Les adieux du poète maudit
Une fausse tombe ? Celle de Nicolas Gilbert, poète lorrain du 18e siècle.
Tombe aussi connue sous le nom plus pompeux de « Sarcophage du Lacrymatoire. »
On y a gravé des vers (de poésie, bien sûr) de Nicolas, tirés de son poème Adieux à la vie :
« Au banquet de la vie, infortuné convive, J’apparus un jour, et je meurs. Je meurs, et sur ma tombe, où lentement j’arrive, Nul ne viendra verser des pleurs. »
Un poète maudit, Nicolas ! Car son truc à lui, c’est la satire.
Ce qui, bien sûr, lui attire une foultitude d’ennemis. Et Nicolas va mourir : accident, dit la version officielle.
Assassinat, hurlent les ragots !
Certains gus mal attentionnés voulaient le voir 6 pieds sous terre... pour qu'il ferme sa grande gueule (et range sa plume acérée) une bonne fois pour toute ?
Étouffé par sa clé
Voilà. En 1780, Nicolas a 29 ans.
Et c'est le drame : il fait une chute de cheval qui lui provoque un gros hématome à la tête.
On l’emmène en urgence à l’Hôtel-Dieu. Non, ce n’est pas l’hématome dû au choc qui le foudroie !
Le coup le remue et il alterne entre démence et lucidité.
Jusqu’à l’ultime crise de folie où il avale la clé de sa cassette (petit coffre bourré d'argent) et s’étouffe avec...
Il meurt 24 heures après l’ingestion, le 16 novembre 1780.
Le livre Œuvres complètes de Gilbert dit :
« On ne s’aperçut qu’après son décès de la véritable cause qui le faisait mourir. Effectivement, à l’ouverture de son cadavre, on trouva la clé engagée dans l’œsophage et arrêtée par l’anneau à un des cartilages aryténoïdes, qu’elle avait un peu endommagé. »
Ah, c'est ballot... Il est resté de ce pauvre Gilbert ce cénotaphe... et une expression, « mourir comme Gilbert en avalant sa clé » !
Sources
- Collectif. La Tortue d'Eschyle et autres morts stupides de l'Histoire. Éditions Les Arènes, 2012.
- Émile Gerards. Les catacombes de Paris. 1892.