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Petite histoire de la tour Pey-Berland en 5 anecdotes

Quand : 1440 - 1863

La tour | Orikrin1998 / CC-BY-SA
Tour Tour Pey Berland

1 - D'où vient le nom de la tour ?

Qui est ce Pey Berland à qui l'on doit cette haute tour, construite sous ses ordres en 1440 ?

L'archevêque de Bordeaux Pierre Berland, né en 1375 !

Pey veut dire Pierre, dans le patois du sud de la France…

Fils d’un cultivateur aisé, il fonde l’Université de Bordeaux et embellit la cathédrale bordelaise de Saint-André.

2 - Il s'agit du clocher isolé de la cathédrale

La tour Pey-Berland ? Il s’agit du campanile de la cathédrale Saint-André !

Construite sur un ancien cimetière existant depuis la fin du 11e siècle, ce clocher indépendant de sa cathédrale n’a rien d’étonnant dans le Sud-Ouest : il y a bien le clocher de Saint-Émilion.

Et tenez, à Bordeaux, on a aussi celui de la basilique Saint-Michel !

Avec sa chapelle sépulcrale au rez-de-chaussée, la tour Pey-Berland servait probablement également de lanterne des morts.

Avec ses 3 étages et sa haute flèche, l'édifice culminait à près de 80 m !

En tous cas, avant que la flèche ne soit détruite à la Révolution, en 1793.

3 - On a frôlé la destruction...

Le 23 avril 1793, le directoire du district de Bordeaux vend la tour Pey-Berland pour la somme de 18 000 francs à un sieur Lavalette, lors d’une vente publique.

À une condition : que l’acheteur démolisse, dans un délai de 3 mois, la tour et sa flèche !

Lavalette retrousse ses manches et s’attaque à la flèche : on dit même (témoin oculaire à l’appui) qu’il y va à coup d’explosif !

Le haut de la tour tombe, les débris recouvrant entièrement la place Saint-André.

Mais voyant l’ampleur de la tache qu’il lui restait, ne pouvant l’accomplir dans les 3 mois impartis, Lavalette prend tout ce qu’il peut comme matériaux, fer, plomb, bois, et laisse la tour en plan.

Le contrat est finalement résilié : l’État redevient propriétaire de l’édifice jusqu’en 1820.

4 - Le clocher transformé... en tour à plomb de chasse !

La tour Pey-Berland est vendue 5050 francs, en 1820, à un certain Bigourdan. Un industriel qui la transforme en tour à plomb, c’est-à-dire en fabrique de plomb de chasse !

C’est une reconversion industrielle monnaie courante, à l’époque !

Une tour à plomb, c’est une haute tour spécialement conçue pour la production industrielle de grenailles de plomb, de munitions.

Comment procédait-on ? Le plomb était monté au sommet de la tour sous forme de lingots fondus sur place.

On le faisait ensuite s’écouler du haut de la tour à travers une grille : on obtenait ainsi des gouttelettes de plomb qui s’arrondissaient et durcissaient pendant leur chute.

En bas, un bassin d’eau leur permettait de refroidir.

Du coup, n’importe quelle tour faisait souvent l’affaire : clochers d’églises, donjons... comme ici à Bordeaux.

En tous cas, il avait été stipulé dans le contrat de vente de Bigourdan qu’aucune altération ne pourrait être faite à l’extérieur, et que la tour ne « pourrait être démolie sous aucun prétexte. »

On retrouve pourtant toutes les croisées de la tour bouchées, et il faut « consolider tout l’intérieur de la tour, relever les voûtes, remplacer les pierres calcinées par les fourneaux de la fabrique de plomb, refaire l’escalier, la galerie, les quatre clochetons. »

Notre-Dame d'Aquitaine

Notre-Dame d'Aquitaine | ©Roland Tanglao / Flickr / CC0

5- Notre-Dame d’Aquitaine

En 1850, L’État rachète la tour 15 000 francs et la restaure.

À son sommet, en 1863 on installe une statue : celle de Notre-Dame d'Aquitaine, due au maître orfèvre Chertier.

« La statue de Notre-Dame d’Aquitaine a été érigée le jeudi 5 mars 1863, à 8 heures et demie du matin. L’opération avait été commencée la veille à 4 heures de l’après-midi, mais de crainte de rencontrer quelques difficultés pour la mise en place, on suspendit le hissage, lorsque la statue fut arrivée à la hauteur des dernières croisées de la tour. À cette hauteur, on l’appuya sur de fortes traverses, et l’on renvoya au lendemain 8 heures la continuation de l’ascension. Le jour suivant, les hommes se replacèrent au treuil, et à 8 heures et demie, tout était terminé. »

Sources

  • Louis Desgraves. Évocation du vieux Bordeaux. 1976.
  • Guide Joanne : de Paris à Bordeaux. 1879.
  • Hiérosme Lopes. L'église métropolitaine et primatiale Saint-André de Bordeaux (tome 1). 1882.
  • Étienne Barthe. Vie de Pey-Berland, archevêque de Bordeaux. 1863.
  • Dépliant-guide Tour Pey-Berland. Centre des Monuments Nationaux. 2019.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !