Petite histoire de la porte Saint-Georges de Nancy
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Quand : 1606 - 1879
Une porte bien décorée
Construite dès 1606, la porte s’appelle d'abord porte des Moulins, jusqu'à ce qu'on y place la statue équestre de saint Georges.
Outre Georges, on peut voir des sphinx et des statues allégoriques, par Jean Richier, un membre de la famille de Ligier Richier : vous le connaissez forcément, on lui doit le célèbre Transi de René de Châlon, à Bar-le-Duc !
Si on détaille un peu plus la façade, on se rend compte que l'attique portait les armes de Lorraine, martelées en 1792. On remarque aussi autour de l'attique deux hommes barbus dont les corps prennent la forme d'une feuille d'acanthe.
A côté, deux sphinx ailés. A côté encore, des figures allégoriques : un homme qui porte une corne d'abondance et une femme qui porte un caducée. Les figures du Commerce et de la Science, peut-être ?
Sur le piédestal, on a la statue de saint Georges à cheval qui foudroie le dragon de sa lance. Cette sculpture, on ne la doit pas à Jean Richier mais à Florent Drouin : un artiste qui réalise le tombeau du cardinal de Vaudémont dans l'église des Cordeliers !
Un tram, une démolition en vue
Au moment de la Révolution, la porte prend le nom de porte de la Fédération. Mais on n'y touche pas. La porte passe donc le nouveau siècle sans problèmes. Sauf que... au milieu du XIXe siècle, on perce deux petites ouvertures pour les piétons, sur les côtés de la porte.
Et on veut la démolir. Pourquoi ? Pour faire passer le tramway !
C'est l'Histoire de Nancy de Christian Pfister qui nous apprend l'histoire. Ça se passe en 1873. Une première ligne de tram voit le jour à Nancy. 5 ans plus tard, une seconde. Celle là, on veut la faire passer par la porte, car c'est le seul passage qui existe entre le centre-ville et la « banlieue » de Nancy.
Mais le tram pourrait à peine passer sous l'arc... La destruction devient indispensable, mais les historiens s'insurgent. Déjà qu'on a détruit la porte Saint-Jean !
La presse s'empare de l'affaire, un grand homme comme Victor Hugo écrit même :
« La porte Saint-Georges est à coup sûr, un des plus charmants édifices de la Renaissance. Toutes les villes de France seraient fières d'un tel monument. Il est impossible que la noble Nancy songe à s'en priver. »
Tout ce bruit aura porté ses fruits : les Monuments historiques décident de classer la porte en 1879. Sauvée ! Finalement, on décide qu'une nouvelle voie sera percée au nord du monument.
Et ça n'a pas empêché des immeubles de pousser comme des champignons juste à côté de la porte, mais bon...
Sources
- Christian Pfister. Histoire de Nancy. 1909.
- Charles Courbe. Les rues de Nancy du XVIe siècle à nos jours. 1886.