistolet lui a « labouré » le front ;
  • un autre lui a effleuré l'épaule gauche, tandis qu’un coup de sabre lui a tranché 3 doigts de la main gauche, ou du moins cassé le pouce et coupé le petit doigt qui « ne tenait plus qu'à la chair. »

Une histoire... d'omelette !

Ce que l’on s’est dit, pendant 4 heures ? On a retenu le dialogue suivant !

À l’un des officiers qui lance à Charette : « Vous nous avez fait périr bien du monde », il répond : « Ah ! On ne peut faire d’omelette dans casser d’œufs. »

Charette fusillé à Nantes

Charette fusillé à Nantes | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Conclusion

Charette quitte La Chabotterie le lendemain, la tête enroulée dans une serviette et le bras gauche en écharpe.

Transféré à Angers, puis à Nantes, le 29 mars 1796, Charette se fait fusiller le jour-même, refusant le bandeau devant les yeux. Il avait 33 ans.

Son arrestation à La Chabotterie et son exécution signaient la fin des tragiques guerres de Vendée.

Sources

  • Alain de Goué. La prise de Charette (23 mars 1796) : étude historique et critique d'après des documents inédits. 1911.
  • Thomas Girard-Lamaüry. François-Athanase de Charette de La Contrie, marin du Roi. Revue Cols Bleus (n°2440, 9 mai 1998).
  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !