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Petite histoire du château d'Arlay en 4 anecdotes

Quand : 1386 - 1794

Le vieux château | Arnaud 25 / Public domain
Château Château d'Arlay

1 - Les princes d’Orange

Au 11e siècle, les comtes de Châlon acquièrent Arlay.

Grands seigneurs devenus riches grâce au commerce du sel du Jura, en 1386, le mariage de Jean de Châlon et de Marie des Baux fait tout basculer.

De riches, ils deviennent ultras puissants, car Marie leur apporte la principauté d’Orange, fondée au 12e siècle… en gros, une partie de l’actuel Vaucluse.

Mais la lignée s’éteint en 1530 avec Philibert de Châlon-Arlay : son testament indique qu’il nomme comme héritier René de Nassau, son neveu.

Sans héritier, il lègue Arlay à Guillaume de Nassau, prince d’Orange, le plus célèbre : c’est lui qui au 16e siècle lance la guerre contre les Habsbourg d’Espagne pour gagner l’indépendance de son pays, qui devient Provinces Unies, actuels Pays-Bas.

Le père de la patrie hollandaise ! Après 1678 et le traité de Nimègue qui cède la Franche-Comté à la France, les Nassau se désintéressent du château...

Les reines de Hollande, encore aujourd’hui, portent le titre de barones van Arlay !

Guillaume Ier d'Orange-Nassau

Guillaume Ier d'Orange-Nassau | ©Rijksmuseum / CC0

2 - Arlay et sa légende

Où l’on reparle des puissants princes de Châlon, qui avant de résider à Nozeroy, vivaient à plein temps à Arlay.

Festins, jeux, plaisirs, on ne faisait que bien vivre, au château.

À tel point, que l’endroit acquiert une réputation… ouuuh, sulfureuse !

Pour vous dire, les gens considéraient Arlay comme un genre d’Enfer sur terre et se mettent à l’appeler la « Diablerie d’Arlay » !

Le château du XVIIIe s

Le château du 18e s | ©Arnaud 25 / Public domain

Le jardin

Le jardin | ©Arnaud 25 / Public domain

3 - La fin tragique d'une comtesse

Le château classique actuel a été construit au 18e siècle par la comtesse de Lauragais, Pauline de Gand-Mérode-Isenghien, épouse de Louis-Léon de Brancas, comte de Lauragais.

C’est le maréchal d’Isenghien qui a donné le château à sa nièce, château que lui-même avait reçu de Louis XV en 1730.

Et en plus, les Isenghien sont des descendants des Châlon-Arlay !

Son mari la délaisse, il a une maîtresse, la comédienne Sophie Arnould.

Alors, la comtesse se lance dans la transformation de son domaine. Elle aménage le parc sur les restes de la vieille forteresse des comtes de Châlon, reconstruit le château tout beau tout neuf : au bout de 5 ans de travaux, la comtesse peut profiter de ce petit paradis.

Elle y mène une vie de reine, avec ses domestiques, ses bals et ses dîners dans le parc, ses chasses...

En 1788, elle se rend momentanément dans son château d’Oignies. Elle ne sait pas qu’elle ne reverra jamais Arlay... car la Révolution est là !

Accusée par un ancien domestique de correspondance avec la noblesse émigrée, on l’arrête, on l’envoie à Paris où elle finira sur l’échafaud, le 6 février 1794.

Et justement, retour au village d’Arlay, dans le presbytère, un jour de 1794...

Le curé constitutionnel, Pierre Simonin, qui venait de succéder à l’ancien (guillotiné comme « ennemi du peuple »), faisait dire une messe un peu spéciale dans le village, à la santé de sainte Guillotine... et pour célébrer la mort de la châtelaine d’Arlay, qui venait de mourir.

Le Château Vieux

Le vieux château | ©Arnaud 25 / Public domain

4 - Le bandit Lacuzon

Lacuzon ? Une légende court sur lui, à travers les montagnes brumeuses de Franche-Comté...

Né de parents cultivateurs vers 1607, il s’appelle Claude Prost.

Lui se fait cordonnier à Saint-Claude avant de se marier et de filer la petite vie parfaite et rangée de n’importe quel monsieur untel... sauf que.

Sauf que la France entre en guerre. En 1636, le cardinal Richelieu tente l’annexion de la Franche-Comté, aux mains des Espagnols : la guerre de Dix Ans, annonçant celle de Trente Ans menée par Louis XIV.

Une armée de 20 000 hommes est venue assiéger Dôle et sa région.

Lui qui n’avait rien d’un soldat, prend naturellement les armes contre les Français.

Mieux, son caractère fait qu’il prend la tête de sa propre armée : il devient Lacuzon, ce qui en patois veut dire mille chose, comme souci, vigilance ou taciturne.

Il devient ultra riche, mais on l’accuse de violences sur des femmes, de cruautés sur des hommes.

Et voilà comment il prend par ruse le château d’Arlay, alors aux mains des Français, en 1642, déguisé en vieux moine capucin...

Il a le temps de voir le traité de Nimègue qui annexe la Franche-Comté à la France, en 1678, avant de mourir on ne sait où vers 1681.

En 1810, dans la grotte de La Franée (39), un berger découvre un squelette, une épée espagnole dans la main. Serait-ce celui de Lacuzon, mort quelque part de dépit dans une grotte, après l’annexion ?

Sources

  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
  • Charles Thuriet. Traditions populaires de la Haute-Saône et du Jura. 1892.
  • Claude Seignolle. Contes, récits et légendes des pays de France (volume 2). Omnibus, 1997.
  • Adolphe Joanne. Itinéraire général de la France : Jura et Alpes françaises. 1877.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !