Sa statue
Carhaix, c'est la patrie de La Tour-d'Auvergne. Marin, corsaire... et Breton !
La ville lui devait bien un petit monument à son effigie. C'est une statue réalisée par Marochetti.
Elle représente La Tour sur un piédestal, tenant son sabre sur son cœur, la main droite tendue vers son fusil.
Sous sa statue, les armes de La Tour et celles de la ville de Carhaix.
On voit deux bas-reliefs, la prise de la ville de Chambéry et la mort de La Tour en Bavière.
Mais qui se cache derrière ce nom, derrière la figure de « premier grenadier de France » ?
Corret et sa particule
De son nom complet Théophile-Malo de La Tour-d'Auvergne-Corret, notre héros voit le jour à Carhaix en 1743.
Son père, jurisconsulte, s'appelle Olivier Corret, sa mère Jeanne-Lucrèce Salaün.
Théophile fait ses études au collège de Quimper, puis au Prytanée de La Flèche.
Il entre encore tout jeunot en 1763 chez les mousquetaires noirs.
Le voilà sous-lieutenant dans le régiment d'Angoumois.
Mais il n'est pas noble, Théophile. Et ça, dans l'armée de l'époque, ça fait tache !
Il s'appelle simplement Corret... alors, il ajoute le nom « de Kerbauffret » avec la particule pour paraître plus noble.
Mais non, cela ne suffit pas aux yeux des gens.
Bon... alors pourquoi ne pas ajouter le nom de La Tour-d'Auvergne ? se dit Théophile.
Pourquoi ce nom en particulier ?
Parce qu'en 1777, il s'est trouvé un descendant dans cette famille : par Henri Corret, fils naturel de Henri de La Tour-d'Auvergne, duc de Bouillon et d'Adèle Corret !
Un héros !
Avec son patronyme, tout nouveau tout beau, il décide d’intégrer l'armée espagnole : il y signe son premier fait d'armes !
Cela se passe pendant le siège de Port-Mahon.
Il sauve d'une mort certaine un officier salement blessé, qu'il ramène sur son dos à l'abri.
En récompense, le roi d'Espagne lui offre une belle pension de 3 000 livres et une décoration : celle de chevalier de l'ordre militaire de Charles III.
Mais Théophile, modeste, n'accepte que la décoration...
Arrive la Révolution. Il devient capitaine des grenadiers en 1792. Il a alors 50 ans.
Il signe sa plus belle victoire, celle de la bataille de Chambéry en Savoie !
Passage en prison
Puis il décide de rentrer en Bretagne, mais son bateau se fait faire prisonnier par les Anglais.
On lui ordonne de quitter sa cocarde tricolore, lui refuse fermement, préférant y laisser sa peau !
Résultat, voilà Théophile conduit en Angleterre, en tant que prisonnier et enfermé.
On le libère en 1797...
En prison, il écrit son livre Origines des plus anciens peuples de l'Europe, puisées dans leur vraie source, ou Recherches sur la langue, l'origine et les antiquités des Celto-Bretons de l'Armorique, qu'il publie aussi sec en regagnant la France, en 1797 !
Usé, mais toujours sur la brèche
À peine a-t-il regagné ses pénates qu'il apprend que le fils d'un vieil ami à lui, Le Brigant, va être envoyé à la guerre.
Le dernier fils qu'il lui reste, vous comprenez ! Les autres ayant fait office de chairs à canon...
Théophile se présente au Directoire et demande à ce que ce soit lui, qui remplace le fils de son ami.
Il a 56 ans. Il est bien fatigué, usé avant l'âge, mais il part tout de même à la guerre en Suisse, en 1799...
Napoléon lui offre un siège au corps législatif et le titre de « premier grenadier de France. »
Théophile n'accepte qu'un sabre d'honneur... lui qui disait :
« J'ai 800 livres de revenu, quelques livres, de bonnes armes. C'est beaucoup pour un grenadier en campagne, c'est assez pour un homme qui ne s'est pas fait de besoins dans sa retraite. »
Modeste, va ! Et le voilà qui s'en va en guerre.
Le conflit fait rage en Allemagne, La Tour part avec ses troupes de l'armée du Rhin.
Une semaine à peine après son arrivée, il meurt le 27 juin 1800, touché au cœur par un soldat de l’armée autrichienne, à Oberhausen en Bavière...