Jean de Berry
Le fils du roi
Une motte féodale existe à l'emplacement du château depuis le 9e siècle. Oh, rien de bien grandiose !
Juste une forteresse primitive construite en pierres et en bois...
En 1209, les Courtenay prennent possession des terres et font construire une forteresse.
Mehun se retrouve ensuite donné à Jean de Luxembourg roi de Bohême, puis à Jean duc de Normandie.
Le gendre de celui-ci, c'est le roi Jean II le Bon. Jean a un fils.
Vous le connaissez sûrement ! Il s'agit du duc Jean de Berry, le 3e fils de Jean II, né en 1340.
Duc, mécène, Jean a du goût
Duc en 1360, il endosse alors son plus grand rôle, celui de mécène.
Il faut dire qu'il dispose d'une armée d'artistes qui travaillent pour lui, venus d'Italie et de France !
Il possède dans ses palais (à Mehun surtout) de somptueuses collections.
Dont une superbe bibliothèque de 300 manuscrits précieux, riches en enluminures et ornés de fermoirs incrustés de pierres précieuses...
Un homme de goût, Jean, dont Christine de Pisan dit :
« Il se délecte et aime gens subtils, soient clercs ou autres, beaux livres des sciences morales et histoires notables de polices romaines ou d'autres louables enseignements, moult aima et volontiers on vit tous ouvrages subtilement faits et par maîtrise beaux et polis, ornements riches, beaux édifices dont a fait faire maint en son pays, à Paris et ailleurs. »
La cour du duc se tient à Bourges (18) surtout. Mais près de Bourges, il dispose de son beau château de Mehun, sa demeure favorite !
Les travaux colossaux de Dammartin
Difficulté... de taille
Mehun échoit donc à Jean de Berry en 1360 : les grands travaux d'embellissement peuvent commencer...
Jean veut bien faire les choses. Il s'entoure d'une pointure, son architecte Guy de Dammartin qui va réaliser pour lui son palais de Bourges.
Alors, le duc n'hésite pas à lui confier une tâche quasi insurmontable : transformer la vieille forteresse en une demeure luxueuse et confortable.
Mais surtout, le château étant construit sur un promontoire très étroit, Dammartin ne peut ni l'agrandir ni le raser pour en construire un nouveau (volonté du duc) !
Ce qu'il faut ? Construire en hauteur, voilà la difficulté...
Dentelle de pierre !
Entre 1367 et 1390, Guy de Dammartin fait percer de magnifiques fenêtres à meneaux, retravaille finement les mâchicoulis, ajoute de la hauteur aux tours déjà présentes, grâce à des sortes de grands belvédères.
Ce qui donne un beau contraste entre les tours austères médiévales en partie basse et les pignons, épis de faîtages et grandes fenêtres sur la partie haute !
À l'époque, les tours étaient surmontées d'une corniche à mâchicoulis, elle-même surmontée d'un étage abritant une salle voûtée.
Sans oublier les toits très travaillés, flanqués de girouettes.
Le résultat ? Un décor de dentelle de pierre, du jamais vu encore !
Les Très Riches Heures
Mehun devenait un modèle de ce que l'on faisait de mieux, à l'époque...
On peut voir la représentation du château par Pol de Limbourg dans les Très riches heures du duc de Berry (aujourd'hui au musée Condé de Chantilly).
On voit un monument tout en finesse, avec ses tours élancées, fines, couvertes de sculptures, reliées entre elles par un chemin de ronde.
Au pied du château, imaginez que le duc avait aménagé une ménagerie (dite de Gandebert) peuplée de bêtes sauvages.
L'eau de l'Yèvre (alors navigable) coulait tout près et servait de profonds remparts en eau.
Le chroniqueur Froissart, qui vient à Mehun en 1385, dit que le château était « l'une des plus belles maisons du monde. »
Le duc de Berry « y avait excellemment fait édifier, et avait bien coûté 300 000 francs. »