Qui a dit... « Pourvu que ça dure » ?
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Quand : 1810
Elle s'appelle Laetitia Bonaparte, née Ramolino.
Et cette phrase, devenue expression célèbre, c'est à elle qu'on la doit !
Sources : Biographie universelle et historique des femmes célèbres (1830) / Madame Mère, Napoléonis mater (H. Larrey, 1892).
Késaco ?
La phrase date de 1810. On la doit à l’unique, la seule, j’ai nommé la mère de Napoléon Bonaparte : Laetizia Ramolino.
Elle la prononce en parlant des victoires et des succès de son fils.
Oui, pourvu que durent victoires, succès politiques, et tout l’argent qui va avec !
Car pour comprendre l’expression, il faut se mettre trois secondes dans la peau de la mère inquiète et radine de l’empereur...
Le contexte
Le fils reproche à sa mère « son économie passionnée ». Toute la famille, les amis l’accusent « d’une parcimonie voisine de l’avarice » !
Hé, que voulez-vous : huit enfants, une maison à gérer, ça coûte des sous.
En 1787, Napoléon, venu passer des vacances à Ajaccio dans la maison familiale, croise une jeune villageoise dans l’escalier qui lui offre un fromage frais.
Il lui donne un écu de six livre, pour la remercier. Oooh, malheur : Laetizia fulmine, tempête !
Napoléon « saisit sa chère maman par la taille et lui fit faire, malgré elle, un tour de valse, qu’elle eut peine à lui pardonner. »
Après la mort du père Bonaparte, Charles, le grand-oncle Lucien est chargé de gérer la très petite « fortune » de la famille.
Lui aussi est radin, autant que Laetizia ! Napoléon dit qu’il cachait son or dans un sac de peau, sous ses matelas...
Un jour, Pauline, une des sœurs de l’empereur, réussit à piquer le sac, qui s’ouvre en répandant toutes les pièces par terre. Lucien en est ma-lade, tiens, pendant que Laetizia fonce pour ramasser la moindre petite pièce !
C'est bien simple : « Plus on gaspillait l’or autour d’elle, plus elle restreignait ses propres dépenses. »
Tenez : un jour, on lui propose l’achat d’une terre coûtant 30 000 francs. Hors de question !
Elle dit : « Je suis obligée de coumouler pour l’avenir ; que sait-on ce qui peut arriver ? »
Aaaah, ça, elle avait beaucoup pensé à l’avenir, Laetizia.
Pensé à ce que la chance tourne toujours, aux revers de médaille, aux bonheurs fugaces déjà évanouis à peine empochés… et quoiqu’elle reconnaissait le talent et le génie de son fils, elle savait que rien ne durerait.
Elle disait : « Tout cela peut finir, et que deviendront des enfants dont la générosité imprudente ne regarde ni en avant, ni en arrière ? Alors ils me trouveront. »
Car même en 1804, son Nabulio devenu empereur et elle nommée Madame mère, son esprit n’était toujours pas tranquille.
À en croire l’archiduc Charles-Louis d’Autriche, elle disait vers 1812 : « Pourvu que cela doure ! »
Et à une dame qui lui reprochait ses économies trop importantes : « Qui sait si un jour je ne serai obligé de donner du pain à tous ces rois ? »
Et quand Napoléon devenu empereur exprimera sa volonté de voir ses proches dépenser les grosses sommes qu’il leur avait offertes, il prend sa mère à part et lui dit gravement : « Signora Laetizia, il convient que vous dépensiez un million par an. »
La Corse répond : « Je le veux bien, à condition que vous m’en donniez deux » !