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Petite histoire de la basilique Saint-Martin d'Ainay

Quand : 177 - 1855

La basilique | Phinou / CC-BY-SA
Basilique Basilique Saint-Martin d'Ainay

Martyrs et immortels

Commençons avec un peu d'étymologie : d'où vient le nom Ainay ?

Il faut d'abord savoir que l'endroit où se trouve l'église s'appelle à l'époque romaine Athanacum.

Jusqu'au Moyen Âge, Athanacum forme une île, mentionnée en tant que insula Athanaco, dans les chartes du 12e siècle.

De riches marchands, surtout des négociants en vin, y vivaient.

Quant à savoir ce que signifie cet Athanacum, dont dérivera plus tard le nom d'Ainay, mystère...

  • Peut-être du grec athánatos, qui signifie « immortel » en grec, en référence aux martyrs des chrétiens massacrés à Lyon en 177 ?
  • ou bien, Athanacum, pour évoquer une probable athénée (sorte de lieu public où venaient discuter les philosophes) à Lyon ?
  • ou encore le mot celte athan, qui signifie cours d'eau...

Une puissante abbaye

Blandine, sa crypte et les Huns

Bref, quand je vous parlais de martyrs, les voilà : on trouve au tout début, à l'emplacement de l'église actuelle, une crypte dédiée à sainte Blandine et à ses 48 compagnons chrétiens, qui ont trouvé la mort lors de leur martyr.

Vers 330, un ermite du nom de Badulphe aurait construit une église dessus.

Détruite par les Huns à la toute fin du 4e siècle, rebâtie par l'évêque génois Salone vers 450 et dédiée à Saint-Martin, voilà les Sarrasins qui la détruisent une nouvelle fois !

Alors, l'évêque Aurélien la reconstruit en 830. C'est à ce moment qu'un prieuré voit le jour, la future abbaye.

En 954, l'archevêque de Lyon Amblard fait construire l'église actuelle, consacrée en 1106 par l'évêque Gauceraud et le pape Pascal II, de passage à Lyon.

La règle stricte de Saint-Benoît fait son entrée dans l’abbaye à la fin du 12e siècle, histoire de remettre de l'ordre dans la vie dissolue des moines !

L'ordre bénédictin y reste jusqu'en 1685, date de la sécularisation de l'abbaye...

Imprimerie à l'abbaye

Au Moyen Âge, le monastère devient vite très riche !

Il possède de nombreuses terres et prieurés (plus de 70, dit une bulle du pape Innocent IV) dans le Lyonnais, mais aussi partout en France et même à l'étranger.

L'abbaye possède même sa propre imprimerie, au 16e siècle !

À cette époque, elle se compose de l'église et de ses bâtiments conventuels, le tout entouré d'une puissante muraille.

Au nord, le cloître. A l'est, les bâtiments et leurs vastes jardins. A l'ouest, le palais abbatial.

Une partie de cet ensemble finit détruite par les protestants, en 1562.

Ils emportent avec eux le trésor de l'église, de nombreuses reliques parmi lesquelles figurent les cheveux de la Vierge et le corps de saint Badulphe...

L'église Saint-Martin

En 1685, la communauté bénédictine est dissoute et remplacée par des chanoines ; l'église devient paroissiale en 1690.

Après une rapide transformation en grenier à grains pendant la Révolution, l'architecte Pollet se charge de la restauration du monument, dès 1829.

Le plus gros chambardement consiste dans le remplacement de la charpente en bois par une voûte en briques.

Hé oui, c'est une église romane, mais on y trouve de vrais petits bijoux du 19e siècle, qui cohabitent avec des éléments architecturaux plus anciens...

Piliers romains et martyrs

Regardez un peu : avez-vous remarqué les grosses colonnes qui supportent le poids de la voûte ?

On dit que ce sont les piliers de l'ancien temple de Rome et d'Auguste, LE monument romain de l'antique site des Trois Gaules !

De l'époque romane toujours, voici la chapelle Sainte-Blandine (la crypte), par laquelle on accède par un petit escalier percé au 19e siècle, au sud-est de l'église.

La mosaïque au sol date de 1855. C'est là que les restes de Blandine et de ses acolytes reposeraient...

L'autel de cuivre doré

L'autel de cuivre doré | ©Romainbehar / CC0

Fresque et autel cuivré

Du 19e siècle, voilà, dans l'abside, la jolie fresque du Lyonnais Hippolyte Flandrin, réalisée en 1855.

Jésus au centre, se fait présenter Blandine et Clotilde par sa mère Marie ; à gauche se trouvent saint Pothin et saint Martin.

Du 19e siècle, aussi, le très bel autel réalisé par l'orfèvre parisien Placide Poussielgue-Rusand, sur les dessins de l'architecte des Monuments historiques, Charles-Auguste Questel.

Il est en cuivre doré et inspiré par l'autel de la cathédrale de Bâle (13e siècle), conservé au musée de Cluny (75) !

Sources

  • Article Les étymologies d'Ainay. Mélanges historiques et littéraires. 1868.
  • J.-B. Martin. Histoire des églises et chapelles de Lyon. 1908.
  • Jean-Baptiste Monfalcon. Histoire monumentale de la Ville de Lyon (tome 5, partie 1). 1866.
  • Jean-Baptiste Monfalcon. Histoire monumentale de la Ville de Lyon (tome 1). 1866.
  • Florent Dumas. Les traditions d'Ainay. 1886.
  • Jean-Baptiste Monfalcon. Histoire de la ville de Lyon (tome 1). 1847.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !