Bérengère de Navarre repose dans ce monastère qu’elle a fait construire et où elle finit doucement ses jours, le 23 décembre 1230...
Bérengère et la Sarthe
Hésitations légitimes...
Bérengère est la fille du roi de Navarre.
La Navarre, un petit royaume, mais dotée d’un énorme potentiel, attise la convoitise des plus puissants.
Le roi de Navarre a peur pour l'indépendance de son pays. Imaginez s'il tombait entre de mauvaises mains...
Voilà en partie pourquoi il hésite autant à marier sa fille aînée, Bérengère.
L'union avec les Plantagenêts
Mais voilà Richard Ier d’Angleterre. Le célèbre Cœur de Lion, issu de cette grande dynastie des Plantagenêts angevins devenus rois anglais par mariage !
Le bougre a 42 ans. Célibataire bien encroûté, il ne s’est jamais marié, malgré deux promesses de fiançailles…
La mère de Richard, Aliénor d’Aquitaine, finit par négocier la noce avec la fille du roi de Navarre.
Il était graaand temps de marier le petit. Faut-il encore qu’il ponde un héritier...
Affaire loin d’être gagnée, vu qu’entre les guerres, les croisades, la chasse et moult activités bien prenantes, Richard n’aura jamais le temps de faire d’enfants !
Du temps pour penser à son tombeau
A la mort de Richard, en 1199. Bérengère renonce à se remarier. Elle a 41 ans.
Son beau-frère, Jean sans Terre, la fait même carrément écarter du pouvoir.
Bérengère s’installe donc au Mans, dès 1204, dans la célèbre maison qui aujourd’hui porte toujours son nom.
A l’abri des histoires mesquines de la cour. Avec tout le temps qu’il faut pour songer à sa vie d’après. Il n’est jamais trop tôt !
En plus, Bérengère a un problème : sa belle-famille lui a refusé le « droit » de se faire enterrer dans la nécropole des Plantagenêts, à l’abbaye de Fontevraud.
Aussi se fait-elle construire le monastère de l’Épau, dès 1229, près du Mans, dans ce coin de France qu’elle aime et d’où vient la famille de son mari.
La tradition murmure qu’elle le fait pour obtenir l’absolution de certains rois Plantagenêts, à la vie bien trop dissolue...
Le gisant de l'Épau : bien des mystères !
Le gisant de la reine se trouve dans la salle capitulaire depuis les années 1960-70. Originellement, il se trouve dans l’abbatiale.
Il a en fait été redécouvert en 1816, puis transféré 5 ans après dans la cathédrale du Mans, avant de revenir à l’Épau, dans la salle capitulaire.
Mais si le gisant de la reine Bérengère se trouve bien là... on ne sait pas où se trouve son corps !
En 1960, on retrouve un squelette de femme d’une soixantaine d’années, intact, dans le sous-sol de la salle capitulaire.
60 ans, soit l’âge de la reine au moment de sa mort, en 1230.
Oui mais : on n’inhume jamais de reines dans la salle capitulaire d’une abbaye, mais dans l’abbatiale !
La tête a été séparée du corps. Il y a des traces tout autour du crâne, pouvant faire penser à une couronne, qui bien sûr a disparu.
Pillage révolutionnaire ? Aurait-on volé la couronne, décapité le corps et remis le tout à la va-vite dans un trou ?
Le père Michel Niaussat dans son livre L’abbaye royale de l’Épau (2017) indique qu’il pourrait s’agir d’une certaine Jeanne Langevine, qui avait demandé à être inhumée ici...
Source
- Article en ligne du quotidien Ouest-France. À l’abbaye de l’Épau, le gisant de Bérengère va déménager. 03/02/2018.