Mystères et légendes de la grotte de Bédeilhac

L'entréeL'entrée | ©Franck-fnba / CC-BY-SA

On décolle ?

Une usine d'avions

L'Homme connaît la grotte depuis longtemps : normal, elle n'est pas cachée !

Son entrée est bien apparente, énorme cavité (près de 60 m de haut) creusée dans la montagne calcaire de Soudour !

Une gueule béante exhalant la fraîcheur des entrailles de la montagne pyrénéenne...

Fréquentée jusqu'à l'âge de Fer, elle accueille une usine d'avions, pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Même que les travaux d'aménagement ont bien fait souffrir la grotte... et ont fait disparaître quantité de vestiges archéologiques, inestimables !

Oui, car il a fallu aplanir et cimenter le sol, pour aménager des ateliers à l'abri des bombardements...

Un vestige de cette époque ?

La maison dans laquelle on prend ses billets d'entrée, en béton...

Un destrier des temps modernes

Toujours à propos d'avions, savez-vous la meilleure ?

En 1972 a lieu ici une grande première mondiale : un aviateur, Georges Bonnet, décolle et atterrit plusieurs fois à l'entrée de la grotte !

Son « destrier », le Rallye (c'est son petit nom), n'a « que » 10 mètres d'envergure et il ne dispose que d'à peine 200 mètres pour faire ses manœuvres.

Bonnet s'en sort comme un chef ! Et réitérera même son exploit 2 ans plus tard...

Le Rallye est aujourd'hui exposé sous le porche d’entrée de la grotte !

Une grotte qui attire du monde

M. Marcorelle fait le premier la visite de Bédeilhac et en donne la description en 1773 :

« La grotte est revêtue de stalactites et de concrétions pierreuses qui offrent aux yeux une infinité de figures bizarres singulières et que l'imagination prévenue rend peut-être encore plus merveilleuses le spectacle qu'elles présentent est pourtant frappant et propre à exciter la surprise. »

Il nous apprend même cette chose amusante :

« Au fond de la grotte de Bedeilhac est un ruisseau d'une eau claire et limpide. Après avoir coulé dans la grotte et y avoir parcouru une étendue de 60 pieds, il se perd sous terre : de la même grotte on tire une terre glaise propre à ôter les taches d'huile. Les gens du pays s'en servent pour les enlever et dégraisser leurs habits. »

Mais à l'époque, on n'a pas encore découvert les fabuleux trésors archéologiques que voici...

Mains, attributs sexuels et manteaux de fourrure

Jeux de mains

Nous voilà en 1906. Un petit homme s'affaire à l'entrée de la grotte. Vous le voyez ?

Il s'appelle Henri Breuil, mais tout le monde l'appelle l'abbé Breuil.

Mieux connu comme le « pape de la Préhistoire », c'est un grand préhistorien et anthropologue.

À Bédeilhac, il ne sait plus où donner de la tête ! Les découvertes sont nombreuses.

Parmi elles, l'abbé découvre des peintures préhistoriques.

Peintures pas comme les autres, plutôt rares... des empreintes de mains noires à pouces rouges !

Il en compte de deux sortes :

  • en négatif, la main entourée d'un halo de couleur. Un halo obtenu en appliquant la main sur la paroi et en projetant la peinture autour.
  • en positif : la main est enduite de peinture et appliquée sur la roche.

Il découvre aussi des gravures sur argile, uniques en leur genre : elles mettent en scène des bisons dont un est marqué de deux trous faits avec le doigt.

On a même des sexes féminins très schématisés !

La mort emprisonnée

Un autre homme, l'abbé André Glory, découvre quant à lui en 1945, à l'entrée de la grotte, un squelette.

L'individu, d'une trentaine d'années, mesure environ 1,50 m : son crâne est conservé au musée de Foix.

Petite particularité, le squelette a été trouvé en position accroupie, avec les jambes serrées contre la poitrine.

Ses muscles ont été comprimés, ses membres désarticulés, aussi, comme s'il avait été ligoté...

Est-ce un rite funéraire ?

Le moyen de retenir l'âme du mort, pour qu'elle n'erre pas à jamais ?

La Dame au manteau fourré

Mais les découvertes ne s'arrêtent pas là. Voilà peut-être la plus originale : on retrouve entre autres trésors une petite statue de femme sculptée... dans une dent de cheval !

On reconnaît bien la silhouette, la tête aussi, flanquée de ce qui ressemble à une capuche et des « poils » sur les côtés.

Oui, la femme porterait un vêtement de fourrure, bien parée contre les rigueurs de l'époque magdalénienne !

On peut la voir au parc de la Préhistoire, à Tarascon-sur-Ariège.

La visite de Bédeilhac

La visite dure entre 1h et 1h30. 1 heure de pure évasion !

Les concrétions prennent les formes les plus folles : c'est fou, la force de la nature et du temps !

Regardez : on voit le confessionnal, la chaire, une file de moines, la cloche (qui frappé, fait un bruit sourd, parait-il), les orgues, tous les lustres et les draperies...

Puis vient le tombeau de Roland, imposant, un vrai colosse...

Roland ? Son tombeau ? Mais, il vient faire quoi, ici, le preux chevalier de Charlemagne ?

Selon la légende, Roland aurait été enterré dans la grotte.

Lui qui s'est battu à Roncevaux, a laissé son armure à Blaye... son corps se trouverait ici !

La preuve peut-être avec ce bénitier, une stalagmite arrondie et creusée dans lequel goutte l'eau ?

Sources

  • Pierre Minvielle. Guide de la France souterraine. Éditions Tchou, 1970.
  • Marie Seurin. Article en ligne du quotidien La Dépêche. Bédeilhac-et-Aynat : l'avion se terre dans sa grotte. 05/07/2010.
  • M. Marcorelle. Article Voyage souterrain ou description des grottes de Lombrives et de Bedeilhac. Mémoires de mathématique et de physique. 1773.
  • Abbé Glory. Article Tombe d'un squelette accroupi gisant à Bédeilhac (Ariège). Bulletin de la Société préhistorique française. 1950.
  • Article Grotte de Bédeilhac sur le site Hominidés (hominides.com), édité par Christian Régnier.