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Petite histoire de l'église de la Nativité de Bercy en 5 anecdotes

Quand : 1677 - 1871

Notre-Dame de Bercy | ©Guilhem Vellut / Flickr / CC-BY
Église paroissiale Église de la Nativité de Paris

1 - Les toutes premières églises

1677. Les habitants de Bercy étant très loin de leur église paroissiale, dans le Marais à Paris, un ancien avocat, Champion, donne sa maison de Bercy à des prêtres, pour y construire une église et un couvent.

Il s'agit de Notre-Dame-de-Bon-Secours !

Devenue trop petite et vétuste, elle est démolie en 1821. On la remplace par celle de l’architecte André Chatillon, au lieu-dit des Fonds Verts.

On la consacre en 1826, sous le nom de Notre-Dame-de-la-Nativité.

Notre-Dame de Bercy

Notre-Dame de Bercy | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

2 - Louis XIV et le géant

Un jour de 1704… On ne sait pas quelle mouche a piqué Louis XIV... qui a décidé d’aller entendre la messe, du côté de l’église Notre-Dame de Bercy !

En promenant son regard sur la foule, agenouillée dans l'église, il aperçoit un homme, au-dessus de toutes les têtes baissées, qui semble... debout.

Peu habitué à ce que l’on ne se prosterne pas devant lui, le roi envoie un garde corriger le malotru… quand on constate qu’en fait, le sagouin en question n’en est pas un !

Il est bien à genoux, comme tout le monde. Seulement, l’homme mesure « sept pieds deux pouces » (2,15 mètres), ce qui faisait que, assis ou à genoux, il dépassait les autres !

Il dit s’appeler Martin : il est vigneron du côté de Joigny, et vient à Paris de temps en temps, vendre son vin.

Après la messe, quand le roi demande à bavarder avec lui, le vigneron en profite pour se plaindre des soucis de péage et d’octroi, dont son commerce fait l’objet.

Le roi l’autorise à venir vendre chaque année son vin sur la grève de Bercy, en toute franchise de droit. Bercy et ses célèbres entrepôts de vins étaient nés !

Notre-Dame de Bercy : détail de la façade

Notre-Dame de Bercy : détail de la façade | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

3 - Il s'agit de la seule église incendiée dans Paris pendant la Commune

De quoi lancer un beau feu d'artifice

24 mai 1871. Vers 16 heures, les insurgés apportent de quoi faire brûler l’église : deux voitures pleines de poudre et de pétrole ! Un chargement déposé dans un magasin tout proche, en attendant.

Le jeudi 25, on apprend que les Versaillais approchent. Qu’ils viennent ! On les attend avec un feu d’artifice géant…

On transporte dans l’église « 9 tonnes en fonte et 3 en bois, contenant chacune environ 400 litres de pétrole ; 5 bidons d'essence minérale débouchés, pour favoriser le feu par la volatilisation du liquide ; une grande quantité de fusées incendiaires, et environ 200 kilogrammes de torches de résine. »

Tout le monde participe !

Tout le monde, hommes, femmes, enfants, se met à entasser dans la nef des chaises, de la paille en grande quantité, des bancs de bois. Bref, tout ce qui pouvait être inflammable.

Puis, on déverse les tonneaux de pétrole sur les murs et le sol, pour être sûr de ne pas rater son coup.

Des voleurs sont bien sûr de la partie, profitant du tumulte ambiant pour dérober des objets du culte... L'un d’eux renverra même un candélabre au curé, pris plus tard de remords !

Un incendie monstre

Bref ! On revient à 19 heures pour mettre le feu, avant de se planter autour de l’église, pour mieux assister au spectacle.

20 minutes plus tard, les verrières éclatent ; des jets de flammes de plusieurs mètres de haut jaillissent par les ouvertures béantes, et consument des wagons chargés de paille.

L’incendie est terrible ! La toiture s’effondre, soulevant un nuage de poussière, de fumée grise mêlée d’étincelles.

L’église brûle jusqu’à 5 heures du matin. La cloche, qui avait sonné le tocsin pendant trois jours, a complètement fondu.

Un horrible lynchage

L’incendie de l'église a fait une victime : un des trois pompiers de la caserne voisine, venu pour empêcher les gens de mettre le feu ; il se fait lyncher, avant qu’une femme lui colle une balle de revolver dans la tête.

Elle traîne ensuite le corps du jeune homme devant la porte de l’église, réduite en cendres...

Notre-Dame de Bercy : détail de la façade

Notre-Dame de Bercy : détail de la façade | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

4 - L'église actuelle

L’église actuelle date donc d’après l’incendie ravageur de la Commune, le 24 mai 1871. On la doit à l’architecte Antoine Julien Hénard.

Elle a été reconstruite au même endroit : elle n’a conservé de l’église précédente que les quatre murs, les seuls rescapés de l’incendie !

On doit également à l'architecte Antoine Julien Hénard la mairie du XIIe arrondissement, construite à la même époque… Elle aussi, a brûlé le même jour que l’église, en mai 1871 !

L'Assassinat de T. Becket (1748)

L'Assassinat de T. Becket (1748) | ©Hypsibius / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

5 - D'incroyables peintures françaises des 17e et 18e siècles

L’église abrite de beaux tableaux français des 17e et 18e siècles, comme :

  • La Samaritaine du grand Jacques Stella (1596-1657). Ce Lyonnais d’origine s’est fait un nom dans les scènes de vie domestique et les sujets religieux. Richelieu le nomme même « peintre ordinaire du Roi » !
  • L’assassinat de Thomas Becket de Jean Baptiste Marie Pierre (1714-1789). On lui doit un chef-d’œuvre dans une autre église parisienne, Saint-Roch : L’Assomption, dans la chapelle de la Vierge.
  • L’Annonciation de Daniel Hallé (1614-1675).
  • La Résurrection de la fille de Jaïre de Charles de La Fosse (1636-1716). Collaborateur de Charles le Brun, il travaille notamment au château de Versailles pour les plafonds des salons d’Apollon et de Diane, ou encore les fresques du dôme des Invalides.

Sources

  • Paul Fontoulieu. Les églises de Paris sous la Commune. 1873.
  • François Caradec. Guide de Paris mystérieux. Éditions Tchou, 2011.
  • Jacques Hillairet. Connaissance du vieux Paris. Éditions Princesse, 1963.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !