This website requires JavaScript.

Petite histoire du château de Fontainebleau en 10 anecdotes

Quand : 1137 - 1863

Le château | Basvb / CC-BY-SA
Château Château de Fontainebleau

1 - Le donjon, unique vestige médiéval et plus vieille partie du château

En 1137, la première année du règne de Louis VII, Fontainebleau est cité pour la première fois de son histoire dans une charte royale.

Il s’agit donc du premier roi de France dont la présence est attestée à Fontainebleau !

On peut penser que déjà, à cette date, le donjon carré existait déjà.

Il s’agit en tous cas du plus ancien vestige du château de Fontainebleau, toujours visible dans la Cour Ovale : cette cour conserve, à peu de chose près, le tracé de cette première forteresse.

Cour Ovale et donjon

Cour Ovale et donjon | ©Rina Sergeeva / Flickr / CC-BY-SA

2 - Le seul roi de France né et mort à Fontainebleau

Ne cherchez pas, il n’y en a eu qu’un seul… et il s’agit de Philippe IV le Bel !

Le fils de Philippe III le Hardi et d’Isabelle d’Aragon y naît en 1268.

Il meurt au château des suites d’une chute de cheval, au cours d’une chasse dans la forêt voisine, en 1314.

3 - Une chambre transformée en escalier !

Elle a été une des plus célèbres favorites du roi François Ier… la duchesse d’Étampes, autrement connue sous le nom d’Anne de Pisseleu !

Elle avait sa propre chambre, à Fontainebleau : jusqu'à ce qu'en 1749, Louis XV décide de la transformer en escalier ! La preuve : le chiffre du roi sur la rampe en fer forgé !

Heureusement, une partie du décor d’origine, créé par Le Primatice entre 1541 et 1544, a été préservée.

L'escalier

L'escalier | ©Ignis / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

4 - La bibliothèque de la galerie de Diane... et son illustre bibliothécaire !

La galerie de Diane date de 1600 : très abîmée à la toute fin du 18e siècle, elle est entièrement redécorée dès 1810, puis sous la Restauration, avec sa voûte illustrant le mythe de Diane.

En 1858, la galerie se voit transformée en bibliothèque: elle compte 16 000 livres.

Avec un bibliothécaire illustre... puisqu’il s’agit du frère aîné du déchiffreur des hiéroglyphes Jean-François Champollion : Jacques Joseph Champollion, dit Champollion-Figeac !

Resté dans l’ombre de Jean-François, il est néanmoins pour beaucoup dans la réussite de son frère cadet, passionné par les langues anciennes et l’Égypte bien avant lui.

Champollion-Figeac arrive à Fontainebleau en 1849 : en 1852, il est nommé conservateur de la bibliothèque du château, jusqu’à sa mort en 1867.

Galerie de Diane

Galerie de Diane | ©Eugene_o / Flickr / CC-BY

5 - La porte du Baptistère

La porte du Baptistère fait référence à un baptême, oui, vous vous en doutez. Mais de qui parle-t-on ?

De celui du futur Louis XIII, le 14 septembre 1606 ! Il a lieu en même temps que celui de ses sœurs Élisabeth et Christine.

On a dressé dans la cour Ovale une estrade devant le portail spécialement construit pour l’occasion. Henri IV, le père, a voulu une cérémonie fabuleuse.

Le pape Paul V a même accepté d’être le parrain : il n’est pas présent lui-même, mais a envoyé son légat !

Porte du Baptistère

Porte du Baptistère | ©Patrick - Morio60 / Flickr / CC-BY-SA

Ensuite, un souper est servi dans la salle de Bal et un feu d’artifice tiré devant la Porte Dorée.

Saviez-vous que le jeune Louis est baptisé, dans la chapelle du château, dans un magnifique bassin, chef-d’œuvre de l’art islamique ?

Dit « baptistère de saint Louis », il date de 1340, réalisé à Damas : il se trouve aujourd’hui dans les collections du musée du Louvre.

Baptistère de saint Louis

Baptistère de saint Louis | ©Shonagon / Wikimedia Commons / CC0

6 - Un cheval… de plâtre blanc !

La Cour du Cheval Blanc doit son nom à une statue en plâtre blanc de Marc Aurèle, placée sous un dôme, par Catherine de Médicis.

Son modèle ? Celui de la statue de Marc Aurèle à Rome, moulée par Vignole pour Catherine elle-même, pour décorer la porte du Capitole.

La statue a été détruite en 1626: la pierre poreuse dont elle était constituée n’étant pas faite pour supporter le temps humide des saisons pluvieuses françaises...

La cour du Cheval Blanc s’appelle aussi cour des Adieux, en référence à Napoléon Ier, qui y salue ses soldats avant son départ pour l’île d’Elbe, le 20 avril 1814… mais ça, c’est une autre histoire !

Cour du Cheval Blanc

Cour du Cheval Blanc | ©Rina Sergeeva / Flickr / CC-BY-SA

7 - Napoléon remeuble le château en un temps record !

La Révolution française laisse le château entièrement vide. Alors, lorsque Napoléon décide d’y loger le pape Pie VII (reçu à l’occasion de son sacre), en 1804, branle-bas de combat !

L’architecte de l’empereur, Fontaine, note :

« Il faut, pour obéir aux ordres de l’empereur, meubler en 19 jours le château. On va employer quelques meubles faits à l’avance, retirer de Paris ou Saint-Cloud tout ce qui pourra être distrait, acheter partout où l’on pourra... »

Menuisiers, peintres, maçons, on se met au travail ! Il faut tout tapisser, replâtrer, installer le mobilier ; le linge, la vaisselle, les ustensiles de cuisine... tout est acheté neuf, en vitesse !

Le pape arrive le 22 novembre 1804, et en 19 jours, comme prévu, tout était prêt. Ouf !

Ce sont 40 « appartements de maîtres », 200 « logements de suite et des écuries pour 400 chevaux » préparés en un temps record, « meublés comme par enchantement. »

Chambre de l'Empereur

Chambre de l'Empereur | ©Patrick - Morio60 / Flickr / CC-BY-SA

8 - Une Diane à la biche... et ses chiens pisseurs !

La statue de Diane qui orne la fontaine éponyme est une copie de l’antique Diane à la biche ou Diane de Versailles (aujourd’hui au Louvre).

C’est le pape Paul IV qui offre ce marbre romain, en 1556, à Henri II. Le roi de France l’installe peu après à Fontainebleau.

Sur quoi, on la déménage au palais du Louvre, avant de faire réaliser une copie en bronze signée Prieur, installée à Fontainebleau.

Fontaine de Diane : détail

Fontaine de Diane : détail | ©Patrick - Morio60 / Flickr / CC-BY-SA

Sous le règne de Louis XIV, on la déplace à nouveau : direction la galerie des Glaces du château de Versailles. En 1798, elle est de retour au Louvre, définitivement.

Louis XIV avait fait faire une copie du bronze de Prieur par Keller, en 1684, pour décorer Marly.

Ce bronze sera installé à Fontainebleau en 1813 sur la fontaine de Diane, qu’avait fait redessiner Napoléon Ier d’après l’originale créée sous Henri IV.

Remarquez, sur cette fontaine, les quatre statues de chiens (par Biard) : l’eau sort par un endroit très incongru de leur anatomie !

Fontaine de Diane : détail

Fontaine de Diane : détail | ©Daniel VILLAFRUELA / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

9 - L'Édit de Fontainebleau

Un coup de tonnerre ! Le 18 octobre 1685, Louis XIV signe l’édit de Fontainebleau, au château, qui révoquait l’édit de Nantes signé par Henri IV, en 1598.

Si celui de Nantes avait octroyé la liberté de culte aux protestants français, après le sang des guerres de Religion, celui de Fontainebleau faisait une marche arrière violente.

Deux religions ne pouvaient cohabiter au royaume de France...

Les temples sont détruits, la pratique du culte interdite, les baptêmes deviennent obligatoires, les pasteurs doivent se convertir ou quitter le pays. Sinon, ce sont les galères, ou la prison.

C’est le début d’une grande résistance, notamment dans les Cévennes, où la révolte des Camisards explose.

Et alors qu’ils ont ordre de ne pas fuir, jusqu’à 150 000 protestants s’exilent vers les Pays-Bas, l‘Angleterre, l’Allemagne.

Musée chinois

Musée chinois | ©Boubloub / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

10 – Le Musée chinois naît en partie de pillages honteux

800 pièces ! Le Musée chinois du château est constitué dès 1863 par l’impératrice Eugénie.

En partie d’objets offerts par les ambassadeurs siamois venus en visite à Fontainebleau en 1861, d’acquisitions chez des antiquaires et de cadeaux diplomatiques.

Mais surtout d’un tiers de pièces provenant du palais d’Été de Pékin, pillé et brûlé en octobre 1860 par les troupes franco-anglaises, pendant les guerres commerciales de l’opium.

Un vandalisme pur et simple, et des trésors inestimables qui prenaient la route de l’Europe.

Eugénie ne se privera pas, piochera des pièces de choix dans le butin, notamment des porcelaines.

Victor Hugo s'indigne à coups de mots puissants :

« Cette merveille a disparu. Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d'Été. L’un a pillé, l’autre a incendié. [...] L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits. Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voilà ce que la civilisation a fait à la barbarie. Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre. »

Sources

  • René Alleau. Guide de Fontainebleau mystérieux. Éditions Tchou, 1967.
  • Collectif. L’ABCdaire du château de Fontainebleau. Flammarion, 1999.
  • Yves Carlier. Fontainebleau en dates et en chiffres. Éditions Gisserot, 2005.
  • Frédéric Lewino, Anne-Sophie Jahn. Article en ligne du quotidien Le Point. Visite interdite du château de Fontainebleau #2 : le baptême de François II. 07/03/2015.
  • Charles Terrasse. Napoléon à Fontainebleau. 1952.
  • Marie-Louise Biver. Pierre Fontaine : premier architecte de l'Empereur. 1964.
  • Article en ligne Diane à la biche sur le site officiel du château de Fontainebleau.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !