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Petite histoire du château de Blain à travers 5 personnages clés

Quand : 1386 - 1950

Le château | Selbymay / CC-BY-SA
Château Château de Blain

1 - Olivier de Clisson

Blain ! Autrefois une des places les plus importantes de Bretagne...

Construit par Alain Fargent, duc de Bretagne en 1105, c'est un grand quadrilatère autrefois entouré d'une muraille flanquée de 9 tours.

On trouve ensuite un Hervé de Blain en 1203, puis Olivier de Clisson hérite du château à la fin du 13e siècle.

Après le célèbre guet-apens du château de Vannes, Clisson préfère la sûreté de son château de Josselin et délaisse Blain.

On trouve encore aujourd’hui, parmi les 9 tours que compte le château, la tour du Connétable, construite en 1386, avec son toit conique.

2 - Isabeau d’Albret

Isabeau d’Albret se marie à Blain en 1535 avec René de Rohan. Ils s’installent au château, hérité des puissants Clisson.

Isabeau, c’est la fille du roi de Navarre, grande-tante du futur Henri IV !

Elle avait fait un voyage en Béarn chez Jeanne d’Albret, future maman d’Henri IV.

Là-bas, c’est la sœur de François Ier, Marguerite d’Angoulême, mariée à Henri II d’Albret (frère d’Isabeau) qui s’était laissée séduire par la réforme.

Réforme qui se développe lentement sur ces terres jusqu’en 1571, où le protestantisme devient la seule religion du Béarn.

Mais Isabeau ne se laisse pas tout de suite gagner par le protestantisme.

Elle attend quelques années après la mort de son mari en 1552 pour se convertir, et introduit la religion réformée dans son château de Blain.

A Blain, donc, on devient protestant. Comme d’autres familles nobles du coin, séduites par les idées de la Réforme depuis que le frère de l’amiral de Coligny, François d’Andelot, avait fait donner le tout premier prêche en terre bretonne dans son château de La Bretesche, en 1558...

On prêche à Blain pour la première fois en 1558, dans la grande salle du château : les protestants bretons viennent nombreux.

Oui, le roi avait donné à Isabeau l’autorisation de pratiquer sa religion chez elle, avec ses domestiques et tous les seigneurs qu’elle voulait !

Étonnant, non ? On ne l’obligeait pas à aller à la messe : le roi lui avait fait une dispense.

Le duc de Montpensier, de passage à Blain, s’étonne du nombre de huguenots présents.

Sur quoi Isabeau lance : « Hé, trouvez-vous donc étonnant qu’une fille de roi ait un si grand train ? »

Certains historiens considèrent l’Église réformée de Blain comme la première de Bretagne ! En tous cas, c’était la plus libre, sûrement en partie grâce à la haute naissance de madame.

Le Logis du Roy

Le Logis du Roy | ©Selbymay / CC-BY-SA

3 - Catherine de Parthenay

Elle naît en Vendée en 1554, dans une grande famille poitevine de Parthenay.

Poète humaniste, femme de la Renaissance qui parle le grec et l’hébreu, connaît les secrets des mathématiques et de l’astronomie...

Elle veut tout savoir des dernières nouveautés en matières de sciences, elle est passionnée, engagée pour sa foi, le protestantisme. Ferme, rebelle, elle résistera toujours.

Sa maman, déjà, Antoinette d’Aubeterre, est une grande femme d’esprit. On la marie jeune avec un Breton du nom de Quelennec, mais il meurt le soir de la Saint-Barthélémy.

Veuve à 19 ans, c’est un beau parti que tout le monde s’arrache ! Elle épouse Henri II de Rohan, seigneur breton et protestant : oui, sa maman, c’est Isabeau d’Albret, grande-tante du futur Henri IV, qu’on a vu ici au château, un peu plus haut !

Il lui apporte les châteaux bretons de Josselin et de Pontivy, en plus de Blain. Des endroits où elle établit des églises protestantes.

Il meurt des suites de blessure de guerre en 1586 à l’âge de 35 ans, laissant Catherine et ses 5 enfants à Blain.

Elle quitte Blain, bientôt menacé par un drôle d’énergumène du nom de Le Goust...

Elle y reviendra en 1598 et trouve un château endommagé, qu’elle tente de réparer du mieux qu’elle peut.

Et en 1627, on la retrouve aux côtés des huguenots de La Rochelle, face aux armées royales du cardinal de Richelieu, pour le siège de la ville.

Malgré son âge, elle résiste, encore : on dit qu’elle se contente sans broncher « pendant trois mois de chair de cheval et de quatre onces de pain par jour » !

Les Historiettes de Tallemant des Réaux disent :

« C’était une grande rêveuse. Elle avait une fantaisie la plus plaisante du monde : il fallait que le dîner fut toujours prêt sur table à midi. Puis quand on le lui avait dit, elle commençait à écrire si elle avait à écrire ou à parler d’affaires, bref, à faire quelque chose jusqu’à trois heures sonnées. Alors on réchauffait tout ce qu’on avait servi et on dînait. »

Un de leurs fils sera le futur duc Henri II de Rohan, le célèbre protestant dont le château de Josselin sera détruit par le cardinal de Richelieu.

Une des gargouilles du Logis du Roy

Une des gargouilles du Logis du Roy | ©Selbymay / CC-BY-SA

4 - Jean de Montauban dit Le Goust

Un chef protestant va assiéger Blain…

Les Rohan ont déserté Blain, ils demandent à leur voisin Le Goust, protestant comme eux, de venir occuper leur château.

Mais on est en pleines guerres de religion ! Mercoeur, le célèbre gouverneur de Bretagne de l’époque, chef des catholiques, décide de prendre Blain en 1585 et d’y mettre une garnison.

Le duc veut même attaquer Le Goust dans son propre château, en 1589. Mais pendant ce temps, Le Goust va prendre Blain que personne ne surveille plus !

Plus facile que ça, tu meurs... Mercoeur revient à la charge et tente un siège, mais en vain. Plusieurs sièges se succèdent.

Un collègue de Mercoeur a même l’idée d’amener dans le château la jeune sœur d'un des capitaines de Le Goust, la demoiselle de Salmonaye.

Elle prétend qu’elle s’est fait arrêter avec son père à cause de sa foi réformée, enfermée à Nantes, qu’elle s’est échappée et est venue pour mourir auprès de son frère.

Elle attrape une corde qu’on finit par lui lancer, avec laquelle on la hisse dans la cour.

Le Goust, méfiant, l'interroge.

Elle finit par avouer que c’est la duchesse de Mercoeur qui lui a promis une belle dot, si son frère livrait Le Goust... Bon, ça va ! Ce dernier en a assez entendu. Il va se venger de ces gens et de leur coup tordu.

Il renvoie la dame le jour même rendre compte aux catholiques que son frère va livrer Le Goust. Un capitaine va vérifier, sur place, et rassuré, fait rentrer ses hommes.

Ah ah... Le Goust peut prendre en otage une soixantaine d’hommes.

Ras-le-bol, trop d’échecs ! Mercoeur fait appel aux Espagnols : plus de 4000 hommes fondent sur Blain et Le Goust finit par se rendre.

On l’envoie aux galères, il s’en enfuit et on le fait prisonnier jusqu’à la toute fin du XVIe s.

Catherine de Parthenay qui rentre à Blain en 1599, retrouve son château complètement ravagé.

Elle demande, furieuse, la mort de ce Le Goust. Mais le roi Henri IV, lui, ne veut pas tuer un si brave soldat qui lui a toujours été fidèle... il lui offre même son pardon... Catherine a bien dû rager !

5 - Marie Bonaparte

Marie Bonaparte achète Blain au tout début du 20e siècle pour faire plaisir à un homme, celui qu’elle aime plus que tout au monde : le député Aristide Briand, dont la mère avait travaillé au château, quand il était petit.

Elle ne se sépare de la forteresse qu’en 1950, ruinée et âgée.

On lui doit la reconstruction du logis du Roy, de style Renaissance, avec ses gargouilles et ses hautes lucarnes.

Sources

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
  • Laurent Aguesse. Histoire de l'établissement du protestantisme en France. 1886.
  • Jean-Pierre Bourgeron. Marie Bonaparte. PUF, 2015.
  • F. M. Habasque. Notions historiques, géographiques, statistiques et agronomiques sur le littoral du département des Côtes-du-Nord. 1834.
  • L. Prevel. Le château de Bain, sa description, son histoire dans Annales de la Société académique de Nantes (tome XL). 1869.
  • Louis Chaudon. Dictionnaire historique, critique et bibliographique. 1804.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !