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Une petite histoire de la citadelle de Bonifacio : l’escalier du roi d’Aragon

Quand : août 1420 - janvier 1421

Escaliers du roi d'Aragon | ©Myrabella / Wikimedia Commons / CC BY-SA
Fortification Légende Citadelle de Bonifacio

Un escalier de pierre, sa falaise de calcaire… en pleine mer Méditerranée.

Vue sur la Sardaigne, les embruns pleins les yeux !

Après avoir descendu les 187 marches, directement taillées dans la roche calcaire, suivez le chemin creusé dans la falaise et longez les flots bleus, au raz des vagues.

La légende

Le siège d'Alphonse V d'Aragon

D’août 1420 à janvier 1421, le roi Alphonse V d’Aragon assiège la cité corse de Bonifacio pendant plusieurs mois.

Grâce notamment à cet escalier qui lui permet d’empêcher la ville de se faire ravitailler.

Un escalier de 187 marches aménagé en une nuit, dit la légende, par les troupes d’Alphonse.

Alphonse, dont le père Jacques II avait reçu du pape la royauté de la Corse...

Alors, ce siège ?

Alphonse fait fermer le port par une chaîne de fer et poster 5 navires attachés ensemble, plus une autre ligne de bateaux plus petits devant.

On ne pouvait plus ravitailler ni par la mer, ni par la terre !

Jusqu’au moment où la flotte génoise arrive en renfort, le 2 décembre 1420.

Un marin plonge alors pour couper les cordes reliant les bateaux après que les navires génois aient fait couler la première ligne de navires.

Les énormes bateaux se retrouvent alors à dériver vers le large.

Les Génois profitent du bazar ambiant pour ravitailler la ville. Alphonse lève le siège.

Les 187 marches de l'escalier

Les 187 marches de l'escalier | ©Mazycze / CC-BY-SA

La vérité !

Selon Mérimée...

Le célèbre inspecteur général des monuments historiques, Prosper Mérimée, met la légende à mal dans ses Notes d’un voyage en Corse (1840) :

« Il suffit de considérer la hauteur du rocher qui s’élève abruptement de plus de 200 pieds pour se convaincre qu’un semblable travail était absolument impossible à exécuter en présence d’un ennemi.
« On connaît la disposition singulière du port de Bonifacio dont l’entrée est si étroite qu’on la prendrait pour une rivière débouchant entre deux masses de rochers. Bloquer ce port, le fermer était chose facile.
« Les Aragonnais y parvinrent en tendant une chaîne d’un bord à l’autre de la passe. Sans doute les assiégés avaient prévu le danger longtemps d'avance et s’étaient ménagé le moyen de communiquer avec la mer du côté opposé au port.
« C’est évidemment dans ce but que fut taillé l’escalier qu’on attribue aux Aragonnais.
« Probablement les courageux Bonifaciens qui vinrent annoncer l’arrivée de la flotte génoise montèrent par ce chemin au lieu de se faire guinder par des poulies eux et leur esquif. »

Une histoire de moines

Une vérité nettement moins sympa que la légende... mais l’escalier de Bonifacio aurait été construit sur un temps beaucoup plus long qu’une simple nuit !

Par qui ? Les moines du couvent Sainte-Marie, afin d’accéder à une source d’eau potable (la source Saint-Barthélémy, en bas de l’escalier) ou simplement à la mer, « au moment où rentraient les pêcheurs qui leur devaient la dîme du poisson »…

Sources

  • Prosper Mérimée. Notes d’un voyage en Corse. 1840.
  • Gaston d'Angélis, ‎Don Giorgi. Guide de la Corse mystérieuse. Éditions Tchou, 1968.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !