Petite histoire du château de Cany
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Une vieille terre normande
Autrefois, la terre de Cany se compose de 2 fiefs distincts : Cany-Caniel et Cany-Barville.
Le premier appartient au XIIe siècle aux Falaise et aux Bizet, des vassaux du roi d'Angleterre.
On est des fortes têtes, chez les Bizet : le maréchal Henri Bizet, au XIIIe siècle, refuse de prêter hommage au roi Philippe Auguste.
Résultat, sa terre de Cany lui est confisquée, donnée au domaine royal puis aux ducs d'Alençon en 1370 !
Le second fief appartient aux Hay, famille normande plus tard partie de l'autre côté de la Manche.
Puis, on a les Segrestain, les Breauté et les Le Marinier.
C'est Pierre Le Marinier qui en 1634 acquiert et réunit les deux terres de Cany : il ne reste pas grand-chose, il faut le dire !
Oh, si, à Cany-Caniel, on a les restes du château médiéval, rasé pendant la guerre de Cent Ans et jamais reconstruit...
Et à Barville, un petit manoir campagnard...
Alors, Le Marinier décide de reconstruire un grand château tout neuf au bord des eaux calmes de la Durdent.
Voilà le château actuel, de style Louis XIII, qui s'élève entre 1640 et 1646 !
La légende veut que ce soit l'architecte François Mansart qui se soit occupé de la construction.
Mais bon, avec les légendes, hein, on ne sait pas vraiment le vrai du faux... (en fait, on pense plutôt à un des oncles de Mansart)
Entouré de douves en eau, le corps du logis du château comprend un soubassement pour les pièces de services, deux étages, des combles mansardés et deux ailes en saillie
Au centre, le perron à double-volée date seulement du XIXe siècle.
Et bien sûr, le tout construit en brique et pierre blanche, comme le veut le style qui s'épanouit sous les règnes d'Henri IV et Louis XIII.
Ensuite, en 1683, le fils de Pierre Le Marinier, Barthélémy, vend la terre de Cany à son beau-père, Pierre de Becdelièvre.
C'est le fils de celui-ci qui fait de petites transformations à son château, comme l'achèvement de la construction des communs et l'aménagement des jardins à la française.
Un endroit préservé
En 1788, Cany-Barville entre dans la famille de Montmorency-Luxembourg, avec le mariage d'Armande de Becdelièvre et de Christian de Montmorency.
Mais nous voilà peu avant la Révolution !
Mais le château doit être confisqué en tant que bien national... pourquoi ?
Monsieur de Montmorency fait partie des « émigrés », ces nobles qui quittent l'Hexagone pour échapper à l'échafaud (on en a compté près de 140 000 entre 1793 et 1800)...
Aah ça, madame n'est pas d'accord : pas question de perdre le château de ses ancêtres !
Alors, elle a l'idée de demander le divorce (une loi votée en septembre 1792, ça tombe bien) pour pouvoir garder Cany !
Armande fera de la prison, mais on lui rendra Cany en 1795 : mieux, elle parviendra à faire rayer son mari de la liste des émigrés !
Notre petit couple de divorcés pourra même se remarier en 1802 : ouf, tout est bien qui finit bien, non ?
Leur fils transforme ensuite une partie des jardins en parc à l'anglaise et ajoute l'escalier en forme de fer-à-cheval.
Et comme, je vous le disais, le château n'a pas été vendu et abîmé pendant la Révolution, vous pourrez voir les salons de réception très bien conservés, garnis de beaux meubles du XVIIIe siècle !
Il règne ici une atmosphère particulière, non ? Tranquille, légère, comme si le temps s'était arrêté...
Sources
- Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
- M.L. Sandret. Revue nobiliaire historique et biographique (tome 5 , série 3). 1880.