Reconstruction
Cette belle église de style classique se trouve aujourd'hui au cœur d'un quartier très fréquenté.
Elle détonne, au milieu du paysage ! La paroisse à laquelle elle est rattachée ne date pas d'hier, pourtant : elle a vu le jour en 1593 !
Une chapelle s'y construit au tout début du 17e siècle, mais il faut attendre un peu pour que l'église s'agrandisse : une première tour voit le jour en 1682.
Seulement, les travaux traînent trop, l'église tombe en ruine. Il serait trop risqué et trop cher de la restaurer !
Autant la démolir entièrement et en construire une nouvelle ! Chose faite dès 1719.
En juillet 1720, la première pierre est posée par l'un des fils du duc Léopold, Léopold-Clément.
C'est l'architecte Nicolas Jennesson qui s'occupe de la réalisation. Les travaux traînent encore un peu...
L'Histoire de Nancy de Christian Pfister nous apprend que l'architecte fait des histoires et traîne la ville en procès, car il veut être payé encore plus... c'est une manie, décidément !
Ils prennent fin en 1731.
La façade
La façade se compose de l'ordre dorique sur la porte et ionique au-dessus.
Des bas-reliefs représentent la Vierge et le Christ flanqués d'anges.
On voit aussi saint Nicolas en train d'opérer son miracle des enfants ressuscités dans le baquet (n'oublions pas que saint Nicolas est le patron des Lorrains).
On a plus loin saint Charles Borromée, la corde au cou. On doit toutes ces sculptures au Nancéien Joseph-Dieudonné Pierre.
Là, regardez : l'horloge installée en 1841 remplace les armes de Lorraine, martelées à la Révolution, sculptées par François Chassel...
Ne pas oublier bien sûr les deux statues : le duc Léopold en costume romain (on représente ainsi les grands de ce royaume, à l'époque de Louis XIV) et saint Sébastien, de Victor Huel.
La tour sud date de 1682, la nord de 1720.
Le tombeau de Girardet
À l'intérieur, une curiosité : le tombeau du peintre officiel de Stanislas, Jean Girardet, mort en 1778.
On peut encore voir ses peintures à l'hôtel-de-ville de Nancy ou son portrait de Stanislas au Musée Lorrain de Nancy.
Ses amis et sa famille décident de lui dédier un monument funéraire dans l'église. Pour cela, on ouvre une souscription.
L'argent récolté permet en 1801 au peintre Laurent de réaliser le portrait du peintre en médaillon, avec une scène d'un grand tragique : une statue du Temps veut recouvrir Girardet d'un tissu, mais l'allégorie de la Lorraine l'en empêche...
Des statues dues au ciseau du Lorrain Joseph Labroise.
On grave sur le monument ce « très modeste » hommage, rapporte L'Histoire de Nancy de Christian Pfister :
« Par ses rares talents, ses modestes vertus, Aux arts ainsi qu'aux mœurs il servit de modèle. Révéré des Lorrains, chéri de leur Titus, Cet artiste immortel fut l'émule d'Apelle. »
Une tranquillité retrouvée
À la Révolution, l'église se fait transformer en asile puis en magasin à fourrage !
Elle retourne au culte en 1801.
Au 19e siècle, le quartier change déjà de physionomie.
Mais un siècle encore après, quels bouleversements !
Le centre commercial vient se poser tout près, suivi d'un parking et de divers réaménagements, en 1970.
L'église elle, n'a pas bougé d'un poil, sereine au milieu de toute cette agitation...
Source
- Christian Pfister. Histoire de Nancy. 1909.