Une abbaye parisienne
En 365, saint Martin guérit un lépreux à Lutèce ; à l'endroit du miracle, on construit une petite chapelle, placée sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Suivent guerres, invasions normandes, famines, épidémies... bref, tous les fléaux possibles et inimaginables ! Mais l'abbaye résiste. Henri Ier la fait même reconstruire en 1060, pour les chanoines séculiers de Saint-Martin, des chanoines « qui vivaient dans la luxure et enlevaient les femmes de leurs voisins », nous disent les chroniques de l'époque !
Philippe Ier installe donc des moines de Cluny en 1078, à la place, et fait construire des remparts autour du prieuré. La tour médiévale qui se trouve à l'angle de la rue de Vertbois en est un vestige...
L'abbaye, avec ce changement, perd son titre et redevient simple prieuré... Pourtant Saint-Martin-des-Champs devient vite le pendant de Saint-Germain-des-Prés, sur l'autre rive ! Un centre culturel et religieux important, mais aussi très riche : il possède 33 églises, en 1096 ! Les moines ont, en plus, le droit de haute et basse justice, sur toutes leurs propriétés.
Grands changements !
Au moment de sa création, le prieuré se trouvait en dehors des murailles de la ville. L'enceinte de Philippe-Auguste (12e siècle) ne pallie pas au problème et le laisse encore à l'extérieur. Il faut attendre les travaux entrepris sous le règne de Charles V, en 1367, pour que le prieuré soit compris dans les murs d'enceinte.
Le prieur alors fait construire de hauts remparts flanqués de 21 tours, pour protéger le cimetière, les jardins et les bâtiments conventuels. L'abbaye devient conservatoire des Arts-et-Métiers en 1794, après avoir été transformée en école, puis en manufacture d'armes.
Ce qu'il reste de l'époque de sa fondation ? L'église et le réfectoire ! Les autres bâtiments ont été reconstruits par Antoine au 18e siècle, puis agrandis entre 1845 et 1897 par Léon Vaudoyer, et enfin restaurés par Henri Denoux peu avant la Première Guerre Mondiale.