This website requires JavaScript.

Marie-Madeleine : péripéties en Provence et reliques à l'odeur surprenante

Sarcophage de Marie-Madeleine | Rvalette / CC-BY-SA
Basilique Relique Légende Basilique Sainte-Marie-Madeleine

Marie-Madeleine : pécheresse, va !

Tout commence avec une certaine Marie-Madeleine...

Marie de Magdala, Marie la Magdaléenne, vous connaissez ?

Elle naît dans un château au bord du lac de Tibériade, en Galilée.

C'est une princesse de sang royal, mais ça ne l'empêche pas de vivre une vraie vie de débauche !

Jusqu'à ce qu'elle rencontre Jésus et entende ses sermons.

Là, révélation : finie, la vie de patachon... elle abandonne tout et le suit ! Pas pour rien qu'on la dit l'épouse du Christ...

Après la mort de Jésus, Madeleine se regroupe avec saint Sidoine, saint Maximin, sainte Marthe et d'autres et traversent ensemble la Méditerranée pour arriver en Provence, aux Saintes-Maries-de-la-Mer.

Madeleine décide de se détacher du groupe et de partir seule.

Seule, sous le soleil de plomb, à marcher dans la caillasse, la poussière, des jours et des jours durant !

Au bout d'un moment à arpenter la forêt, elle trouve la grotte de la Sainte-Baume.

Humide, pas bien accueillante... mais ça ira : Madeleine ne veut pas d'un 4 étoiles, elle veut... le rachat de ses fautes passées, faire pénitence !

La grotte sera parfaite. Et la voilà qui s'y retire pour le restant de ses jours !

Elle y passe 30 ans, seule, en prière constante, ne mangeant que des racines et buvant l'eau de pluie, le corps uniquement couvert de ses longs, très longs cheveux...

Au bout de ces années de pénitence, Madeleine s'éteint.

La légende dit que son corps se fait transporter par les anges à la Sainte-Baume, pour reposer aux côtés de son ancien compagnon devenu premier évêque d'Aix-en-Provence, saint Maximin.

Leurs proches avaient construit un tout petit oratoire pour protéger leurs tombeaux.

C'est dans cet édifice que les pèlerins commencent à affluer en masse. Le pèlerinage ne se tarira pas de sitôt !

Alors, quelques siècles plus tard, des moines de l'abbaye Saint-Victor de Marseille menés par saint Cassien, qui se devaient de garder les reliques, taillent dans le roc un escalier assez rudimentaire, mais qui permettait d'accéder facilement à la grotte.

C'est cette grotte qu'on transformera en chapelle des siècles plus tard...

La basilique

Le secret des échanges de reliques

Nous sommes au Ve siècle, les pèlerins viennent toujours plus nombreux.

Mais les Sarrasins déboulent dans la région au début du VIIIe siècle ! Chaos. Destruction...

Ils saccagent tout sur leur passage.

Heureusement, ils ne trouvèrent jamais les tombeaux des 2 saints !

Il faut dire que les moines les avaient dissimulés sous des tonnes de sable et de terre...

Et pour encore plus de prudence, ils échangèrent la sépulture de saint Sidoine avec celle de Madeleine !

Comment bien brouiller les pistes...

Provence-Bourgogne : match nul ?

Jusqu'à ce qu'au XIe siècle une rumeur assez folle ne dise que les reliques de Marie-Madeleine se trouvent en fait... dans la basilique de Vézelay, en Bourgogne !

Les moines bourguignons n'en démordent pas : ils ont obtenu les reliques de saint Maximin en personne !

Troublé par ces doubles reliques, l'évêque d'Autun décide d’interdire le pèlerinage de Vézelay.

Décision annulée par le pape Pascal II quelques temps après...

Même si un léger doute subsiste encore, on a admis que les reliques de Madeleine se trouvent bel et bien en Provence.

Les reliques qui sentent le fenouil

Un beau jour de 1279 pourtant, le futur comte de Provence Charles d'Anjou remet à jour le tombeau de la sainte à Saint-Maximin en Provence !

On dit qu'en ouvrant le tombeau de Marie-Madeleine, il en sortit une odeur « balsamique » et on trouva... un plant de fenouil tout vert qui avait poussé sur sa langue !

Le Guide de la Provence mystérieuse détaille :

« Lorsqu'on ouvrit le tombeau, il se répandit une suave odeur de parfums, comme si l'on eût ouvert un magasin rempli d'essences aromatiques... La langue, au milieu des ossements arides de ce corps, et malgré l'absence de l'os maxillaire inférieur, fut trouvée sans corruption, desséchée mais inhérente au palais, et il en sortait un rameau de fenouil verdoyant... »

Et au-dessus de l’œil gauche, un reste de chair... le front de Madeleine touché par Jésus le matin de sa résurrection ?

La relique resta toute rose jusqu'en 1780, date à laquelle elle tomba et se racornit...

Du coup, d'Anjou décide de faire bâtir une basilique plus grande sur les restes de l'église mérovingienne.

Construite par son architecte Pierre, c'est encore le plus grand bâtiment gothique de Provence avec ses 74 m de long et 37 de large !

Puis d'Anjou fait venir des moines Dominicains pour garder les reliques : il faut leur faire construire un couvent, ce grand bâtiment en forme de fer à cheval collé à la basilique.

Avec cette redécouverte, les pèlerinages reprennent de plus belle, vous pensez !

Source

  • Jean-Paul Clébert. Guide de la Provence mystérieuse. Éditions Tchou, 1968.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !