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Une petite histoire de Filain : un général de Napoléon au château

Quand : 6 novembre 1769 - 10 juin 1842

Le château | ©JGS25 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Château Château de Filain

Allons à la rencontre du général Marulaz, qui vit au château de Filain de 1808 jusqu'à sa mort en 1842 !

Le château de Filain avant Marulaz

Au début du 15e siècle, les Sacquenay font construire une petite forteresse flanquée de quatre tours aux angles (deux de ces tours sont encore visibles aujourd'hui).

Un siècle plus tard, cette famille lance de grands travaux : tout d'abord, construction de deux bâtiments de style Renaissance qui joignent la vieille forteresse du 15e siècle.

Ils font aménager la belle et grande cheminée (qu'on peut toujours voir) dans la salle des gardes, avec sa monumentale sculpture de chasse au cerf, en ronde-bosse. Si vous regardez bien, surprise ! Les bois de l'animal... sont de vrais bois !

Un siècle plus tard, la nouvelle famille s'occupe de la façade qui donne sur les jardins à la française, celle avec son haut toit et ses deux tours carrées.

En 1670, Jean-François de Camus fait ajouter à nos deux tours les toits à l'impériale !

Qui est le général Marulaz ?

Lorrain d'origine

Après la Révolution, le dernier membre des Camus vend son château au général Marulaz, en 1808.

Un très grand nom, un immense militaire ! Le connaissez-vous ?

Il naît Jacob François Marola (Marulaz, c'est son nom francisé) le 6 novembre 1769 à Zeiskam, dans l’actuel état de Rhénanie-Palatinat (ouest de l’Allemagne).

Ses parents viennent de Lorraine : son père, capitaine de hussards, naît à Sarralbe, en Moselle.

Un CV impressionnant !

Marulaz participe à toutes les campagnes de la Révolution française, toutes les guerres napoléoniennes.

Il reçoit 19 blessures et a 26 chevaux « tués sous lui », comme on dit !

Imaginez un peu la boucherie de ces guerres, à travers ses blessures (je ne vous les cite pas toutes, mais cela donne une idée de la résistance du bonhomme) :

  • le 30 avril 1794, il reçoit un coup de sabre sur la joue droite ;
  • en octobre 1795, crac, il a le pied démis par son cheval tué sous lui ;
  • coup de feu au bras droit en octobre 1796, plus cinq coups de feu dans la poitrine et une balle qui lui traverse le corps en lui brisant deux côtes ;
  • en mai 1799, coup de baïonnette au genou, deux coups de feu à la cuisse droite à Essling…

Le général Thoumas dira plus tard de lui : « C’est un des plus rudes officiers de la Grande Armée. »

Le célèbre maréchal d’Empire Davout écrit un jour à Marulaz :

« Je n’ai pas connu un meilleur général d’avant-garde ; nous n’oublierons jamais qu’on dort tranquille sous votre garde. »

La défense épique de Besançon

Devenu baron, puis comte de l'Empire, Marulaz sauve Besançon de l'assaut prussien, en avril 1814 : un héros local, quoi !

Napoléon Ier a abdiqué le 6 avril, on est le 19, mais Marulaz défend toujours Besançon.

À la tête d’une armée improbable, faite d’« une garnison composée de recrues, de réfractaires et de condamnés graciés » !

Les Autrichiens n’entreront jamais dans la cité doubienne...

Mis au courant de cette résistance, Napoléon sort cette belle phrase :

« Je savais Marulaz brave, mais je croyais Besançon pris. »

Ce qui vaut bien toutes les médailles !

À Filain, Marulaz aimait à montrer un petit billet griffonné de la main d’un certain Lichtenstein, qui lui a offert un million pour la reddition de la ville. Marulaz refuse.

Mais il dira bien après, en riant : « Ce sera là l’héritage de mes enfants. » Qui n’ont pas eu beaucoup !

Il mérite bien son nom gravé sur l'arc de Triomphe, à Paris.…

Le propriétaire de Filain

De 1816 à 1831, Marulaz devient maire de Filain, sa commune où il vivra aimé et respecté.

Cultivant sa terre, élevant ses 7 enfants, on l’imagine goûtant à la solitude en soupirant parfois, nostalgique, en repensant à ses gloires passées...

Notre général finira ses jours au château de Filain, le 10 juin 1842, à l’âge de 72 ans.

Sa veuve, Antoinette Froidot, lui survit 19 ans.

Le dernier duel !

Une dernière anecdote pour la route !

On l’aime bien, Marulaz, à Filain. Même si parfois, l’envie de ressortir son sabre le démangeait !

Un soir de 1817, alors que le préfet de la Haute-Saône l’a invité à un dîner officiel à Vesoul, le maréchal de camp le marquis de Sorans a la mauvaise idée de critiquer les armées de l’Empire.

Oulà… Le sang de Marulaz ne fait qu’un tour !

Il le provoque en duel, qui a lieu après le dessert, sur une place publique. Marulaz tue son adversaire !

Aaah, mais, il avait de beaux restes… le gouvernement ferme les yeux, en tous cas.

Sources

  • Joseph Georgel. Armorial historique et généalogique des familles de Lorraine. 1882.
  • Charles Thoumas. Les grands cavaliers du premier empire : notices biographiques. 1890.
  • Louis Suchaux. Galerie biographique du département de la Haute-Saône. 1864.
  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !