Le cloux Germolles
Germolles n'est, au 12e siècle, qu'une grosse ferme, comme le prouvent les titres des seigneurs du fief : « Guillaume de Germolles, damoiseau, sire de la Grange de Germolles. »
On y trouve même des vignes réputées, le cloux Germolles !
À partir de septembre 1381, la duchesse de Bourgogne Marguerite de Flandre prend possession de cette terre.
Guillaume de Germolles l'avait vendue en 1378 à Philibert Paillard, bailli de Dijon et chancelier de Bourgogne.
Puis en 1383, celui-ci la cède à la duchesse.
Aah, elle va l'aimer, son château... c'est qu'elle n'avait pas de maison bien à elle.
Son premier mari, Philippe de Rouvres, lui avait laissé en Bourgogne les châteaux de Montbard et Talant...
Mais ils ne lui appartenaient pas vraiment. Germolles, ce sera son refuge, son petit Trianon avant l'heure !
Une maison confortable
Elle se fait construire son château sous la direction de Drouet de Dammartin, maître-maçon qui a travaillé sur le chantier du Louvre, à Paris.
Les étables sont nettoyées afin que maître Robin Picquet puisse tailler les pierres « pour les ouvrages du chastel », à l'abri du mauvais temps !
La duchesse s'installe même avec ses enfants dans l'ancien logis de la maison-forte, pour surveiller l'avancement des travaux.
Très peu commode, mais Marguerite s'en fiche. Elle tient à se mêler de tout, pour que tout soit parfait...
Son château sera confortable, bien agencé : Marguerite avait fait installer des étuves, dans le palais ducal de Dijon ! Hé bien, elle désire la même chose à Germolles...
Chardons et marguerites
Elle fait appel aux meilleurs artisans de la cour de Bourgogne, pour la décoration intérieure : Claus Sluter, Jean de Baumetz, Jean de Marville...
Ce décor intérieur, quasiment disparu aujourd'hui, était sans pareil : un certain Arnould Picornet s'en occupe.
- Il réalise 180 brebis peintes dans une pièce ;
- Des chardons, des P et des M blancs (Philippe et Marguerite), avec la devise « Y me tarde », dans une autre ;
- Des roses blanches et vermeilles mêlées de marguerites décorent une autre...
En plus, Sluter réalisera en 1396 un grand groupe sculpté représentant Philippe et Marguerite sous un orme avec des moutons... statues aujourd'hui perdues.
Porc-épic et cerises
Non contente de son petit palais, la duchesse demande à son mari de suggérer au roi de France Charles VI de passer, à l'occasion... chose qui arrive en février 1390.
Quelle belle fête, alors ! À l'image des fastes des ducs bourguignons !
Et pendant ce temps, Marguerite joue à la fermière.
La duchesse de Bourgogne élève dans son domaine des vaches et des moutons, entourée de ses chiens, de son porc-épic et de multitudes de petits oiseaux exotiques !
La vigne continue de produire du vin. On cultive fruits et légumes, dont de beaux cerisiers plantés en 1386 par « Pinot le Refieu, demeurant à Beaune. »
De beaux restes !
Les travaux achevés en 1396 et la somme de 375 000 francs payée, Marguerite meurt en 1405, laissant son domaine à son fils Jean sans Peur.
Ses propriétaires le négligent, et Germolles sombre dans l'oubli... comble de la malchance, un incendie le détruit partiellement à la fin du 19e siècle.
Ne restent aujourd'hui que le corps de logis, la chapelle et le châtelet d'entrée.
On visite quoi ?
C'est l'un des rares témoignages qu'il nous reste des ducs de Bourgogne.
La seule résidence encore debout en France ! On entre par le châtelet d'entrée, très imposant, très médiéval.
Puis, voilà la basse-cour où l'on voit encore la maison du sieur de Mollencourt, intendant de Marguerite de Flandre !
Ensuite les chapelles, puis on entre dans le château : on découvre la garde-robe de Marguerite avec ses murs peints, la cuisine, un salon avec une belle cheminée signée Claus Sluter...
Sans oublier le parc créé au 19e siècle à l'emplacement de la roseraie de Marguerite !
Sources
- Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
- Le château de Germolles et Marguerite de Flandre. In Mémoires de la Société Éduenne (tome 40). 1912.