Henri-Gatien Bertrand n'est autre que LE fidèle général de Napoléon Ier !
Il naît, vit et meurt à Châteauroux, dans cet hôtel particulier, aujourd'hui musée municipal.
1 - L'hôtel du grand-père
Cette belle maison date de 1762 : c'est le grand-père maternel du général Bertrand, Martin Bouchet, qui le fait construire.
Celui-ci occupe les fonctions de premier ingénieur du Roi et Inspecteur pour la France des Turcies et Levées.
Le père, Henry Bertrand, et le frère du général habiteront dans cet hôtel de style classique, avec sa rotonde donnant sur un agréable petit jardin...
Le général lui, y habite dès 1834.
2 - Bertrand le berrichon
La totale : le général naît et meurt à Châteauroux !
Bertrand voit le jour en 1763, au cœur du Château-Raoul (logement de fonction de son père). Il pousse son dernier soupir dans l'hôtel Bertrand, le 31 janvier 1844.
Bertrand est très attaché à son Indre natale : il y acquiert des terres, notamment à Laleuf et Saint-Valentin.
A son retour de la campagne d’Égypte, il donne même des noms évocateurs à des fermes voisines, comme le bois des Mamelouks ou Le Caire !
Il multiplie à Saint-Valentin les expériences agronomiques.
Il fait venir des fermiers mennonites de l'Est de l'Europe, dont les descendants vivent aujourd'hui dans l'Ohio, aux États-Unis !
3 - La statue de Bertrand à Châteauroux... et son détail gênant
Vous voyez la statue dans la cour de l’hôtel ? Oui, il s’agit du général Bertrand, sculptée par Marochetti.
Commandée par la ville, celle-ci la refuse très vite.
Choquée par un détail anatomique situé à l’entre-jambe du général. Hum, effectivement, ça pique les yeux !
Scandale ! La famille Bertrand finit par payer le sculpteur et, gênée, transporte l’œuvre dans le parc de leur propriété de Touvent, à Châteauroux même.
Pour la re-déménager plus tard dans la cour de l’hôtel...
4 - Un nom sous l'arc de Triomphe
Le général a son nom gravé sous l'arc de Triomphe, à Paris.
Car Bertrand est de toutes les batailles napoléoniennes : Austerlitz, Waterloo, Iéna...
Sans oublier celle d'Aboukir, en 1799 : Bertrand, 26 ans, se fait gravement blesser à la tête.
Il a son cheval brutalement tué sous lui, puis, la tête dans un gros bandage, il s'élance vers le fort d'Aboukir, où il reçoit une blessure à la cuisse !
5 - L'épouse de Bertrand... Irlande et rhum !
Bertrand épouse Fanny Dillon, fille d’une grande famille de nobles irlandais au service de la France, qu’on retrouve à différents postes importants.
Sa mère ? Il s'agit de la cousine de l’impératrice Joséphine, comme elle Créole de La Martinique... le rhum Dillon porte leur nom, d’ailleurs !
Le couple aura 5 enfants, dont un qui porte le prénom de Napoléon (bien sûr) et le petit Arthur, né à Sainte-Hélène.
Fanny annonce sa naissance à l'Empereur de cette façon :
« Sire, j'ai l'honneur de vous présenter le premier français qui soit entré à Longwood (maison de Napoléon à Sainte-Hélène, ndlr) sans la permission du gouverneur ! »
6 - Bertrand repose auprès de Napoléon Ier
Fidèle jusqu’au bout, Bertrand fait partie des 3 privilégiés à accompagner Napoléon jusqu'à son exil de Sainte-Hélène.
En 1840, lors de la cérémonie du Retour des Cendres, aux Invalides, Bertrand est chargé de placer l’épée d’Austerlitz sur le cercueil impérial.
Lui-même meurt à peine 4 ans plus tard, à l'âge de 70 ans, dans son hôtel castelroussin : son tombeau se trouve aux Invalides, près de Napoléon !
Quoi de plus normal pour le fidèle des fidèles qui a suivi son maître à l'île d'Elbe et à Sainte-Hélène...
7 - L'actuel musée Bertrand
L’hôtel abrite aujourd'hui le musée Bertrand : collections archéologiques, arts décoratifs, des momies, un célèbre reliquaire... et une collection en rapport avec Napoléon, bien sûr !
Si je vous dis qu’on y voit la volière que l’empereur possédait sur l’île d’Elbe ?
Sources
- Annette Surrault. De la campagne d’Égypte au Berry. 2012.
- Jean-Marie Couderc. Le Berry insolite. Éditions CDL, 2006.
- Jean Tulard. Dictionnaire Napoléon. Éditions Fayard, 1999.
- Arthur Bertrand. Lettres sur l'expédition de Sainte-Hélène en 1840. 1841.
- Général Paulin. Notice biographique sur le lieutenant-général Bertrand. 1847.
- Annette Surrault. De la Pologne au Berry le général Bertrand, grand propriétaire foncier. In Revue du Souvenir napoléonien, HS n°9. 2016.