Un dauphin dans la pierre
L'église a remplacé l'ancienne chapelle du couvent des Augustins, en fait. Voici l'histoire : nous sommes en 1755.
La chapelle des Augustins tombe complètement en ruine.
Le chapitre décide donc de reconstruire une église dédiée à saint Louis.
On dédie la première pierre posée le 6 septembre 1759, au fils de Louis XV.
On y scelle même une plaque de cuivre portant les armes du dauphin et un texte en latin...
Dans la nef, on voit la copie de l'inscription :
« Louis, dauphin de France, fils du roi Louis XV, excellent prince, désirant favoriser le trône et l'autel, a posé la première pierre de l'église des Grands-Augustins, par la main de Marie-Eugène de Montjouvent, doyen des comtes de Lyon, en 1759. »
Néoclassique, vous dites ?
L'architecte guillotiné
C'est l'architecte Léonard Roux qui s'occupe d'établir les plans de Saint-Louis. Le style néoclassique, très à la mode à l'époque, paraît bien froid ici, vous ne trouvez pas ?
La lumière très blanche qui passe à travers les vitraux, les énormes colonnes très imposantes, le grand dôme... Bref !
Roux fait commencer le chantier, bientôt repris par l'abbé et architecte Joseph Janin, en 1789.
Quelques mois plus tard, on la consacre enfin. Mais la Révolution arrive !
Les Augustins sont mis à la porte et l'église est transformée en hôpital militaire, puis en entrepôt, pendant le siège de Lyon de 1793.
Janin lui, finit ses jours à l’échafaud en 1794...
Une confrérie pour la madone
Lors de son retour au culte, on dédie l'église à Notre-Dame-Saint-Louis-Saint-Vincent :
- saint Louis pour rappeler l'ancienne chapelle des Augustins ;
- saint Vincent pour rappeler l’ancienne église voisine démolie au 18e siècle, en même temps que la chapelle ;
- Notre-Dame pour évoquer l'église disparue de Notre-Dame-de-La-Platière.
En parlant de La Platière... Saviez-vous qu'il existait une confrérie dite de la Nativité, la plus ancienne de Lyon, qui s'y réunissait ?
Une fois l'église disparue, la petite réunion a lieu dans l'église Notre-Dame-Saint-Vincent !
La fête naît grâce à Innocent IV : en bisbille avec l'empereur Frédéric II d'Allemagne, le pape organise un concile à Lyon en 1245, pour l'excommunier.
Il décrète aussi que la fête de la Nativité de la Vierge aurait lieu, une fois par an (le 8 septembre) , dans l’église de La Platière... Fin de la parenthèse !
En cendres !
L'église abritait une belle collection d’œuvres d'art : des tableaux de Jean Jouvenet, de Jean Restout, des copies de Raphaël et de Van Dyck...
Oui, abritait, j'utilise le passé : car l'incendie qui ravage l'église en 1987 a réduit toutes ces petites merveilles à l’état de cendres (sans compter la destruction de la voûte et de l'orgue) !
Allez, on se consolera avec les belles statues de marbre des sculpteurs Fabisch et Dufraisnne, dont un roi Louis IX et une Vierge Marie.
Sources
- Jean-Baptiste Martin. Histoire des églises et chapelles de Lyon (tome 1). 1908.
- Léon Boitel. Lyon ancien et moderne (tome 1). 1838.
- Paul Saint-Olive. Article L'ancienne paroisse de Notre-Dame de la Platière. Mémoires de la Société littéraire de Lyon. 1867.