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Louis XIV

Louis, place d'Armes, Versailles | Kasra karimi / CC-BY-SA
Louis XIV

Aujourd'hui, c'est le mémorialiste de Louis XIV, le duc de Saint-Simon, qui répond à nos questions !

SOMMAIRE

1 - Petit aperçu de la vie de Louis XIV 2 - Le château de Versailles : plein soleil ! 3 - La vie de la Cour à Versailles 4 - A la table du roi Soleil 5 - La mode et l'hygiène sous le roi Soleil 6 - Louis et ses maîtresses

Petit aperçu de la vie de Louis

Anecdotrip : Alors, entrons tout de suite dans le vif du sujet ! Avec le début du règne de Louis...

Le duc de Saint-Simon : Louis-Dieudonné, le bien nommé ! Il faut dire que ses parents l'ont attendu, ce cadeau du ciel... 23 ans, plus précisément. 23 ans pour que la reine Anne d'Autriche donne un dauphin à la France (et un fils à Louis XIII, accessoirement !) le 5 septembre 1638, Louis pousse son premier cri à Saint-Germain-en-Laye.

A peine âgé de 5 ans, le voilà qui succède à son père, en 1643, sous la régence de la reine, de Mazarin et du frère de Louis XIII, Philippe d'Orléans. Ca commence à en faire, du monde ! Son enfance sera marquée par l'exil et la révolte de la Fronde. Une fois rentré à Paris, son gouverneur, le maréchal de Villeroy, et son précepteur l'abbé Péréfixe de Beaumont tâchent de s'occuper de son éducation. Louis est élevé au milieu des dames de la Cour. On a tellement négligé son éducation qu'il sait à peine lire à 15 ans ! Ensuite, vient le traité des Pyrénées signé avec l'Espagne en 1659, qui prévoit entre autre chose le mariage de Louis avec l'infante Marie-Thérèse d'Autriche...

Et puis, en mars 1661, Louis décide de gouverner seul ! Seul, avec Colbert, Louvois et Fouquet. Euh, non, pas Fouquet... ce surintendant des finances un peu trop gourmand finira brisé par le roi. Ses fêtes à Vaux-le-Vicomte ont surpassé 1000 fois celles de Versailles, il a tenté de séduire Mme de La Vallière, que le roi aime...

Oh, ça ne va pas bien ?! Louis voit rouge et le fait arrêter à Nantes en septembre 1661. Voilà Colbert qui lui succède. Avec lui, des réformes financières (baisse de la taille, l’impôt direct, mais augmentation des impôts indirects comme la gabelle), la création de la compagnie des Indes, la création de routes, de canaux, de manufactures.. Et ensuite ?

La France se porte bien entre 1661 et 1683, grâce à Colbert. Et puis, les problèmes économiques et militaires apparaissent. Déjà, Colbert meurt en 1683 !

Ensuite, des guerres interminables embrasent l'Europe : guerre des Réunions (1683-84), face à l'Espagne, guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697). Interminables et très, très coûteuses ! Et puis la triste révocation de l’Édit de Nantes, en 1685. Ah ! Alors, qu'est-ce qu'il disait l'édit de 1598, signé par Henri IV ? La liberté de culte pour les Protestants, pardi !

Mais voilà, au 17e siècle, Louis se dit qu'ils ne sont plus nombreux, dans son royaume, les Huguenots ! Que ce vieil édit ne sert plus à rien... Révoquons-le, alors ! Oui, sauf qu'il en reste encore près d'un million, de protestants ! Suivent des persécutions et des conversions forcées : les pauvres persécutés prennent la fuite en Suisse, en Hollande. A l'étranger, on voit ce roi tout-puissant d'un très mauvais œil ! Pour qui se prend-il ?

Tout ça débouche sur la guerre de la Ligue d'Augsbourg, donc, qui n'est que l'opposition des puissances protestantes contre la politique de la France... C'est la crise, quoi !

Mais oui ! Une crise dramatique : la guerre coûte cher, on doit lever des impôts monstrueux pour la financer ; le peuple crève littéralement de faim, à cause des températures glaciales qui ont saccagé les récoltes entre 1692 et 1693 : on pratique en plus la monoculture, et ça, c'est une technique très risquée par les temps qui courent ! Vous savez quoi ? Le peuple ne l'a pas pleuré bien longtemps son roi, à sa mort, responsable de tous leurs malheurs... Et sa santé ? On peut dire qu'il a la santé la plus mauvaise de tous les temps !

Oh là là... Déjà, Louis a de très mauvaises dents ! Dès 1685, celles du bas sont toutes cariées et celles du haut... et bien, il n'en a pratiquement plus. Elles lui font horriblement mal, alors son médecin D'Aquin lui prescrit de l'essence de girofle. Sur un abcès, il lui met un cataplasme de mie de pain. Du coup, après tous ces problèmes, Louis a à sa mâchoire inférieure « un trou qui toutes les fois qu'il buvait ou se gargarisait, portait l'eau de la bouche dans le nez, d'où elle coulait abondamment comme d'une fontaine. Ce trou s'était fait par l'éclatement de la mâchoire arrachée avec les dents, qui s'était cariée et causait quelquefois des écoulements de sanie de mauvaise odeur. » Et puis, c'est un gros mangeur, qui doit prendre des purgatifs pour prévenir « l'épaississement du sang et des humeurs » ! Le matin, il prend son petit couvert ou très-petit couvert selon sa faim et sa santé, repas qui se compose de beaucoup de plats et de 3 services !

Le tout dure une heure. Il mange moins pour le souper et on lui prépare un « en-cas de nuit » avec viandes froides, pâtisseries et sucreries. Le grand couvert est plus rare, on l’organise en général juste pour les fêtes. Par exemple, le repas du marquis de Louvois dans son château de Meudon, offert au frère du roi et au duc de Chartres, compte 11 potages différents, 11 entrées, 13 hors-d'œuvre pour le premier service ; 24 plats de rôts pour le second ; sans compter les 24 plats d'entremets et les 11 hors-d’œuvre de légumes, d'omelettes, de crèmes, de foie gras et de truffes... plus le dessert ! Je ne vous parle pas des indigestions, dont Louis souffre régulièrement, sans compter les rhumatismes, les coliques néphrétiques, les migraines, les maladies de peau, le ver solitaire (ah ? Ca expliquerait sa façon de manger !)...

Mais bon, malgré ses problèmes de santé et son appétit féroce, Louis est tout de même mort à 77 ans, un sacré record pour l'époque ! On mourait plutôt vers 50 ans. Le roi heureusement est un grand cavalier, un chasseur, bref, un homme actif qui se dépense aussi beaucoup au travail... Louis aime les fêtes, le faste !

Oui ! Prenez l'entrée à Paris du roi et de la reine, après la paix des Pyrénées. On avait construit au bout du faubourg Saint-Antoine un trône gigantesque soutenu par des colonnes et tendu de tapisseries.

Ce trône éphémère construit en plâtre en 1670 sera détruit en 1716, mais on en trouvait 3 autres au cimetière Saint-Jean-en-Grève (quartier du Marais), au Pont Notre-Dame et sur la place Dauphine. Le roi et la reine, couverts de bijoux et d'étoffes précieuses, font leur entrée suivis d'une foule immense, gentilshommes, pages, officiers, maîtres d'hôtel... Aussi, le carrousel de 1662 (qui a donné son nom à la place entre le Louvre et les Tuileries) organisé par le roi : les 5 et 6 juin, des milliers de gens s'y pressent. Courses et défilés de chars s’enchaînent.

Le roi habillé en romain commande la quadrille des Romains, son frère celle des Perses, le duc d'Enghien celle des Indiens... La reine distribue les prix du plus beau quadrille : une boîte à portrait incrustée de diamants ! Mais la plus belle fête, c'est celle des « Plaisirs de l'Ile Enchantée » qui commence le 7 mai 1664.

Promenade dans les jardins, collation, puis représentation de George Dandin dans un théâtre de verdure.

Après, les invités passent dans une pièce toute rafraîchie par des jets d'eau : ils dînent, 300 personnes sont là. On passe dans la salle de bal, on danse puis au milieu des jardins commencent des illuminations et un grand feu d'artifice. La fête dure 3 jours : Vigarani s'occupe des décors, Le Nôtre des paysages de verdure, Toricelli des feux d'artifice.

Le château de Versailles : plein Soleil !

Alors, après le papa (Louis XIII), voilà le fils aux commandes du château de Versailles !

Mais oui ! En 1665, Louis décide d'agrandir le château de son père, qu'il n'a jamais pu se résoudre à détruire.

Pourtant Colbert dit : « Tout ce que l'on projette de faire n'est que rapetasser ce qui ne sera jamais bien. Tout homme qui a du goût trouvera que ce château ressemblera à un petit homme qui aurait des gros bras, une grosse tête, bref, un monstre en bâtiment. » Louis charge Le Nôtre de l'aménagement des jardins, Le Brun pour la décoration, Le Vau pour l’architecture. Sans oublier tous ces hommes, anonymes, qui ont durement travaillé sur ce chantier colossal...

Donc, entre 1661 et 1666, Louis charge Le Vau de transformer le château : le modeste corps de logis de son père se voit flanqué de colonnades et de bustes romains. Il fait construire des communs (cuisines) et une ménagerie aujourd'hui disparue. Entre 1666 et 1684 commencent l’aménagement et la décoration des appartements royaux par Le Brun. Entre 1683 et 1715, voilà la dernière phase des travaux, avec la construction de l'orangerie et du Grand Trianon, et l'agrandissement du château par Jules Hardouin-Mansart : construction de l'aile des Ministres en brique et pierre, création en plein milieu du château de la galerie des Glaces, aménagement des Petites et des Grandes Ecuries : chevaux de trait dans la première, chevaux de selle dans l'autre. En tout cas, les appartements sont très vite meublés ! Les Relations des Assemblées faites à Versailles (1683) rapportent sur les Grands Appartements : « Rien ne peut être plus beau dans le monde, plus magnifique, ni plus surprenant...

Figurez-vous quel est l'éclat de 100 000 bougies dans cette suite d’appartements ; je crus que tout y était embrasé, car un grand soleil au mois de juillet est moins étincelant. Les ameublements d'or et d'argent avaient encore leur éclat particulier, comme la dorure et les marbres. Toutes les décorations étaient somptueuses. » Ah, juste un mot sur la ménagerie... C'est en 1663 que le Louis la fait construire. Tous les animaux sont « achetés pour le plaisir du roi » ! En 1668 arrive un éléphant offert par le roi du Portugal. Il meurt après 13 ans de captivité. On trouve un tigre et 3 tigresses, un lion, un ours, un élan, un crocodile... On n'en avait jamais vu avant en France ! Bref. Versailles devient le centre du pouvoir royal, il lui faut donc une ville digne de ce nom ! Dès 1671, Louis s’attelle à cette tâche, pour la « gloire de la nation » : il donne des terrains à ses gentilshommes, à eux de faire construire des hôtels. En plus, les nouvelles constructions sont exemptées de taxe ! On aménage aussi les 3 grandes avenues qui aboutissent au château, les avenues de Paris, de Sceaux et de Saint-Cloud. Et les jardins ?

Le château se trouve sur une butte, il faut donc faire de grands travaux de terrassement pour pouvoir aménager ces jardins. C'est Le Nôtre qui agrandit le parc de Louis XIII. Mais une fois les bassins construits, on se rend compte que l'eau des étangs voisins ne suffit pas à les alimenter !

On prendra finalement l'eau dans la Seine : c'est la fameuse machine de Marly, réalisée par Rennequin, une gigantesque pompe à eau composée de 221 pompes, qui doit faire monter les eaux de la Seine sur l'aqueduc de Marly et les amener à Versailles. En 1683, après 7 ans de travaux, on se rend compte que ça ne suffit toujours pas. Mais comme le roi vient de faire construire un château à Marly, et bien, tant pis, l'eau ira là !

D'où le nom de machine de Marly...On construit alors un aqueduc au château de Maintenon, dans l'Eure : il coûte des sommes astronomiques... et la vie à bon nombre d'ouvriers. Il devait faire plus de 5 000 mètres, mais la guerre arrive en 1688 et les travaux prennent fin. Finalement, on y arrive : Noailles, dans son Histoire de madame de Maintenon, écrit : « Par un vaste système de rigoles et d'aqueducs souterrains présentant un développement de 50 lieues, on parvint à recueillir et à transporter à Versailles les eaux de pluie et de fonte de neige qui tombent sur une surface de 8 lieues de long sur 4 de large. » Je crois avoir entendu dire un jour qu'on ne s'ennuyait pas, sur le chantier de construction du château !

Ah, ça... Près de 30 000 ouvriers travaillent à la construction de Versailles. Un chantier colossal, bien difficile, par tous les temps...

Les hommes ont besoin de réconfort ! De nombreuses prostituées commencent à affluer sur le chantier. En un rien de temps, voilà nos ouvriers atteints de vérole ou de syphilis, incapables de travailler ! Une épidémie... Le roi chasse les filles de joie hors de son château, dont les jardins en devenir sont devenus de vrais lupanars. Il fait signer un édit qui interdit ces filles et menace les hommes d'avoir les oreilles et le nez tranchés s'il les surprend en galante compagnie !

Alors, les filles vont voir si j'y suis dans la ville de Versailles, s'installant dans des maisons signalées par des lauriers. Louis voir rouge : il fait fermer ces maisons, enlevant le laurier... ce qui donnera naissance à la fameuse chanson « Nous n'irons plus au bois, les lauriers sont coupés » !

Si vous croyez encore après ça que c'est une comptine pour enfants...

Et puis, c'est l'installation de la Cour...

Oui, en mai 1682 !

La Cour à Versailles

Ah, justement, la Cour à Versailles, ça donne quoi ? L'étiquette, d'abord.

Savez-vous d'où elle vient ? C'est Philippe le Bon, duc de Bourgogne, qui l'instaure le premier au 15e siècle. Toutes les cours d'Europe l'adoptent au 17e siècle, mais en France, c'est sous le règne d'Henri III qu'elle refait son apparition.

Le roi Soleil la porte à son apogée à Versailles... le but ? Etablir une distance entre le souverain et ses courtisans et codifier le moindre geste ! A Versailles, on suit l'étiquette à la règle.Tenez, prenez le lever du roi ! Voilà ce que disent mes Mémoires sur le cérémoniel du lever et du coucher... 8 h du matin : le premier valet de chambre, qui avait couché dans la chambre du roi, le réveille.

Le premier médecin entre et procède à un examen. 8h15, le grand chambellan ouvre le rideau du lit et présente au roi encore couché l'eau bénite. Tous ces messieurs s'en vont et le roi se lève, le grand chambellan lui donnant sa robe de chambre. Ensuite rentre « tout ce qui se trouvait de plus distingué, puis tout le monde connu ». Le roi « se chaussait, se peignait, se lavait et s'habillait sans table de toilette devant lui ; on lui tenait seulement un miroir ». Ensuite il prie, les prêtres et cardinaux à ses côtés à genoux. Puis le roi passe dans son cabinet. Il y donne le programme de la journée.

Tout le monde sort, et le roi reste avec sa famille. Même chose après dîner ! Le roi entre dans sa chambre avec toute la cour puis il passe dans son cabinet avec la famille royale. Il y reste une heure avant d'aller donner à manger à ses chiens. Et hop ! Il revient pour se coucher et revoilà le cérémonial du « grand coucher ». On fait quoi, à Versailles, pour s'amuser ?

Le roi, en dehors des ballets et des feux d'artifices, organise 3 fois par semaine, l'hiver, entre 19h et 22h, les « soirs d’Appartements ». Qu'est-ce que c'est ?!

Une soirée de divertissements organisée pour ses courtisans ! On assiste à un concert, puis on joue au billard ou à la loterie, tout en buvant : dans le salon de l'Abondance, les courtisans peuvent se désaltérer avec des boissons fraîches.

Et même quand le roi passe ses soirées chez Mme de Maintenon ou à travailler, les courtisans sont obligés de participer à ces soirées de jeux ! Dans le salon de Diane, le roi aime jouer au billard. La Palatine (sa coriace belle-sœur) dit : « On va au billard et on se met à plat ventre, sans que personne dise un mot à l'autre... » Le roi joue et ces dames regardent, quoi ! Charmant...

En cette fin de 17e siècle, on adore le billard plus que tout ! Un billard qui ne ressemble pas du tout à votre jeu actuel ! Mais plutôt à un mélange entre golf et croquet...

Dans le salon de Mars, on y joue beaucoup les soirs d'Appartements. Le roi ayant interdit les jeux d'argent, on joue d'autant plus à Versailles ! On hurle, on jure, on tape du poing, et surtout... on y perd des sommes colossales. Oh, et puis, vous savez quoi ? Versailles est tellement insalubre à l'époque !... On vit dans des pièces sans lumière, sans air. Et on y meurt de froid l'hiver... brrr !

En 1695, M. Babeau dit : « A Versailles, le vin et l'eau gelaient dans les verres, à la table du roi ; Mme de Maintenon se calfeutrait dans un fauteuil à oreilles pour éviter les courants d'air ».

Louis aussi, dans ses Grands Appartements, grelotte autour de ses paravents au coin de sa cheminée. Mme de Maintenon grelotte encore plus ! Elle dit dans une lettre : « Si j'habite encore longtemps la chambre du roi, je deviendrai paralytique : il n'y a ni porte ni fenêtre qui ferme. On y est battu d'un vent qui vous fait souvenir des ouragans de l’Amérique. »

Oui, et à la table de billard, justement, on gèle sur place ! Surtout cet hiver de 1694, où les courtisans portent des manchons pour se réchauffer les mains une fois qu'ils ont joué ! On organise aussi de belles fêtes : en 1664 d'abord, avec les « Plaisirs de l'Ile Enchantée », 600 personnes y assistent ! Oh, celle là, aussi, magnifique, où la république de Venise envoie au roi des gondoles qu'on fait voguer sur le grand canal flambant neuf, avec des musiciens à bord !... Louis y ajoute ses propres bateaux, dont une galère et 9 luxueuses chaloupes. Imaginez un peu le tableau ! Versailles devait grouiller de monde, dites donc...

Un peu, oui ! On compte alors près de 3 000 personnes au château : la famille du roi, ses courtisans (marquis, ducs...), ses domestiques et tous les gens attachés au service du roi et de la reine : Grand Aumônier, Grand Chambellan, Grand Ecuyer...

Par exemple, la cuisine nécessite près de 300 personnes : panetiers, échansons, marmitons dirigés par le Contrôleur Général de la Bouche. Primi Visconti parle d'« un bruissement continuel » ! Vous voyez un peu pourquoi ?Tenez : prenez la galerie des Glaces. Elle grouille sans arrêt de monde : tout le monde peut y venir, les badauds espérant y apercevoir la famille royale !

Certains jours de fête, les carrosses venant de Paris créent de véritables embouteillages à Versailles ! Comme quoi... ce n'est pas nouveau ! Et évidemment, avec une telle foule, les pickpockets agissent comme ils l'entendent...


A la table du roi Soleil

Comment se passent les repas de la Cour et ceux du roi ?

Quand le roi soupe, on lui présente son verre toujours couvert et les plats sont goûtés. Entre chaque plat, on lui donne une serviette humide pour qu'il s’essuie la bouche.

Louis mange alors seul (avec son public !) au petit couvert, dans sa chambre, sur une petite table carrée couverte d'une nappe avec de l'argenterie dont poivrière et salière ; ou avec la famille royale, au grand couvert.Pas de fourchettes à table ! Louis XIV les déteste. Il mange les plats en sauce et autres soupes avec ses doigts, sa cuillère et son couteau !

Et quelles soupes ! Franchement copieuses : par exemple le « potage à la royale », à base de blancs de perdrix, de croûtons, de pistaches et de jus de veau.

On sert ensuite les entrées, comme du jambon cuit au four, avec clous de girofle, sucre et cannelle ; on sert comme accompagnement des salades de toute sorte, couvertes d'herbes aromatiques et de fleurs. Ensuite, les entremets, comme les omelettes aux pieds de porc, les beignets de fruits, les pâtisseries comme pâtés de viande ou massepains parfumés...

Ces plats sont généralement très parfumés : on aime se parfumer à la Cour, et bien, on met du parfum dans la viande, les desserts, les sauces : eau de rose, musc, ambre... en poudre, en crème.

Quoi, beurk ?!

Avec tout ça, du pain blanc, bien sûr, et du pain mollet (avec du lait et du beurre). Et enfin, les desserts : crèmes parfumées, sorbets, fruits confits ou frais, confitures. Pour terminer le repas, on aime les liqueurs comme le ratafia, le rossoli italien, la fenouillette, le populo...

Le rossoli (en tout cas celui préparé pour Louis) se compose d'anis, de fenouil, d'aneth, de coriandre, d'eau de vie, de sucre et d'eau de camomille, le tout bien macéré.

Mais attention ! On ne mange même pas tous les plats ! Louis choisit les plats qui lui plaisent, et le reste passe à la trappe ! Quel gâchis, oui, je sais... Le roi n'aime pas le café (tout nouveau, tout beau, à l'époque), il préfère le vin de Champagne.

Avec une particularité ! Les verres ne se trouvent pas sur la table, à portée de main. Non ! Ils se trouvent sur une desserte, et on se fait apporter son verre : la coutume veut qu'on le vide cul sec, même les « grands crus » ! Pas question de l'apprécier à petites gorgées, ça ne se fait pas ! Et on se demande après d'où vient la santé chancelante de nos souverains...

Et alors, Louis a un sacré appétit d'ogre ! Je le dis : « Il ne prend rien entre les repas, rien, pas même un fruit, mais il s'amusait à voir manger, à manger à en crever. » On l'a vu engloutir en un seul repas « 4 assiettes de soupes, un faisan entier, une perdrix, deux tranches de jambon, du mouton au jus, des pâtisseries et des fruits. »

Le repas de Louis quand il se sent patraque ? Des « croûtes » ! En fait, du bouillon, du pain plus 3 poulets rôtis ! Miam, de bonnes croûtes, quand même...

Et dire que le roi n'a plus de dents pour mâcher tout ça... Enfin bon, je vous rassure, cette cuisine fine ne plaît pas à tout le monde !

La belle-sœur du roi, la Palatine, d'origine allemande, ne se remettra jamais de ne plus manger de choucroute, de saucisses et de bière : « Je suis ici depuis 43 ans, et je n'ai pu encore m'habituer à la détestable cuisine de ce pays », soupire-t-elle ! Le café et le chocolat font leur apparition à cette époque, non ?

Tout à fait. Dès 1643, un homme a essayé de vendre du cahouet, du café en grain. Mais l'affaire ne marche pas. Il faut attendre 1669 pour que Mahomet IV envoie à Louis XIV son ambassadeur, Soliman Aga Mustapha Raca, qui prépare du café au roi et aux gentilshommes !

D'abord curieux, les gens ne raffolent pas vraiment du noir breuvage. Et puis, ils y ajoutent du sucre, et c'est déjà mieux ! Deux ans après la venue de Soliman, Paris compte plusieurs boutiques de café : mais à l'époque, c'est un médicament... et les établissements sont petits, sales et enfumés.

Le vrai café (l’établissement, pas la boisson) tel qu'on le connaît aujourd'hui, on le doit à Francesco Procopio del Cottelli, un Sicilien qui s'installe à Paris en 1702 en face du Théâtre-Français. Il décore luxueusement son établissement avec des lustres, des tapisseries, du marbre, des dorures. Il y sert surtout un très bon café, du chocolat, du thé, des pâtisseries et des sucreries. François Procope du Couteau, qui a francisé son prénom, a créé le premier « café » !

Mais vous savez quoi ? En 1714, le maire d'Amsterdam envoie au roi des plants de café Moka provenant du jardin botanique de la ville (le Hortus Botannicus), que Louis s'empresse de faire planter au jardin des Plantes à Paris.

C'est ce même plant qui donna naissance à tous les caféiers produits dans les colonies françaises !

Bon, il faut le dire, Louis n'aime pas beaucoup le thé ni le café. Mais il n'est pas le seul ! Mme de Sévigné écrit : « Le café est tout à fait disgracié. On croit qu'il échauffe et qu'il met le sang en mouvement ; moi-même, je n'en prends plus. »

Les gens du peuple, eux, en raffole ! Avec du miel, du sucre, de l'ambre, il est parfait pour commencer la journée, et ne coûte pas cher.Le chocolat, lui, apparaît à la Cour de Louis avec l'arrivée de Marie-Thérèse d'Autriche, en 1660. La reine en raffole, et en plus, dit-on, c'est excellent pour la santé ! « Vous ne vous portez pas bien, dit Mme de Sévigné à sa fille, le chocolat vous guérira. »

Et la dame, qui suit toujours la mode, comme tous les autres, en dira bien du mal quelques années plus tard ! Le chocolat cause plein de maux, d'étourdissements, de palpitations... ce qui n'empêche pas les premiers chocolatiers d'ouvrir leurs magasins à Paris : le sieur Chaliou rue de l'Arbre-Sec et le sieur Ber, rue Dauphine ! Les livres de cuisine connaissent un beau succès !

Mais oui ! Celui publié par François-Pierre de La Varenne en 1651 connaît un énorme succès : Le Cusinier François, enseignant la manière de bien apprester et assaisonner toutes sortes de viandes grasses et maigres, légumes, pâtisseries, etc.

Ce cuisinier révolutionne la cuisine : il parle pour la première fois de bouquet garni, de réductions, de liaisons, de roux. Il invente même la duxelles, ce hachis de champignons qui doit son nom au marquis d'Uxelles, dont La Varenne sert de cuisinier !

Le livre fait un tabac, c'est même le premier livre de cuisine à avoir été traduit en anglais... La Varenne invente aussi de nouvelles recettes de potages, dont le fameux potage à la Reine ! Il nous parle aussi de « potage de poulets garnis d'asperges », de « potage de sarcelles à l'hypocras », de « potage de pigeons aux pois verts »...

Il parle de recette d'huîtres rôties (comme quoi, on invente rien) : « Laissez les dans leur écaille, pour les manger fraîches, dit-il. A celles qui sont un peu altérées, mettez fort peu de beurre frais, avec peu de pain et un peu de muscade, puis mettez-les sur le gril. »

Bon, en revanche, ses recettes doivent pour la plupart cuire une dizaine d’heures et je ne vous parle pas de l'utilisation de toutes sortes d’herbes et de fleurs comme la rose, qui viennent relever les viandes ! Bizarre, vous avez dit ? La Varenne met enfin en avant les légumes, chose peu commune à l'époque.

Un autre homme publie son livre de cuisine : Nicolas de Bonenfons, avec son Délices de la Campagne : lui met en avant les légumes et le pain, et tout ce que consomment les gens moins fortunés !

Il donne même des conseils sur la préparation de la pomme de terre, légume que Louis XIV ne veut surtout pas voir dans ses potagers : un légume du pauvre, vous comprenez... Et comment ne pas parler de Louis de Béchameil, marquis de Nointel, maître d'hôtel de Louis XIV, qui laisse son nom à la célèbre sauce ?

On n'oubliera pas non plus l’apparition de nouvelles gourmandises : marrons glacés, pralines (merci à Clément Jaluzot, le cuisinier du comte de Praslin), macarons... Et oui ! On utilise de plus en plus le sucre, ce qui permet de créer de nouvelles recettes !

Les livres de savoir-vivre se multiplient aussi, comme celui de Pierre David, Le Nouveau traité de la civilité qui se pratique en France parmi les honnêtes gens. Ah ça, les gens sous Louis XIV ne se tiennent pas franchement bien à table, mangeant avec des mains d'une propreté plus que douteuse... mais on est très strict sur les horaires : dîner à midi, souper à 7 heures ! Il en faut du monde, dites donc !

Oh que oui... On appelle ça le « service de Bouche » de Versailles : à la base, les cuisines se trouvent dans le château, mais c'est peu pratique et on manque de place. Mansart fait donc construire le Grand Commun juste pour elles : c'est de là qu'on redistribue les vivres qu'on n'a pas consommés, revendus notamment aux nombreuses auberges qui ont fleuri dans la ville.

On nourrit près de 3 000 personnes, chaque jour à Versailles. On a besoin de bras ! Des bras qui coûtent la somme folle de 35 millions de livres... Mais on fait comment, justement, pour approvisionner cette cour de Versailles ?

Le roi ne mange que des produits ultra frais ! On aménage donc à Versailles des serres, des potagers, des vergers. Tout ça grâce à l'agronome Jean de La Quintinie, qui révolutionne le domaine et devient vite « intendant général des jardins potagers et des vergers du roi ». Il faut 7 ans à La Quintinie et ses hommes pour obtenir des résultats.

Poussent alors choux-fleurs, artichauts d'Italie, haricots d'Amérique, aubergines d'Indes, petits pois que cultivait déjà Louis XIII et qui sont à la mode (« c'est une fureur », dit Mme de Sévigné), 16 variétés de salades, des herbes aromatiques dont on raffole... et les fraises d'Inde toute nouvelle que Louis adore par-dessus tout ! Et oui, c'est un certain Freziers qui introduit en France la fraise du Chili, cette grosse fraise qui donna naissance à nos fraises de Plougastel !

On trouve aussi d'autres fruits : beaucoup de poires, dont la royale, la beurré grise, la cuisse-madame, la « Bon Chrétien », qui reste la préférée de la Cour. Les pêches, avec le téton de Vénus, la belle de Vitry. Des cerises, des abricots, des figues et bien sur des orangers et des citronniers... dans l'orangerie ! A l'époque, on compte 2 000 orangers et 1 000 grenadiers et lauriers-roses alignés là.

Mission accomplie : La Quintinie a créé un potager unique en son genre, connu dans toute l'Europe ! Dès 1683, on cultive fraises, figues, salades à n'importe quel moment de l'année ! Du luxe...

Louis adore faire visiter son potager et apprend de son agronome comment tailler et faire pousser les plantes. En tout cas, le roi, tellement fier de son château et surtout de ses jardins, écrit lui-même un guide en 1690, « Manière de montrer les jardins de Versailles » ! Son potager devait à coup sûr faire partie de la visite...


La mode et l'hygiène sous le roi Soleil

C'est Louis qui fait la mode parmi sa cour : avec des édits somptuaires tout le long de son règne, qui interdit aux nobles le port de tissus dorés mais recommande le taffetas pour l'été, le velours, le satin pour l'hiver.

Si déjà au temps de Louis XIII, on porte des perruques, c'est bien Louis XIV qui met à la mode des perruques extraordinairement hautes ! Elles sont blondes, brunes puis finalement blanches et poudrées.

C'est en 1673 que Louis adopte la perruque. Un peu contraint et forcé, oui ! Ah, c'est qu'il n'aime pas ça, au début : il préfère porter les cheveux longs, au naturel. Mais une blessure du cuir chevelu l'oblige à se raser la tête et à adopter la perruque...

A l'époque, on en connaît plusieurs variétés : la cavalière pour la campagne, la financière pour la ville, la carrée, l’espagnole...Contre le mauvais temps, on laisse la perruque poudrée de côté et hop, on sort sa perruque en crin !

Et puis, les perruques disparaissent progressivement pour laisser la place aux cheveux naturels, poudrés eux aussi ou pommadés, attachés sur la nuque par un ruban noir. Les hommes se mettent à porter des « rhingraves », sorte de culotte venue d'Allemagne, avant qu'en 1670 le justaucorps ne fasse son apparition.

Et vous savez quoi ? Ces messieurs aussi portent des mouches ! Dont la « voleuse », parfaite si on veut camoufler un petit bouton !Pour les femmes, ça se complique ! Côté vêtements, d'abord : Mme de Maintenon lance la mode des falbalas, ces morceaux de tissus qu'on ajoute aux robes et aux manches des vêtements féminins.

Une mode qui amuse, et qui vaut une chanson satyrique sur ces dames devenues si grosses à cause de l'ajout de tous ces bouts de tissus : elles deviennent les « dindes à falbalas » !

On a aussi l'Andrienne qui fait son apparition au tout début du 18e siècle ; c'est une robe longue et ouverte. Ouverte, oui, mais un peu trop pour ces dames de la Cour ! Et puis, les vertugadins, très à la mode au 16e siècle, refont leur apparition au 17e siècle. On porte des bijoux de corsage, appelés « boute-en-train » ou « tâtez-y » !

Côté cheveux : la coiffure à la Fontanges, vous connaissez ? On dit qu'un jour de grand vent, la maîtresse de Louis, la duchesse de Fontanges, se retrouve toute décoiffée. Elle noue alors un ruban autour de ses cheveux mais les bouts du ruban retombent sur son front.

Le roi trouve ça joli et lance la mode ! Je dis là-dessus : « Les fontanges étaient un bâtiment de rubans, de cheveux de deux pieds de haut, qui mettaient le visage des femmes au milieu du corps. Pour peu qu'elles remuassent, le bâtiment tremblait et menaçait ruine. »

Mais le roi se met vite à détester cette mode et interdit à ses courtisanes de porter ces coiffures ridicules ! Les dames obéissent aussitôt ! Je rajoute : « Les pyramides tombèrent avec une rapidité surprenante, et le même jour, de l'extrémité du haut, les femmes se jetèrent dans l'extrémité du bas. »

Vous l'aurez compris, ces dames portent alors ensuite des coiffures beaucoup moins hautes ! Pour le visage : les mouches ! A l'origine, rien à voir avec la mode ! Ce sont de petits emplâtres de mastic recouvert de velours ou de taffetas qu'on applique sur la joue en cas de mal de dent.

Et les femmes se disent un jour : « Tiens ! Mais c'est joli, ça rehausse les teints pâles ! » Et voilà comment les mouches sont nées... On s'en sert pour faire ressortir la pâleur de la peau, donc. Une femme en a au moins 8 dans une boîte, pour en ajouter si besoin.

Et toutes ont un sens caché, oùla ! Au coin de l’œil, la passionnée ; au milieu de la joue, la galante ; sur le nez, l’effrontée ; près des lèvres, la coquette ; sur un bouton, la receleuse... Et pour celles qui veulent garder un teint très pâle... l'ombrelle !

Un petit plus, maintenant... Connaissez-vous les chiens de manchons ? La mode de ces petits chiens se développe sous le règne de Louis. Ils se vendent dans la rue du Bac, chez une certaine Mme Guérin qui « faisait le commerce de ces petits chiens pour dames. »

Et savez-vous pourquoi ces chiens miniatures sont tellement à la mode chez ces dames ? Parce qu'elles peuvent ainsi se soulager de leurs flatulences à table, et si les voisins râlent, elles n'ont qu'à prendre un air surpris et dire : » Quoi ? Mais non, c'est le chien ! » Ca passe... Ca passe toujours ! Un mot sur l'hygiène, peut-être ?

Je ne vous reparlerai pas de la « toilette sèche » déjà utilisé sous le règne de son papa, mais à l'époque de Louis, les choses ont peu bougé...

L'hygiène est déplorable, alors on se parfume, on se parfume ! Un manuel de savoir-vivre de 1673 conseille aux gens de la Cour « de se tenir la tête nette, les yeux et les dents, les mains aussi, et même les pieds, particulièrement l'été pour ne pas faire mal au cœur aux gens avec qui vous conversons ».

Mais bref, je vais plutôt vous parler du savon de Marseille ! Pourquoi ? Et bien parce que c'est bien Louis et son fidèle Colbert qui réglementent la fabrication du savon de Marseille, grâce à un édit !... et qui nous donne le célèbre savon tel que vous le connaissez aujourd'hui !

Parce que jusqu'au 13e siècle, on fabrique ce savon à base de graisses animales, qu'on remplace progressivement par de l'huile d'olive et de la lessive de soude.

Le savon fait un tabac et s'exporte à l'étranger. Jusqu'à ce que, par mesure économique, on ne réintroduise de la graisse au mélange...

L'édit royal de 1688 vient sauver l'affaire ! Il interdit toute utilisation de graisses et oblige à l'utilisation d'huile d'olive la plus pure possible. Et voilà notre savon qui s'exporte de nouveau vers l'étranger !

Et puis, sous le règne de Louis, une mode revient : celle des cures thermales ! On y va surtout en Auvergne : Mme de Sévigné va à Vichy, Mme de Maintenon à Bourbon-l'Archambault. Bon, les voyages en carrosse pour y aller, sont très inconfortables et interminables, d'accord ! Mais on va « aux eaux », c'est devenu vital ! Par exemple, Mme de Montespan y va avec une cinquantaine de personnes !

Un vrai déménagement... Et ça ne peut pas être mauvais pour la santé. En tout cas, cet engouement fait dire au médecin Guy Patin : « Les eaux minérales font plus de cocus qu'elles ne guérissent de malades ! » A bon entendeur !...

Louis et ses maîtresses

Tout comme Louis XV après lui, le roi Soleil est un sacré amateur de femmes. Imaginez la tête de la reine Marie-Thérèse !

Il collectionne les maîtresses, à savoir : la baronne de Beauvais Catherine Bellier, la comtesse de Soissons Olympe Mancini, la princesse de Soubise Anne de Rohan-Chabot, Henriette d'Angleterre, la princesse de Monaco Catherine-Charlotte de Gramont, Mme de Ludres, la duchesse de Fontanges Marie-Angélique de Scoraille de Roussille (« belle comme un ange, mais sotte comme un panier » !).

Et bien sûr, la duchesse de La Vallière, Mme de Montespan et Mme de Maintenon ! Celles qu'on connaît le plus, pas vrai ? Commençons par la duchesse de La Vallière.

De son vrai nom Louise-Françoise de La Baume Le Blanc, on la dit timide, humble, aimante, douce et pieuse. Elle naît en 1644 en Touraine.

Cette jeune fille est pauvre, « son peu de fortune lui interdit les toilettes qui attirent l'attention », dit-on à la Cour. Mais elle est jolie, avec « l'éclat de la blancheur et l'incarnat de son teint, par le bleu de ses yeux qui avaient beaucoup de douceur et par la beauté de ses cheveux argentés qui augmentait celle de son visage », dit Mme de Motteville.

Elle a les cheveux blonds, le regard bleu et tendre, c'est une « beauté parfaite ».

Voilà ce qu'on dit d'elle en France, parce qu'à l'étranger... ouille ouille ! C'est autre chose : on apprend dans le livre d'Emile Gaboriau, Les Cotillons Célèbres, que certains ne sont pas tendres avec elle : « Cette fille est d'une taille médiocre, elle marche d'un méchant air à cause qu'elle boite. Elle est blonde, blanche, marquée par la petite vérole, la bouche grande, les dents pas belles. »

Mais bon, comme on l'a dit, elle est dévouée et serviable ! « Son esprit est brillant », dit De Bussy.

Un autre ajoute « Elle pense et dit les choses plaisamment et ses réparties sont toujours très vives, sans jamais être blessantes. 

Mme de La Fayette en dit : « C'est une petite sotte qui n'a pas su profiter de sa position à la cour. » Elle grandit à Blois, arrive à Versailles alors âgée de 17 ans, et devient vite la maîtresse de Louis, qui en tombe fou amoureux.

Tout se passe bien, Louis lui donne 4 enfants, dont deux seront légitimés : Marie-Anne de Bourbon, dite Mlle de Blois et Louis de Bourbon, comte de Vermandois. Jusqu'au moment où arrive Mme de Montespan, dont le roi tombe (aussi) fou amoureux : la dame devient sa nouvelle favorite en 1667.

Et Louis commence à oublier la pauvre Louise, qu'il vient de faire duchesse... Louise qui l'a finalement toujours aimé d'un amour sincère !Et voilà une nouvelle maîtresse, Mme de Ludres, qui entre en scène.

Louise subit toutes les humiliations de la part de La Montespan, qui écrit même des choses abominables sur elle : « Soyez boiteuse, ayez quinze ans, Point de gorge, fort peu de sens... » Louise finit par en tomber malade et se retire au couvent. Elle y meurt en 1710, à 66 ans, après 36 ans de vie religieuse...

« La duchesse, dit Louis, est morte pour moi le jour où elle a quitté ma cour. » Au fait, saviez-vous que c'est la duchesse qui popularise la lavallière, cette grosse cravate à nœud flottant qu'elle porte souvent ? Et Mme de Montespan ?

De son vrai nom Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart.Louis lui donne 7 enfants ! 6 seront légitimés et 4 atteignent l'âge adulte. Et qui s'est occupé d'eux étant petits, en nounou attentionnée ? La future Mme de Maintenon, pardi...

Les annonces des grossesses de la Montespan font jaser à chaque fois : elle essaie de cacher son gros ventre « sous des robes volantes » mais on n'est pas dupe... « Mme de Montespan a pris la robe volante, donc elle est grosse », dit-on ! Bref !

D'où vient-elle, Françoise ? Elle appartient à une ancienne et grande famille et naît en 1641. Elle devient maîtresse du roi en 1666, alors que la timide Mme de La Vallière en a encore le titre ! Fichtre, comme on dit, voilà un ménage à 3 qui se fait : la reine, La Vallière et la Montespan.

La première meurt en 1683, la deuxième se retire au couvent. La voie est libre ! Françoise peut régner auprès de son royal amant : et elle n'est pas commode ! Belle, mais pas commode. On la dit pleine d'esprit, caustique, mordante, sarcastique. Un peu bruyante, même !

En tout cas, un caractère qui plaît bien au roi !« N'oubliez pas que je descends des ducs d'Aquitaine, dit-elle au roi, et que par conséquent ma famille est plus ancienne que celle des Bourbons ! »

Elle aime le luxe : c'est une Précieuse, qui se fait appeler Athénaïs ! Elle ruine Louis en bijoux, en vêtements. Elle a des lubies bizarres ! Elle transforme ses appartements en ménagerie, où chiens, chats et rongeurs se baladent.

Son petit plaisir ? Atteler des souris apprivoisées à un carrosse miniature et les faire courir partout dans sa chambre ! Elle aime les arts : elle protège donc Molière, La Fontaine !

« Cette catin me fera mourir », soupire la pauvre Marie-Thérèse... Mais après plusieurs années, le règne de la Montespan s’essouffle : de nouvelles favorites font leur apparition et le roi l'éloigne de la Cour...

Mme de Maintenon s'imposera peu à peu, mais en attendant, c'est la jeune et jolie Mlle de Fontanges qui entre en piste : c'est même Françoise qui la présente au roi ! Qui en tombe fou amoureux...

Mais quand la jeune Fontanges tombe malade et meurt peu de temps après, on accuse Françoise empoissonnement : c'est la fameuse affaire des Poisons ! Le roi ne lui fait plus confiance... Elle finit ses jours dans un couvent parisien en 1707. Louis dira : « Depuis que je l'avais renvoyée, j'avais espéré ne jamais la revoir. » Et pour finir : Mme de Maintenon, Françoise d'Aubigné, veuve Scarron !

Finis les futilités, les froufrous ! Avec Françoise, place à l'austérité et la piété : on dit qu’elle ne s'habille qu'avec des vêtements sombres et simples (elle popularise les robes couleur « feuille morte »). Hé, c'est que la dame est protestante !

Et oui, petite-fille du grand poète Agrippa d'Aubigné ! A seize ans, on la marie avec le poète Scarron, qui a 58 ans... mais qui lui donnera pendant presque 8 ans une solide culture générale ! Il la laisse sans le moindre sou en mourant.

Heureusement, Françoise trouve une place de gouvernante auprès des enfants de Louis et de Mme de Montespan. Et voilà une fois encore notre roi frappé par un coup de foudre ! Ce n'est pas la beauté qui le séduit chez elle, mais son esprit fin et sa grande culture. On la dit sèche, froide, ambitieuse : Louis l'appelle affectueusement « Votre Solidité »...

En octobre 1683, nos deux tourtereaux se marient dans le plus grand secret, après la mort de la reine... Oui, dans le plus grand secret, c'est vite dit : tout le monde est au courant et Françoise reçoit son surnom de « Mme Quatorze » !

Mme de Maintenon (du nom du château que Louis lui a donné) devient sous la plume de Mme de Sévigné : madame de Maintenant ! Louis meurt en 1715, elle lui survivra 4 ans pour s'éteindre à Saint-Cyr à l'âge de 84 ans... sans que jamais l'amour ne se soit éteint, entre ces deux-là !

Et physiquement ? Mlle de Scudéry la décrit : « … grande et de belle taille, mais de cette grandeur qui n'épouvante pas et qui sert seulement à la bonne mine.

Elle avait le teint fort uni et fort beau, les cheveux d'un châtain clair, le nez bien fait, la bouche bien taillée, l'air noble, doux, enjouée, modeste et pour rendre sa beauté plus parfaite et plus éclatante, elle avait les plus beaux yeux du monde, noirs, brillants, passionnés et plein d'esprit. »

Et comme toutes les favorites, elle a le droit à ses pamphlets injurieux ! « Créole abominable, Infâme Maintenon, Quand la Parque implacable T'enverra chez Pluton, Oh ! Jour digne d'envie, heureux moment, S'il en coûte la vie A ton amant. »

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !