Petite histoire de la cathédrale de Cahors en 6 anecdotes

De 1113 à 1890

La cathédraleLa cathédrale | ©Clément Bucco-Lechat / CC-BY-SA

1 - La Sainte Coiffe

La cathédrale de Cahors conserve une célèbre relique chrétienne : la Sainte Coiffe, le linge mortuaire qui enveloppait la tête de Jésus dans son tombeau, après sa crucifixion !


En fait, dans le rite funéraire antique, dans la religion judaïque, c’est un genre de bonnet qui entoure la tête du défunt et lui maintient la bouche avec une mentonnière (partie manquante, ici).


La tradition veut que Marie, maman de Jésus, tisse le voile.

Ses disciples le récupèrent après sa résurrection et l’envoient à Jérusalem.


Ensuite, il tombe entre les mains de Charlemagne, qui l'a probablement reçu de l’impératrice Irène de Constantinople. C’est Géraud de Cardaillac, évêque de Cahors, qui le rapporte de Terre Sainte en 1113.

La Sainte CoiffeLa Sainte Coiffe | ©Jules-joseph / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

2 - Le portail des vices et des vertus

Sur le portail nord de la cathédrale sont sculptées de petites frises de personnages chassant, faisant la guerre... ainsi que les vices affrontant les vertus.


Du coup, ne soyez pas choqués de voir des hommes enfoncer des pieux dans les fondements de leurs voisins !

Le portail nord : vices et vertusLe portail nord : vices et vertus | ©Vassil / Wikimedia Commons / Public domain

3 - À la recherche de l’autel coulé et disparu

1580. Sueur, odeur de poudre, sang. Les soldats d’Henri de Navarre, futur Henri IV, pillent la ville, cathédrale comprise. Le chef des protestants, le vicomte de Gourdon, fait emmener les marbres de l’autel du Saint-Suaire et du maître-autel.


On les charge sur des barques, hop, cap sur le château lotois de Cénevières. Mais l’embarcation qui transporte le maître-autel coule pendant la traversée du Lot… il n’a jamais été récupéré. Les recherches courent toujours !


L’autre autel ? Il arrive à destination au château et sert longtemps de « table dans un cabinet de verdure du jardin » (mazette) !

La façadeLa façade | ©Babsy / Wikimedia Commons / CC-BY

4 - Viollet-le-Duc l’a dit !

1842. Le célèbre architecte est chargé d’inspection de monuments dans le sud de la France, envoyé par les Monuments historiques, qui envisagent une restauration complète de la cathédrale de Cahors.


Pour lui, c’est un « monument confus et qui n'est terminé dans aucune de ses parties. Il est donc impossible de lui adapter un système complet de restauration, il faut se borner à l’entretenir et préserver chacun de ses détails de la destruction. »


Paul Abadie, nommé architecte diocésain en 1849, débarque pour prendre la suite et voir l’ampleur de la tâche. Oui, le Sacré-Coeur et Saint-Front de Périgueux, c’est lui ! Il faudra néanmoins attendre 1860 pour voir, enfin, le début des travaux.

Un chapiteau romanUn chapiteau roman | ©Vassil / Wikimedia Commons / Public domain

5 - Les peintures de la coupole

Revue de l’art chrétien (1891) raconte :

« D’après les renseignements recueillis dans les divers ouvrages des historiens du Quincy, les peintures de la coupole Ouest auraient été faites en 1275, par les soins de l’évêque Raymond de Cornil, comte et baron de Cahors, ou en 1300 par l'évêque Raymond de Gauchelle. Il est donc permis de croire que les peintures de la coupole sont de la fin du 13e siècle ou des premières années du 14e ; mais ce qui est certain, c’est que la décoration de la coupole Ouest est d’un très grand caractère, et qu’elle présente un exemple unique en France, croyons nous, de l’art décoratif au plus beau temps du 13e siècle, dont les belles traditions ont été suivies par les artistes de ce temps, et surtout dans les premières années du 14e siècle. »

On découvre ces magnifiques peintures en 1890, lors de travaux de réparations sur la coupole ouest. Amis des monuments et des arts (vol. 2, 1895) rapporte qu’on les retrouve sous… 6 couches de badigeon !


Mais que voyons nous ? La figure centrale de saint Étienne (patron de la cathédrale), en prière, en train de se faire lapider.

Autour de lui gravitent 13 personnages de la société médiévale : soldats, nobles, paysans.


Autour encore, 8 grands personnages de la religion chrétienne dans leurs compartiments : David, Jérémie, Ézéchiel… Tous foulent des monstres symbolisant des vices, tels qu’énoncés dans leurs prophéties.

Lapidation de saint ÉtienneLapidation de saint Étienne | ©MOSSOT / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

6 - Le cloître gothique

Reconstruit entre 1497 et 1553 dans le style gothique flamboyant, il est inachevé !


Parmi les rares sculptures rescapées des guerres de Religion et de la Révolution française, les deux pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle en grande discussion (ou dispute ?), ainsi que la jolie Vierge de l’Annonciation.

Cloître de la cathédraleCloître de la cathédrale | Cloître de la cathédrale, les deux pèlerins | ©MOSSOT / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Sources

  • Carmen Popescu. Réfection ou restitution ? La restauration des chapelles de la cathédrale de Cahors. In Histoire de l'art. 1998.
  • Abbé Montaigne. Notice historique sur la Sainte-Coiffe. 1844.
  • Justin Gary. La Sainte Coiffe, notice sur le saint suaire de Cahors. 1892.
  • La cathédrale de Cahors. Dépliant réalisé par la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie. 2019.