Histoire de la ville close de Concarneau en 6 anecdotes

De 692 à 1680

ConcarneauConcarneau | ©Jean-Jacques Abalain / CC-BY

1 - Une fondation légendaire

La fondation de la ville remonte à loiiiiin... à en juger la légende, qui dit :

« Concar, fils d’Urbien, qui était en concurrence avec Gralon, fils d’Alain II, pour la souveraineté de la Bretagne, jeta, l’an 692, les premiers fondements de Conkernos ou Concarneau, dans l’île de Kung ou autrement Conq, qu’il avait conquise sur les Pictes, peuple barbare. »

En fait, le nom vient de Kerneau ou Kerné, qui signifie Cornouaille et de conq, « grande coquille » !

Remparts de ConcarneauRemparts de Concarneau | ©Calips / CC-BY-SA

2 - Un îlot fortifié

La cité fortifiée date des 15e et 16e siècles, construite sur un îlot.

Elle s’étend en longueur sur près de 400 m et en largeur sur près de 220 m !

Les premières fortifications connues datent du 13e siècle : on trouve un château relié à la terre ferme par un pont-levis.

« Petit-Château » (c'est son nom), mais grand potentiel !

Si, si ! Au 16e siècle, la cité devient la quatrième place-forte de Bretagne.

3 - Vauban à Concarneau

Vauban remanie la forteresse en citadelle imprenable au cours du 17e siècle.

En fait, la muraille actuelle date d'entre 1541 et 1577 ; le génial architecte militaire de Louis XIV n'a fait que renforcer la citadelle pour lui donner un rôle défensif majeur, à l'époque où il projette de fortifier tout le littoral français.

4 - Des noms très évocateurs !

Les remparts comportent bien des portes et des tours, qui chacune par leur nom évoque une histoire...

La tour au Vin, où on débarquait le vin d’Aquitaine, la tour des Larrons, du nom des voleurs qu’on conduisait de l’autre côté du rivage pour y être pendu, la tour de la Fortune, une des plus anciennes...

Tour du GouverneurTour du Gouverneur | Tour de l'Horloge | ©Gabriel LE NAOUR / Pixabay

5 - 1373, la soumission à Du Guesclin

Concarneau a subi bien des attaques, pendant sa longue histoire !

Celui de 1373, où du Guesclin, flanqué du duc de Bourbon et d’autres seigneurs, reprend la ville aux Anglais après avoir fait une brèche à un mur.

Le chroniqueur Froissart raconte :

« Le duc de Bourbon se présenta le premier à cette ouverture, les Anglais vinrent la défendre et le combat s’engagea de la main à la main. Celui qui portait l’enseigne du duc s’y jeta à corps perdu et reçut tant de coups qu’il tomba mort aux pieds de son maître. »

La ville allait se rendre quand la marée montante force les assiégeants à se retirer, en remettant la bataille au lendemain...

La nuit portant conseil, voyant qu’ils ne survivraient pas à un second assaut, les Anglais se rendent.

Tours du Maure, de la Fortune et du GouverneurTours du Maure, de la Fortune et du Gouverneur | ©GO69 / CC-BY-SA

6 - Le siège mémorable de 1576

Un autre siège, celui-là pendant les guerres de Religion. On est en 1576...

Une poignée de seigneurs huguenots complote pour prendre le ville-close.

Un matin frileux de janvier 1576, 30 cavaliers menés par un certain Kermassonnet déboulent aux portes de la cité encore toute endormie.

Un seul d’entre eux parvient à la grande porte, une lettre à la main, voulant parler au capitaine de la ville.

Il cause avec le portier, fait mine de faire tomber sa lettre : oups !

L'autre la ramasse, se redresse et... se fait mortellement poignarder ! Les autres en profitent pour se glisser dans la ville.

Ils enferment les gens chez eux, en chassent d’autres, neutralisent la garnison, et se répartissent la garde sur les remparts.

Ils attendent maintenant du renfort de la ville alliée de La Rochelle.

Mais surveiller l’horizon et garder les gens chez eux leur demande une l’énergie folle !

Épuisé après 4 nuits blanches, Kermassonnet finit par s'accorder un petit somme dans une des bicoques, les clés de la grande porte de la ville autour du poignet (de manière à ce qu’on ne puisse pas la lui prendre sans le réveiller) et un couteau à sa taille.

Mais vous savez quoi ?

Le proprio de la maison lui pique le couteau qu’il lui plante dans le cœur, puis les clés !

Il court en douce vers la porte de la ville, libérant par là même les armées de catholiques qui, planquées là depuis quelques jours, n’attentaient que ça !

Sources

  • Julien Trévédy. Essai sur l’histoire de Concarneau. 1908.
  • Jean Ogée. Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne (tome 1). 1843.
  • Concarneau par la petite porte. Le Télégramme, letelegramme.fr. 27/07/2002.
  • Édouard de La Barre Duparcq. Histoire de Henri III, roi de France et de Pologne. 1882.